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samedi 8 juin 2019

Aujourd’hui, je balance tout (et ça va faire mal)


Ou les dessous de la politique et du handicap
Ou les dessous de la politique et de l’autisme

J’avais alerté, dans cet article, sur les risques de voir l’AAH (allocation adulte handicapé) engloutie dans le RUA (revenu universel d’activité), et la conséquence que son versement dépende du travail ou de l’activité…

Dans mon édito pour l’AFrESHEB : « RUA…de dans les brancards », j’ai souligné le danger que couraient les Français de Belgique dont l’AAH couvre l’essentiel des frais de séjour. Il s’agit bien souvent de personnes trop atteintes pour exercer un emploi ou une activité bénévole, comme l’exigerait le RUA. Et puis, à l’étranger, pourra-t-on en bénéficier ?

J’ai saisi le député des Français du Benelux, Pieyre-Alexandre Anglade via son attachée parlementaire, pour une question au gouvernement à ce propos. Pas de réponse. Dire que son prédécesseur Philip Cordery était toujours au taquet pour défendre la cause du handicap. J’ai donc saisi l’opposition (François Ruffin, qui se montre particulièrement combatif en matière de handicap et que j’avais déjà contacté au sujet des problèmes administratifs rencontrés par les Français en situation de handicap en Belgique, et qui ne m’avait alors pas répondu. Cette fois, je lui ai demandé de confirmer avoir bien reçu mon mail. Son attaché parlementaire m’a bien répondu, il m’a écrit que le handicap était un grand sujet de préoccupation chez M. Ruffin. Et c’est tout).


Vous me demanderez : mais pourquoi ne saisit-elle pas le groupe Autisme de l’Assemblée nationale ? (les Français autistes étant nombreux en Belgique). Ben parce que quand une association amie a voulu les alerter sur un problème français concernant des enfants autistes, ils ne leur ont pas répondu. Même, Mme Marie-Ange Magne s’est désabonnée du mailing, c’est dire…
En réalité, ce groupe ne travaille pas, mais ne vous inquiétez pas : ils sont quand même bien payés avec VOS impôts… Vous voulez la liste ? La voici.

Je vais de ce pas saisir le président de la commission d’enquête sur l’inclusion scolaire, Sébastien Jumel : il me semble assez combatif, comme le démontrent ses résultats obtenus après son coup de gueule pour avoir les chiffres qu’on lui refusait.

Je vous tiendrai au courant de la suite. J’espère que je ne serai pas dépitée par ce député… (vous me connaissez, je n’ai jamais pu résister à un calembour, surtout s’il est mauvais).

Edit : il est comme les autres, ce Jumel : il s'en fout.




lundi 5 juin 2017

Législatives 2017 : résultats du 1er tour pour les Français du Benelux


Résultats provisoires du 1er tour des élections dans l’attente de la publication officielle par la commission électorale (Publication du consulat)

Taux de participation : 23.3% 
  • Pieyre-Alexandre Anglade (REM) : 49.3%
  • Sophie Rauszer (FI) : 13.0%
  • Perrine Ledan (EELV) : 10.7%
  • Valérie Bros (LR) : 8.8 %
  • Philip Cordery (PS, député sortant) : 6.0%
  • Soraya Lemaire (FN) : 3.4%
  • Caroline Laporte (UDI) : 3.0%
  • Muriel Réus (Indépendante) : 1.3%
  • Denis Dhyver (PCD) : 1.3%
  • Olivier Rasson (UPR) : 0.6%
  • Claire Des Mesnards (DEC) : 0.5%
  • Yves Gernigon (PFE-FÉ) : 0.5%
  • Julie Saumier (PP) : 0.5%
  • Yann Pereira : (MV) 0.3%
  • Philippe Lanney (FPR) : 0.3%
  • Bertrand De Cordier (MDP) : 0.2%
  • Frédérique Plaisant (PRG-GE) : 0.1%
  • Sylvain Bleubar (SE) : 0.0%

Analyse : on peut s’étonner du très peu de mobilisation, cette élection impactant pourtant directement le sort des Français résidant au Benelux.
De grands chamboulements, qui toutefois sont à examiner à la lumière de cette (dé)mobilisation qui n’atteint pas le quart des inscrits...

