Un
vendredi. Vous commencez la journée bien calmement, vous avez du boulot, pas
trop urgent, mais votre planning est fait.
N’y
comptez plus, il va être bouleversé.
D’abord,
vous tombez sur cet article.
Cela
vous énerve un peu, car en substance, même s’il y a des choses vraies dedans
que l’on peut partager à 100 % (l’école, l’inclusion), prôner l’absence d’interventions
à destination des personnes autistes « pour ne pas les changer » c’est facile
à dire quand on a un haut niveau sans besoin d’aide ou qu’on n’a pas de
diagnostic d’autisme.
Lorsque
vous vous occupez quotidiennement de familles concernées par de l'autisme sévère,
ce genre de discours par une personne censée représenter la communauté
autistique sans en faire partie vous énerve un peu, car il justifie le désengagement
de la France sur la prise en charge financière des interventions.
D’autant
plus que vous êtes très bien placée, en tant que mère d’un enfant qui présentait
des troubles sévères dans la petite enfance et dont l’autisme est quasi-indécelable
aujourd’hui (bien que toujours présent), cela grâce à des interventions
intensives, pour connaître leur nécessité.
Mais
ce n’est que le commencement de cette foutue journée.
Bon
alors, du coup vous enchaînez avec la lecture du bouquin de l’acteur et
écrivain qui surfe sur la vague de l’autisme. (Mauvaise idée).
Pendant
que vous apprenez l’attentat de Trèbes, vous avez du mal à croire que vous n’hallucinez pas quand vous
lisez ce passage :
"C'est alors qu'il sortit de la théorie pour raconter ses expériences et travaux pratiques : l'élaboration de bombes artisanales. Selon lui, il était temps d'éveiller les consciences et de les mettre au pas. Les tests en milieu naturel et isolé s'avéraient très concluants... Ne manquaient plus que les cibles et une stratégie. Son ambition était de taper haut et fort pour que la peur change de camp. Il était temps que cette "sous-race de neurotypiques", c'est-à-dire les gens soi-disant normaux, cesse de regarder les autistes de haut et de les opprimer, d'enfermer nos frères et de les exclure.
Il ne se cachait pas de chercher une cible appropriée en vue d'une action spectaculaire. Fallait-il viser une école récalcitrante à accueillir nos enfants ? Un tribunal ayant statué sur des placements abusifs d'une fratrie d'autistes* ? Le siège d'une association gestionnaire d'établissements onéreux et inappropriés ? Un ministère ? Les possibilités ne manquaient pas. Le tout était de trouver un symbole fort.
*Affaire Rachel
"Pour libérer nos frères de la séquestration médicale, nos frères pris en otages par les lobbies médico-sociaux et prisonniers des institutions : je suis prêt ! Prêt à organiser des troubles autistiques nationaux ! Des cendres de la dictature neurotypique surgiront les fondations de l'État autistique !"
Face à cette tournure politique inattendue et inquiétante, je prétextai une fatigue soudaine pour l'éconduire, tout en lui promettant de garder un contact discret.
Que fallait-il faire ? Dénoncer ce potentiel autistico-terroriste aux autorités sans faire la part de ses fantasmes et de ses intentions ? Garder le secret sur cette entrevue en espérant qu'il renonce au passage à l'acte ? Avertir ses proches ? Et si jamais ceux-là mêmes étaient complices et partisans ?
Je n'ai rien fait."
Ainsi donc, le monsieur est au courant de projets d’attentat (soit dans une école !!! ou dans un tribunal, une association gestionnaire, un ministère) et n’a rien dit ! Ce qui tombe tout de même (et heureusement) sous le coup de la loi.
"C'est alors qu'il sortit de la théorie pour raconter ses expériences et travaux pratiques : l'élaboration de bombes artisanales. Selon lui, il était temps d'éveiller les consciences et de les mettre au pas. Les tests en milieu naturel et isolé s'avéraient très concluants... Ne manquaient plus que les cibles et une stratégie. Son ambition était de taper haut et fort pour que la peur change de camp. Il était temps que cette "sous-race de neurotypiques", c'est-à-dire les gens soi-disant normaux, cesse de regarder les autistes de haut et de les opprimer, d'enfermer nos frères et de les exclure.
Il ne se cachait pas de chercher une cible appropriée en vue d'une action spectaculaire. Fallait-il viser une école récalcitrante à accueillir nos enfants ? Un tribunal ayant statué sur des placements abusifs d'une fratrie d'autistes* ? Le siège d'une association gestionnaire d'établissements onéreux et inappropriés ? Un ministère ? Les possibilités ne manquaient pas. Le tout était de trouver un symbole fort.
*Affaire Rachel
"Pour libérer nos frères de la séquestration médicale, nos frères pris en otages par les lobbies médico-sociaux et prisonniers des institutions : je suis prêt ! Prêt à organiser des troubles autistiques nationaux ! Des cendres de la dictature neurotypique surgiront les fondations de l'État autistique !"
Face à cette tournure politique inattendue et inquiétante, je prétextai une fatigue soudaine pour l'éconduire, tout en lui promettant de garder un contact discret.
