On vous parle de rebondir, mais il y a des choses qui vous
font bondir.
Cette interview de Sophie Cluzel, à propos de la semaine de l’emploi et du
handicap. Hormis quelques bonnes – ou moins bonnes – idées à la marge comme :
·
la création de postes de job coaching pour 1000
travailleurs handicapés : une goutte d’eau dans la mer, il ne s’agit même
pas de 1000 postes de job coaching, faites gaffe à ne pas faire l’inversion…
·
Duoday opération presque purement médiatique piquée aux Belges (ouh c’est pas beau de
pomper et de dénigrer en même temps « l’exil » des personnes
handicapées françaises en Belgique),
,
·
autres déclarations d’intention comme « changer
les mentalités » (c’est ce qu’il faut faire, mais sans action concrète, ça
ne mange pas de pain),
·
la mutualisation des fichiers MDPH et Pôle Emploi
(je demande à voir comment 2 trucs pas réellement performants mis ensemble créeront
de l’efficacité, sinon pour la radiation dans l’un et/ou dans l’autre ?
Bon, en même temps, si on peut même plus en profiter pour faire un peu du
flicage, où va-t-on ma bonne dame ?)
·
et quelques trucs plus chelous comme la déclaration sociale nominative qui, sous
couvert de simplification bien légitime peut se révéler être un gros bras armé
de Big Brother (ah oui quand même),
Je relève :
« On doit lever l’autocensure des PH [NDLR
pour les non-initiés : abréviation qui signifie : personnes
handicapées] pour mobiliser l’offre de service des Missions locales et
de Pôle emploi. »
J'en reste baba... Les Missions locales sont pour les
jeunes de 16 à 25 ans (les autres, circulez, rien à voir), l’article vous
renvoie d’ailleurs à un site non officiel (pour cause d’absence de site officiel !).
Quant à Pôle Emploi, on a pu en apprécier l'efficacité
(pour chronicité de manque de moyens entre autres) dans des reportages télévisés
édifiants... déjà pour les gens « ordinaires » alors, vous pouvez
imaginer le challenge pour les gens extra-ordinaires ! Mais non, l’inemployabilité
des personnes handicapées c'est de leur faute car elles s’auto-censurent en ne
sollicitant pas ces organismes redoutables d’efficacité… bien sûr…
Puisqu’on vous dit qu’on l’a constaté, comme ici.
Ne serait-ce pas la faute plutôt à l’Éducation Nationale,
qui refuse de s’occuper de nos gosses, donc de les former pour qu’ils
obtiennent un emploi ?
On sait que c’est aussi la faute à notre société,
moralement pas ouverte à la différence, et que cette fermeture est encore plus
flagrante envers les personnes handicapées qu’envers les autres minorités.
(Imaginez un instant que des dispositions légales vous permettraient de payer
un genre de taxe pour vous offrir le luxe de refuser d'employer des travailleurs gays,
d’une autre religion, d’une autre couleur de peau, de sexe féminin, d’une
certaine tranche d’âge, etc.). Tout le monde crierait à la discrimination,
évidemment. Mais dans le handicap, on est bien content que ces quotas existent,
sinon on serait encore plus à la rue. C’est vous dire.
Mais l’autocensure des « PH », celle-là on l’avait
pas encore mise sur notre dos, on me l’avait pas encore faite…
Et c’est une Secrétaire d’État issue de nos rangs
associatifs qui l’ose. Quel virage à 180°…
Madame, on comprend que vous soyez pieds et poings liés, on
vous pardonnera votre langue de bois, on se dit que vous faites au mieux de la
marge de manœuvre que vous avez.
Mais là, franchement, dire en substance que la situation
dans laquelle se retrouve les personnes handicapées sur le plan professionnel est
leur faute… Non, ça ne passe pas.
Il y a des jours où l’on a envie de tout plaquer tellement on
peut être révolté. Mais certains ne l’ont pas cette envie. C’est bien dommage. Car,
même si cela ne servirait à rien, ça aurait de la gueule, de leur part.
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