  • Tout d’abord, le député sortant, Philip Cordery, unanimement reconnu comme compétent, efficace et dévoué à ses administrés, paie le prix fort d’un quinquennat présidentiel calamiteux, en n’arrivant qu’à la 5e place avec seulement 6 % !
  • L’extraordinaire percée du candidat d’En Marche, qui a failli l’emporter dès le 1er tour. Lors de sa campagne, il a expliqué qu’il travaillerait avec la société civile sur les thématiques qu’il ne maîtrisait pour l’instant pas. Ce qui était bienvenu, son programme se limitant aux propositions d’En Marche pour la France.  
  • 2e : La France Insoumise, 3e : les écologistes, ce qui est surprenant pour une population traditionnellement à droite mais s’explique peut-être par la surabondance de candidatures droite-centre droit.
  • La candidate LR n’arrive qu’en 4e position, mais elle avait contre elle d’être parachutée de Paris, même si sa suppléante, bien implantée en Belgique, était déjà candidate lors des élections de 2012. La candidate actuelle est aussi de sensibilité « sens commun », dont l’action contre le mariage pour tous a été fort mal vue des Français de l’Étranger, qui sont bien plus ouverts que les Français de France.
  • La candidate du FN, parti qui réalise habituellement dans cette circonscription un score bien moindre qu'au national, sans doute pour la raison évoquée plus haut, devance de peu Caroline Laporte, UDI, Conseillère consulaire, élue communale en Belgique, implantée sur le terrain et proche des gens. Cette dernière n’accède même pas au seuil des 5% qui lui permettraient de voir ses frais de campagne pris en compte, ce qui est plus que rude. La pléthore de candidats (la place est bonne !) y est certainement pour beaucoup, comme pour le député sortant.
  • Les autres candidats se partagent les voix restantes.

Mon avis : Nous avions un député qui faisait bien son travail, mais on s’achemine pour un 2e tour à voter pour un représentant de la (future) majorité présidentielle. Ce candidat est à l’écoute des associations du handicap. Ce sera lui qui sera en charge du dossier des Français en situation de handicap en Belgique, ainsi que d’importer les bons exemples en France.

Son prédécesseur, qui s’inscrivait alors dans l’ancienne majorité, avait défendu des dossiers généraux et individuels avec constance, s’était inscrit au groupe autisme à l’Assemblée Nationale.

Grâce à son action politique (seule ou avec d’autres responsables et associations), quelques actions remarquables en ce qui concerne le handicap ont pu voir le jour : 

  • Demande du respect des recommandations HAS/ANESM en matière d’autisme, pour le 3e plan ;
  • Création des 112 unités d’enseignement maternelles autisme ;
  • Création de 100 unités d’enseignement externes tout handicap (par rapprochement du médico-social et de l’Éducation nationale) ;
  • Dans l’esquisse du 4e plan, sont déjà prévues 100 unités d’enseignement autisme en primaire et 100 en secondaire ;
  • Dispositif du « plus de maîtres que de classes » de la Loi Peillon ;
  • Arrêt du financement du packing dans le médico-social ;
  • Saisie de la cour des comptes pour le coût de l’autisme et donc la réorientation du flux financier vers les approches adaptées et l’inclusion, demande de statuer sur la pratique du packing en milieu hospitalier ;
  • Interventions contre l’arrêt de la prise en charge des frais de transport et/ou d’hébergement pour les familles n’ayant pas d’autre choix que la Belgique,
Nous espérons donc que l'élu-e continuera ces actions et portera encore plus loin les projets que le précédent député aurait voulu faire aboutir en ce qui concerne l’inclusion des personnes en situation de handicap. Qu’il ou elle soit de la majorité présidentielle ou dans l’opposition, cet élu-e devra convaincre le ou la ministre du gouvernement reformé après les législatives de respecter la promesse du président alors candidat Macron (lors de la carte blanche du débat d’entre-deux tours) d’étaler sur le quinquennat les réponses à apporter pour endiguer l’exil en Belgique et non pas de l’arrêter immédiatement alors que nous n’avons pas encore les solutions en France.