Que fallait-il faire ? Dénoncer ce potentiel autistico-terroriste aux autorités sans faire la part de ses fantasmes et de ses intentions ? Garder le secret sur cette entrevue en espérant qu'il renonce au passage à l'acte ? Avertir ses proches ? Et si jamais ceux-là mêmes étaient complices et partisans ?
Je n'ai rien fait."
Ainsi donc, le monsieur est au courant de projets d’attentat (soit dans une école !!! ou dans un tribunal, une association gestionnaire, un ministère) et n’a rien dit ! Ce qui tombe tout de même (et heureusement) sous le coup de la loi.
Il a beau s'être "dédouané" de toute responsabilité par cette mise en garde, c'est un peu léger...
"Avertissement
Les libres propos qui suivent sont assurément porteurs d'une certaine violence. Mais je refuse d'emblée - et avec mon éditeur - ceux qui voudront brûler mon livre comme ceux qui y puiseraient parole d'Évangile. Aussi, je me désolidarise et condamne sans appel toutes les agressions, brutalités ou exactions qui seraient commises par des autistes ou en leur nom, suite à la lecture de ce que j'ai voulu comme un cri de colère légitime."
"Avertissement
Les libres propos qui suivent sont assurément porteurs d'une certaine violence. Mais je refuse d'emblée - et avec mon éditeur - ceux qui voudront brûler mon livre comme ceux qui y puiseraient parole d'Évangile. Aussi, je me désolidarise et condamne sans appel toutes les agressions, brutalités ou exactions qui seraient commises par des autistes ou en leur nom, suite à la lecture de ce que j'ai voulu comme un cri de colère légitime."
Je
vous passe les délires sur le chapitre où l’on apprend que les autistes ont
fiché les neurotypiques et les manipulent, que demain les premiers seront plus
nombreux que les seconds, et qu’alors ils pourront voir ce que ça fait d’opprimer
une minorité. Que la recherche a pour but de faire avorter toutes les mères
porteuses d’enfants avec autisme afin que les neurotypiques échappent à ce sort
funeste.
Ce
qui est interpelant dans ce délire, c’est combien les mots de ce passage
transpirent la haine envers le genre humain.
Plus
inquiétant, sur Facebook, certains autistes ou autoproclamés comme tels
approuvaient tout à fait ce passage. Je comprends qu’ils aient souffert par une
société inadaptée, mais si tous les gens qui ont souffert devraient haïr les êtres
humains au point de vouloir opprimer, voire pire, une catégorie bien déterminée
(en l’occurrence les personnes non autistes), je connais beaucoup de gens bons qui
seraient devenus de véritables dictateurs…
Mais
vous n’avez pas fini. Ce même jour (décidément ! ) le monsieur continue à sévir sur RMC.
Dans
la continuité des délires précédents, on y « apprend » que si l’Elysée
ne prend pas en compte les compétences (notamment informatiques) des autistes,
il sera bientôt à la botte du Kremlin… Pour « preuve », les attaques
de Moscou sur les récentes campagnes électorales.
Moins
drôle et avec des conséquences possibles, le monsieur parle d’une affaire
judiciaire en cours, que visiblement il ne connaît pas bien car il en rapporte des choses inexactes, mettant peut-être les protagonistes dans une situation
délicate. À sa décharge, beaucoup de gens ont médiatisé cette affaire (en
connaissant toutefois le dossier). Beaucoup l’ont fait par empathie. D’autres l’ont
fait pour des motifs moins avouables de recherche de reconnaissance, que cela
puisse leur servir dans leur vie professionnelle ou sociale. On m’a même
reproché de ne l’avoir pas fait. Mais avec le recul, c’était évidemment le bon
choix.
Mais
un fait plus grave à ce sujet était bien dans le livre, puisque le projet d’attentat
visait justement le tribunal ou est jugé cette affaire.
Tout
le week-end, la sphère facebookienne s’est enflammée pour cette histoire.
Le
Lundi.
Le
monsieur a remis ça dans une nouvelle interview où, malgré que les commentateurs lui aient expliqué son erreur
sur l’affaire judiciaire, il récidive sans corriger le tir.
Il
y a même un groupe fermé
qui a été créé sur Facebook pour le « défendre » des « vilains »
parents contre lui.
Je
parie que cet article y figurera en bonne place avec un déferlement de haine
dans les commentaires. Je parie aussi que bon nombre de ceux qui y sont ont pleuré comme vous pour Trèbes.
On
en reparlera si un jour le concept du respect de la neurodiversité (respect qui
en soi est plus que légitime et que moi aussi j’appelle de tous mes vœux) mais
dont le discours tronqué, porté par des autistes de très haut niveau sans
besoins particuliers ou par des pseudos-autistes, demande d’arrêter les
interventions, justifiera un désengagement encore plus important de l’État
français qu’il ne l’est aujourd’hui.
On dit aux enfants de ne pas mettre les deux doigts dans la prise, que c’est dangereux. Mais certains pensent qu’on leur ment… et le font quand même. Les partisans du bouquin pousseront-ils le bouchon jusqu’à se réjouir que cela puisse faire office de sélection génétique ?
On dit aux enfants de ne pas mettre les deux doigts dans la prise, que c’est dangereux. Mais certains pensent qu’on leur ment… et le font quand même. Les partisans du bouquin pousseront-ils le bouchon jusqu’à se réjouir que cela puisse faire office de sélection génétique ?
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