Mes
petits-enfants, les jumeaux Albert et Janet rentrent de l’école. Ils ont eu
cours d’histoire aujourd’hui et rentrent bouleversés.
Mamé,
est-ce vrai qu’en France jusqu’en 2020, on prétendait « soigner » les
autistes avec la psychanalyse ? Qu’on considérait l’autisme comme une
psychose ? Il paraissait même que l’on considérait encore, 30 ans
auparavant, l’homosexualité comme une maladie mentale…
Janet
me montre son hologramme, au cours en question (dans le chapitre sur le
charlatanisme et les sectes, le sous-chapitre : la psychanalyse, une secte
qui a réussi).
La psychanalyse, technique
mise au point par Freud entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, qui
prétendait guérir les affections mentales au moyen de l’exploration de l’inconscient
par cure analytique, soulageait surtout le portefeuille du patient.
Dans certains pays d’Amérique
Latine, comme l’Argentine et le Brésil, et en France, les « héritiers »
de Freud ont bâti un véritable empire, tenant pendant des décennies la médecine
psychiatrique sous leur joug, s’infiltrant à tous les niveaux de la société (médecine,
travailleurs sociaux, médias, politiques…), et, par leur prosélytisme dans le
grand public, bien aidés en cela par la majorité des médias, ils ont bénéficié
d’un véritable pouvoir occulte qui leur garantissait une manne financière, dans
le secteur public ou libéral pour l’exercice de leur métier, plus leurs
chroniques dans les médias, leurs ouvrages destinés au grand public…
Ils étaient très
soucieux de garder leurs prérogatives, et attaquaient violemment par tous les
recours possibles les rares personnes qui essayaient de dénoncer le système qu’ils
avaient mis en place.
La mainmise sur la société de ce
mouvement aux doctrines misogynes et homophobes a conduit la France
à son plus grand scandale sanitaire jamais connu : la tragédie des
autistes, que nous développons dans le chapitre dédié à partir de l’hologramme 118.
Un documentaire « Le
Mur » qui levait le voile sur cet aspect de la psychanalyse, fut même
censuré, sa réalisatrice condamnée à de lourdes indemnités, ses travaux
ultérieurs boycottés.
Tout comme pour l’homosexualité
qu’ils affirmaient être une maladie et prétendaient pouvoir guérir :
« Les arguments
des «pro-psychiatrisation» reprennent les théories freudiennes et restent dans
la lignée des psychiatres de la fin du XIXe siècle, bienveillants mais ‘pathologisants’
: il faut traiter et ne plus punir. Ils crient à la manipulation politique, dénoncent
les pressions du lobby gay et l’absence d’avancées scientifiques en faveur du
retrait du diagnostic. »
Ils tenaient à peu
près le même discours pour l’autisme :
« Les arguments
des psychanalystes reprennent les théories de Bettheilem et restent dans la
lignée de ce psychologue du XXe siècle, rejetant la faute sur la mère pathogène
dans un premier temps, adoucissant leur propos publics devant le tollé soulevé
et parlant de l’autisme comme d’un « choix du sujet » - mais en privé
continuant à culpabiliser les mères. Ils crient à la manipulation politique,
dénoncent les pressions du lobby associatif de parents et pro-éducation et
réfutent les avancées scientifiques qui démontrent les sources biologiques de l’autisme ».
Mes
petits-enfants n’arrivaient pas à croire ce qu’ils lisaient. Alors, cultivant l’art
d’être à la fois leur grand-mère et le témoin d’une époque noire heureusement
révolue, je leur racontais toute l’histoire.
Ma
chance d’habiter la Belgique et d’avoir pu y scolariser mon enfant, leur père,
ce brillant jeune homme qui est passé de quelques années à enfant lourdement
handicapé à meilleur élève… Mon combat pour que d’autres enfants puissent avoir
la même chance… Mes rencontres avec le réseau de la résistance, dont certains
membres se devaient de rester dans l’anonymat, par crainte pour leur carrière…
Les batailles que nous avons menées, certaines perdues, d’autres remportées jusqu’à
voir la fin de la « cure » psychanalytique de l’autisme, et nos
enfants français handicapés enfin inclus à l’école de la république.
Y
compris vous, mes chers petits, puisque votre papa est retourné en France pour
y diriger le Service Universitaire Spécialisé pour personnes avec Autisme – France.
Et que nous l’avons suivi afin de rester près de vous.
Merci à
Josiane qui m’a inspiré cette histoire. Et à Wolfgang qui m’a fourni les
prénoms de ses deux « futurs enfants ». Albert en référence à
Einstein, bien entendu (il est fan).
2 commentaires:
youaou !!!! vous etes une virtuose du mot !! je suis fan !!! merci de nous avoir conté ce pan noir de notre histoire !
nora, france 23 juin 2040
Merci Isabelle,
On s'y croirait ;)
Vivement 2040!!
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