Pour l’instant, les associations sur le terrain s’épuisent à porter à bout de bras des milliers de familles désespérées qui, en bout de course, n’ont plus que la Belgique comme solution : la fuite. La fuite face au manque de solutions, aux solutions inadaptées et maltraitantes, à l’exclusion, au harcèlement par les services sociaux, à la guerre contre les familles que livrent certains professionnels obnubilés par la psychanalyse, jugeant les familles responsables du handicap de leur enfant/adulte et les écartant car les considérant comme toxiques pour leurs proches.

Tout en rejetant ces proches bien vite dès qu’ils ne savent plus gérer les troubles du comportement qu’ils ont eux-mêmes induits, ou les plaçant à l’isolement et/ou contention pendant des mois, voire des années.

La loi Bayrou propose de supprimer la réserve parlementaire. Si cela se justifie pour certains élus qui en ont abusé par clientélisme, nombre de petites associations de Français de l’Étranger s’occupant de la grande paupérisation ou de l’isolement linguistique de cette population (et non, ils ne sont pas tous des exilés fiscaux, loin de là) en ont besoin pour aider des familles dans le dénuement.

La demande des associations de Français de Belgique est donc d’exiger plus de transparence sur ces accords de réserve parlementaire. Nous espérons donc que le ou la député-e élue du Benelux proposera un amendement en ce sens.

En ce qui concerne mon vote personnel : bien qu’étant neutre politiquement, j’ai accepté de tourner une vidéo où je faisais le bilan de l’action du député sortant, qui était vraiment positive.

Pour ce 2e tour, nous avons le choix donc entre le candidat investi par En Marche et la France Insoumise. J’ai, par le passé, écrit plusieurs articles sur ce que je pensais de la gauche de la gauche, son allégeance à la psychanalyse, son action contre les recommandations de bonnes pratiques en matière d’autisme, ses revendications pro-packing. Ils ont beau avoir ôté ces dispositions dans leur programme devant la bronca qu’elles avaient suscitée dans le chef des parents, notamment via les réseaux sociaux, j’en reste au proverbe « le renard perd le poil, mais pas le vice ».                                           
En tant que déjà "vieille routière" de l’associatif et des groupes de travail gouvernementaux, je sais que l’obstacle n°1 à l’inclusion de nos enfants et adultes à besoins spécifiques vient des corporatismes.

Je voterai donc pour le candidat d’En Marche au 2e tour et appelle les personnes concernées par le handicap à faire barrage à la gauche de la gauche. 










lundi 22 mai 2017

Élections législatives françaises : les programmes – Philip Cordery (actualisation)


Comme annoncé dans mon précédent billet, j’ai posé les questions suivantes au sujet du handicap avec le candidat sortant :

-      Si certains élèves français transfrontaliers devaient être amenés vers leurs écoles d’enseignement spécialisé en transport mutualisé, est-ce que les représentants des usagers seraient invités aux groupes de travail à ce sujet ?

-      Afin de répondre aux besoins des Français en France, à propos de l’inclusion scolaire, la formation initiale et continue ne devrait-elle pas aller plus loin et concerner la suite, c’est-à-dire les interventions ?



La réponse aux deux questions est affirmative. De plus, à propos du handicap, le député rajoute :

-      Qu’une MDPH soit créée pour les lycées français de l’Étranger, et non plus qu’ils soient rattachés à la MDPH de Paris qui est submergée ;

-      Qu’une reconnaissance du handicap soit harmonisée et automatique dans l’union européenne (afin de ne pas avoir à refaire un dossier lorsqu’on s’installe dans un autre pays de l’UE).

Le programme de Philip Cordery sera modifié en tenant compte de ses nouveaux éléments.




vendredi 19 mai 2017

Élections législatives françaises : les programmes – Philip Cordery

Pour les Français du Benelux :
Programme de Philip Cordery (PS, député sortant) en ce qui concerne le handicap [avec des inserts de ma part en italique] :


16. Handicap

- Continuer à assurer le suivi de l’accord-cadre franco-wallon concernant l’accueil des personnes handicapées françaises en Belgique : priorité doit être donnée au conventionnement des centres avec les départements [NDLR : c’est-à-dire que, si les conventionnements des établissements financés par la sécurité sociale sont une convention générale et unique, les conventionnements des établissements financés par les départements sont hétérogènes et nous ne connaissons donc pas les conditions requises par les départements à ce conventionnement. La mise en place d’une convention unique est indispensable afin de garantir à tous une égalité de traitement.] et au développement d’une charte qualité permettant d’assurer une meilleure information aux parents.

- Signature d’un accord entre la France et la Fédération Wallonie-Bruxelles concernant la scolarisation dans l’enseignement spécialisé. [NDLR : demande récurrente des associations, ces enfants se retrouvant hors cadre juridique.]

 - Assurer la prise en charge des transports de tous les élèves scolarisés en Belgique, si possible de manière mutualisée.

- Rendre les départs non choisis en Belgique inutiles en continuant de réorienter la politique du handicap en France : mise en place d’une vraie « réponse accompagnée pour tous » permettant de trouver un dispositif adapté à chaque personne que ce soit un placement en établissement, le maintien à domicile ou le travail adapté ; réorientation des pratiques concernant la prise en charge de l’autisme vers les méthodes comportementales et l’abandon de de la prise en charge psychanalytique et médicamenteuse - interdiction du packing - ; mise en place d’une politique l’inclusion scolaire en lien avec le MEN en développant la présence d’intervenants paramédicaux dans les écoles et en développant la formation initiale et continue des enseignants pour favoriser la détection.

Au point culture :
23. Accès en rediffusion depuis l’étranger à tous les programmes des chaines françaises publiques de télévision

[NDLR : important pour accéder aux émissions consacrées au handicap]

Vous pouvez télécharger ici le bilan, les propositions, et le document de campagne de Philip Cordery.

 Aux autres candidats : n’hésitez pas à envoyer vos propositions à isabelle.resplendino@skynet.be pour que je les relaye afin d’informer nos compatriotes concernés.


Analyse :
Le candidat sortant a un excellent bilan personnel. Toujours proche du terrain et très attentif au sort de ses compatriotes en situation de handicap, il a relayé sans cesse les demandes des associations, et aidé à résoudre des dossiers non seulement généraux mais aussi individuels, dont beaucoup étaient dramatiques.
 
En plus de ses rapports et nombreuses contributions, déplacements, entretiens sur la question, certaines propositions des associations (car les départs en Belgique ne peuvent être stoppés que par l’apport de solutions en France) ont bien trouvé écho dans le gouvernement précédent :

-      Création des classes à pédagogie adaptée à l’autisme (UEMA) – dans la perspective de raccrocher à l’ordinaire des enfants atteints de troubles sévères (but atteint en grande partie, voir le récent rapport IGAS sur le 3e plan autisme)

-      Dispositif « plus de maîtres que de classes » dans la Loi Peillon (malheureusement limité aux élèves de zones d’éducation prioritaire, plutôt que d’être étendu à tous les besoins spécifiques)

-      Arrêt du financement du packing dans le médico-social (reste encore le sanitaire !)

-      Cadre du 3e plan autisme dans le respect des recommandations des bonnes pratiques (avec hélas les obstacles que l’on connaît pour son application).
-     
On peut bien sûr regretter que le gouvernement précédent n’ait pas retenu toutes les propositions, en particulier celles qui élaboraient une politique générale de réelle inclusion scolaire et une vision de société inclusive. Le futur gouvernement issu des élections législatives aura-t-il l’ambition, le courage et se donnera-t-il les moyens de le faire ?

Bémols dans les propositions du candidat sortant :
-      Les transports des élèves transfrontaliers mutualisés. Il faudra absolument que les représentants des parents soient associés aux groupes de travail afin de garantir que ces transports se feront dans des conditions optimales (moyens matériels, durée, personnel, formations du personnel…). Le « si possible » suggère-t-il toutefois que le transport individuel sera préféré si les conditions ne sont pas remplies ?
-      La formation initiale et continue des enseignants pour favoriser la détection : la détection est importante, mais il ne faut pas oublier la suite : les interventions. Tous les enseignants doivent être formés à l’orthopédagogie, avec des spécialisations selon les besoins spécifiques, si l’on veut aller vers une école inclusive.

Ces questions seront posées lors de la rencontre avec le candidat à Tournai ces prochains jours.

Quid du programme sur le handicap des autres candidats ?


lundi 21 novembre 2016

Accueil des personnes handicapées : 2ème Commission mixte Wallonie-France

Communiqué du Ministre-Président de la Région Wallonne, Maxime Prévôt.

Communiqué de Ségolène Neuville, Secrétaire d’État aux personnes handicapées du gouvernement français. (Le texte est commun aux deux ministres, mais les liens, contacts et images diffèrent).

Discours de Ségolène Neuville

Commentaires : (ces commentaires n’engagent que son auteur, moi-même).

1) L’accord-cadre franco-wallon a été signé en 2011, en cachette de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui scolarise les enfants français dans l’enseignement spécialisé et, surtout, des associations françaises (hormis l’APIM-HF – Aide aux personnes inadaptées mentales hors de France –  qui ne s’occupe pas d’enfants). D’où le vide juridique concernant la scolarisation des enfants français handicapés en Belgique.

Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d’État au handicap, était à l’époque en campagne pour la députation des Français du Benelux…
La rencontrant dans ce cadre, je lui ai reproché ce silence. Elle a alors décidé de créer un comité de suivi français de cet accord-cadre, avec les associations.
J’en demandai autant à son homologue wallonne, qui refusa, les associations belges représentant les personnes handicapées siégeant déjà au conseil d’avis et comité de gestion de l’Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées (AWIPH). Nous avons par contre obtenu ce dispositif de son successeur, Maxime Prévot (l’actuel ministre donc), par la suite.




2) Mme Neuville dit que venir en Belgique peut être un choix, même pour les personnes non frontalières. Oui et non. Ce n’est pas qu’une question de manque de places en France si les personnes viennent en Belgique. C’est aussi pour les approches différentes, notamment la scolarisation, l’autisme, le polyhandicap, le handicap mental... La ministre dit donc que c’est un choix. Or, si des familles éloignées avaient les mêmes approches en France, elles ne choisiraient pas de partir en Belgique…

3) Je vous laisse calculer combien les chiffres avancés par le gouvernement français pour résoudre le manque de solutions sont ridicules, étant donné les carences abyssales accumulées/en gestation jamais interrompue au cours de ces dernières décennies…
De fait, les familles se retrouvent dans une situation impossible : se contenter de miettes en France ou bien chercher à l’étranger. Même si nous avons connu des avancées (dont certaines tenaient hélas de la procession d’Echternach), il manque une véritable politique générale, d’envergure avec une vision à court, moyen et long terme pour le handicap.

4) Je suis surprise que Mme Neuville parle dans son discours du nombre de personnes françaises en situation de handicap psychique en Belgique. En effet, les affections psychiques dépendent en Belgique de la santé mentale et non du handicap ; c’est donc une compétence fédérale et non pas régionale (en tout cas pour l’instant, cela devrait changer avec le transfert des compétences mais c’est un peu hors-sujet et pas encore effectif). Les établissements belges qui accueillent les personnes avec affection psychique sont sous convention INAMI (Institut national d’assurance maladie invalidité) et accueillent rarement des Français.

Les IMP140 (l’équivalent de nos ITEP), subventionnés par les régions wallonnes et bruxelloises, n’accueillent pas non plus de Français.

Cependant, les établissements de la Région wallonne accueillant des Français n’étant pas agréés par l’Agence pour une vie de qualité (AViQ, ex-AWIPH), mais ayant reçus simplement une Autorisation de prise en charge (APC), juridiquement ils ne sont pas contraints à respecter cette disposition. Il faut savoir aussi que nombre d’établissements accueillant des personnes françaises en situation de handicap psychique sont en fait des établissements « pirates » (sans APC de l’Agence), pour la plupart situés dans la province de Liège. Ils ne sont donc pas concernés par l’accord-cadre.

Il arrive aussi parfois que des établissements pour personnes handicapées mentales hébergent l’un ou l’autre résident avec handicap psychique, mais il n’y est pas à sa place, aux dires mêmes des directeurs des établissements en question.

À ma connaissance, un seul établissement avec APC déclare être dédié principalement aux personnes avec handicap psychique, mais plutôt avec un
syndrome de Korsakoff (celui généré par l’alcoolisme), dans un système de logements supervisés.

Ce qui me semble plus fréquent, c’est qu’un grand nombre de personnes handicapées françaises en Belgique sortent d’hôpitaux psychiatriques français.

Aussi, les diagnostics avec la classification française toujours en vigueur dans ce pays (hélas) classe l’autisme non spécifié dans les psychoses…

Donc pas mal de raisons pour expliquer ce passage dans le discours de la ministre ; un décryptage était nécessaire. Mais nous sommes toujours dans le flou, malgré la bonne volonté des acteurs et celle des familles un peu au dépourvu sur ce coup-là.

5) Les inspections conjointes ont abouti à l’arrêt des orientations pour 10 établissements, en raison de dysfonctionnements. Nombre d’associations s’émeuvent, à juste titre, du fait que les résidents déjà en place y restent… Malheureusement, ils sont sans autres solutions… Le problème est crucial : si vous dites OK, et que les résidents arrivent, il est très difficile de « renverser la vapeur » après coup, étant donné que ces populations n’auraient guère d’autre choix… que 0 (la rue, quoi) !

Pour rappel : voir mon précédent article sur le danger à accepter d’ouvrir contre des promesses (cas des Français handicapés qu’on voulait héberger dans d’anciennes cuves à pétrole). La dépollution avait été promise après ouverture… Rassurez-vous, tout a fini bien qui a bien fini. Mais je me demande, avec effroi, si la vigilance des associations n’avait pas été de mise, où l’on en serait à l’heure actuelle pour les résidents, les professionnels et leur santé ???? Merci tout de même aux responsables qui nous ont écoutés.

À noter, et cela a son importance, même cruciale : le rapporteur du projet de loi de financement de la sécurité sociale (pour le volet médico-social), Philip Cordery, souligne, à raison, dans le chapitre consacré au handicap en Belgique, le paradoxe à ce que le financeur français veuille tirer le prix de journée vers le bas tout en exigeant une meilleure qualité.

6) Dans les chiffres annoncés, on oublie encore et toujours les écoliers (de l’enseignement spécialisé) transfrontaliers ou hébergés dans des internats scolaires publics. Ils ne font pas partie de l’accord-cadre, puisque l’Éducation est une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles, comme expliqué plus haut.

7) Une phrase du ministre wallon peut choquer les Français non informés : la présence des Français en situation de handicap génère des milliers d’emplois en Belgique. En fait, le ministre doit régulièrement faire face à des accusations du type « les Français prennent la place des Belges ». Or, il n’en est rien puisque ces places sont créées pour les Français, et financées par la France. Au contraire, ces établissements peuvent aussi accueillir des Belges. D’où la communication ciblée du ministre sur ce point, faisant ressortir les avantages.

En vérité, pas mal de travailleurs français transfrontaliers sont aussi compris dans ce lot d’emplois. Il est d’ailleurs assez interpelant de voir tant d’étudiants français en professions paramédicales en Belgique, qui effectuent leurs stages/voire se font employer dans ce pays… Une double exportation…
Il n’y a pas que les exilés fiscaux en Belgique !

Je me rappelle le jour où j’ai failli me faire agresser physiquement par une maman belge à bout qui avait dû placer son fils dans un établissement à 300 km par manque de solutions alors qu’il y avait un autre qui n’accueillait que des Français à côté de chez elle… mon accent provençal était mal passé ; comment lui en vouloir ?

Même les écoles frontalières accueillant des Français gratuitement permettent de maintenir des places pour les élèves belges… Hélas cette situation fait que la qualité de l’enseignement spécialisé en souffre, étant donné que la France ne donne aucune indemnité pour la scolarisation, et que nos petits Français viennent en Belgique déjà bien abîmés par leur système, avec des sur-handicaps et des comportements très problématiques.

Il va de soi aussi que l’on envoie en principe en Belgique que les personnes, enfants et adultes, avec des besoins plus prégnants, les personnes avec des besoins plus légers étant souvent « préférées » dans des établissements qui font leur « marché », pour la simple raison que la demande est bien plus forte que l’offre. (Mis à part les idéalistes : bravo à eux).

C’est donc sur cette reconnaissance que je terminerai mon billet. C’est bien de terminer sur une bonne note…



mardi 4 novembre 2014

Français de Belgique : on avance


Visite de Mme Neuville à Neufvilles
 
Dans la presse hier et aujourd'hui, plusieurs articles sur la visite de Ségolène Neuville, Secrétaire d’État en charge des personnes handicapées, en Belgique, dans le cadre du suivi de l’accord-cadre franco-wallon concernant les Français en situation de handicap hébergés en Belgique.
 
 
Photos du profil Facebook de Philip Cordery, Député des Français du Benelux
 
Il s’agissait de réunir la commission mixte (franco-wallonne) chargée de faire appliquer l’accord.
 
Lire ici, ici et ici.
 
On peut lire dans ces articles qu’une convention relevant les critères de l’accueil en Belgique, ainsi qu’une convention visant à faire effectuer un contrôle commun (français et wallon) ont été signées.
 
Le nouveau ministre wallon des personnes handicapées, Maxime Prévot, s’est engagé à faire relever les normes légales des établissements accueillant les Français au même niveau que celles des établissements accueillant des Belges. Son prédécesseur, Éliane Tillieux, n’avait pu y parvenir.
 
Bien que ne participant pas à la commission mixte, les associations représentant les usagers et leurs familles, dont Autisme France et le CFHE, ont été conviées à la réunion du comité de suivi français précédant et préparant ce déplacement. Nos propositions pour améliorer le texte des conventions ont été pour la plupart retenues, nous pouvons donc dire que la collaboration fut fructueuse et utile pour les Français handicapés en Belgique.
 
Néanmoins, certaines dispositions, notamment celles relatives à la législation belge, font que les normes belges sont en-deçà des normes françaises. Le Député des Français du Benelux, Philip Cordery, appuie donc l’idée d’une charte qualité supplémentaire.
 
Naturellement, nous savons qu’il manque des postes de contrôleurs, aussi bien en France qu’en Belgique, mais, par rapport aux dysfonctionnements constatés sur le terrain, ces dispositions vont vraiment dans le bon sens. Selon les déclarations de Mme Neuville, le mois prochain des annonces seront faites pour la France, car c’est bien le manque de solutions en France qui est la raison de l’exil.
 
J’en profite pour remercier les familles et les professionnels pour les remontées du terrain, en particulier une maman pour ses propositions concrètes qui ont complété les nôtres.
 
On peut déplorer que certains articles sensationnels n’avaient montré que le côté noirci de l’accueil en Belgique, cependant les autorités compétentes n’ont pas rejeté les révélations de dysfonctionnements ; au contraire, elles en ont pris compte pour améliorer les choses, et cela prouve qu’avec du négatif, on peut faire du positif.
 
À noter aussi que le nouveau ministère wallon du handicap n’est pas contre l’idée de créer un comité de suivi belge pour inviter les associations représentant les usagers et leurs familles à y participer. On a bien vu, avec le comité de suivi français, comment la participation des personnes qui connaissent la réalité du terrain et du vécu des familles peut être utile, notamment au niveau de l’information et des propositions.
 
Il vaut mieux évidemment collaborer en amont pour bien agir, afin d’avoir à éviter de défaire ce qui aurait pu être mal fait…
 
Car, comme dit le proverbe : « Ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi ».
 
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, aujourd’hui c’est la sortie des recommandations belges  pour l’autisme que je salue ici.
 

mardi 26 novembre 2013

Moment de grâce


Voilà, il y a des instants où, comment vous dire… un instant de bonheur volé au malheur ambiant, dans cette chienne de vie où l’on accompagne tant de malheurs, où l’on se sent si souvent tellement impuissant…
 
Il suffit d’un élu, un député de Bretagne  à qui l’on propose de voir comment chez nous, c’est-à-dire plus loin qu’à l’autre bout de la France, passé la frontière du Nord, on scolarise avec succès nos enfants autistes…
 
Lorsqu'il s'apprête à repartir il aperçoit, sur le mur de l’école juste avant la sortie, en remettant son manteau, qu’un bout de chez lui est venu jusqu’ici :
 

 

La cornemuse en demande pour Noël ! Quoi de plus celte ?
 
Juste un mot affiché, rédigé par un élève avec autisme, de ceux pour lesquels on doit lutter afin qu’ils soient scolarisés en France. 
 
Il suffit d’un autre élu, un autre député  qui l’a invité à venir voir ce qui se fait chez lui, dans son pays d’adoption. Un qui n’est pas déconnecté des réalités, un qui ne ménage ni son temps ni ses efforts pour répondre à sa mission et plus encore.
 
 En ces temps où le « politique-bashing » est à la mode, ça fait du bien de pouvoir faire entendre un autre son de cloche.
 

 

 

 

 

 

mardi 2 avril 2013

Plan autisme 2013-2015 Question au gouvernement

 
Question de Mme Martine Pinville, députée, présidente du Comité National Autisme,
à Mme Marie-Arlette Carlotti, Ministre en charge des personnes handicapées
Le 2 avril 2013, journée mondiale de sensibilisation à l'autisme

jeudi 21 mars 2013

Communiqué de Presse de Philip Cordery


Communiqué de Presse de Philip Cordery, Député des Français du Benelux, vice-président du groupe autisme à l’Assemblée Nationale
 
Philip Cordery, Député des Français du Benelux, se réjouit de l’objectif du gouvernement de rendre l’école inclusive grâce au projet de loi de refondation de l’école
 
Hier après-midi, mercredi 20 mars, lors de la séance de questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale, Vincent Peillon, a tenu à rassurer les familles et les associations qui s’étaient à juste titre émues de la formulation maladroite d’un amendement au projet de loi sur la refondation de l’école visant initialement à améliorer les liens entre les Maisons Départementales des Personnes Handicapées et l’Etat. Il confirme ce faisant les déclarations faites par la ministre Déléguée aux personnes handicapées Marie-Arlette Carlotti dans un communiqué diffusé le même jour.
 
Cet amendement, qui propose que l’école puisse remettre en cause, en cours d'année, l'orientation d'un enfant handicapé, sera, en effet, reformulé au Sénat en deuxième lecture pour confirmer qu’aucune demande de modification d’orientation ne pourra se faire sans l’accord des familles.
 
 "Je me réjouis de cette rectification bienvenue pour le bien des enfants concernés et de leurs familles", a déclaré Philip Cordery, Député des Français du Benelux avant de saluer "la version du projet de loi  telle que sous amendée par le Sénat qui confirme l’engagement de l’éducation nationale de rendre l’école inclusive."
 
Le projet de loi sur la refondation de l’école votée hier, mardi 19 mars, à l’Assemblée nationale reconnaît l’école inclusive et ce pour la première fois dans le rapport annexé et dans le code de l’éducation. Le gouvernement avait pris comme première mesure dès 2012 la création de 1500 nouveaux emplois d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour apporter un soutien individualisé et accompagne les enfants en situation de handicap. Le projet de loi va plus loin en terme d’inclusion des élèves atteints d’un handicap physique dans le dispositif scolaire en prévoyant, la création de classes d’inclusion scolaire spécifiques (les Clis et les Ulis) mais aussi la prise en compte particulière de l’autisme dans la répartition de ces postes d’AVS pour répondre aux besoins d’encadrements spécifiques de ce handicap. A partir de septembre, il est également prévu une réflexion associant tous les acteurs de la communauté éducative, du handicap et du médico-social organisée avec le ministère chargé des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, pour repenser la fonction d’accompagnement des élèves en situation de handicap et notamment sa professionnalisation à travers l’élaboration d’un référentiel métier.