Tonnerre
sur l’enseignement spécialisé et intégré en Fédération Wallonie-Bruxelles.
On
a monté en épingle le coup de gueule d’un papa désespéré en généralisant une
mauvaise expérience pour jeter l’opprobre sur un système en entier.
Loin
de moi l’idée de me masquer les problèmes (nous sommes assez sur le terrain à y
travailler – avec plus ou moins de bonheur). Mais fallait-il autant jeter
le bébé avec l’eau du bain ? Hélas, ce cri désespéré – dont je partage
certains passages – a été repris par des Français qui m’ont reproché un
aveuglement sur le système d’éducation belge.
Mais
que croyaient-ils ? Que j’allais montrer en exemple les mauvais ?
Non, ce que je veux exporter, ce sont les bonnes choses, bien entendu. Nous
avons choisi, à l’annonce du handicap de notre fils, d’emménager dans la
province où le réseau d’enseignement spécialisé était le plus dense. Il est
certain que, quand on a le choix, on a aussi plus de chances d’avoir du
meilleur.
Le
système peut être bon, il peut être mauvais ; ça c’est le facteur humain
qui fait la différence. Ce n’est pas parce que vous avez été victime d’une
erreur médicale lors d’une opération chirurgicale que tous les chirurgiens sont
des bouchers, et que la médecine de votre pays est mauvaise.
Ce
cri de révolte d’un papa a été diffusé auprès des Français qui ne connaissent
pas notre système, confondent les instituts médico-pédagogiques, qui servent
d’internat aux enfants Français scolarisés avec les écoles spécialisées qui
dépendent, elles, de notre éducation nationale. Les deux sortes
d’établissements ne dépendent pas des mêmes gouvernements ! Tout comme le
transport scolaire, fort justement décrié pour sa durée dans l’article en
question, ne dépend pas non plus de l’éducation nationale.
J’ai
pu expliquer ce qu’il en était, mais l’occasion est trop belle pour les
partisans du médico-social. Gageons qu’ils se serviront bien du texte du papa
pour empêcher qu’on importe ce qu’il y a de bien de Belgique en France. Il
était évident qu’une scolarisation spécialisée ou intégrée dépendant
entièrement de l’EN est moins coûteuse que si elle dépend tout ou partie du
médico-social ou du médical, (pas de convention 66, pas de tarification
ahurissante : des actes comptés en prix de journée…), pas de transport en
taxi ou en ambulance si on est scolarisé tout près de chez soi… Donc…
Ma
crainte (et je ne suis pas la seule à l’éprouver) est que nombre des
établissements français fassent un peu d’éducatif pour se conformer aux
directives du plan autisme III tout en continuant
allègrement et plus ou moins officieusement la psychanalyse…
Mais,
surtout, si on ne veut pas de nos enfants à l’école, ben… ils ne seront jamais
intégrés dans la société. Jamais.
J’avais
encore un faible espoir, après plusieurs attaques idéologiques ou personnelles
dont nous, les partisans de l’école, avons été victimes en France et dont je ne
sais dans quelle mesure elles ont impacté notre crédibilité en pleine élaboration
du plan autisme III, de pouvoir semer quelques jalons pour l’avenir. Ces
attaques étaient encore plus injustes et stupides quand elles venaient de notre
propre camp.
Je
crois qu’avec cette histoire, je vois s’envoler la dernière chance d’importer
par projets-pilotes nos bonnes expériences (qui ne sont pas générales, bien
sûr, nous prenons souvent notre bâton de pèlerin pour en faire le prosélytisme
chez nous car nul n’est prophète en son pays !). Mais même chez nous, pour
tout vous dire, je crois qu’on vient de se prendre une grande gifle. Ce sera
bien plus dur de se faire entendre. Il faut dénoncer les mauvaises
choses ; il faut aussi proposer des solutions et répandre les bonnes
pratiques. C’est une question d’objectivité.
Ce
soir, j’ai mal pour tous ces enfants, mal pour ces parents. Mon gamin est
sauvé, et je n’aurais rien pu faire ou presque pour le leur. Je n’aurais pu
arracher que des clopinettes, par-ci, par-là. Jamais pu rendre l’immense chance
qui nous a été donnée.
Mais
il y a une chose que je peux faire : je vais quand même rendre hommage à
tous les professionnels de l’enseignement qui ont su donner un avenir à mon
fils, et aussi à tous ceux qui m’ont épaulée dans mes projets. Ils le méritent,
eux qui ont donné du temps bénévole, qui ont répondu à mes sollicitations. Ce
ne fut pas idyllique avec tous, bien sûr. Mais faudrait-il pour autant que je
jette l’opprobre sur tous ?
6 commentaires:
Entièrement d'accord... Pourquoi ne pas publier ce commentaire à la suite du texte initial sur la page Facebook de Luc???
Amitiés
Paul Gérard
Cette reponse n'etait pas directement destinee a l'auteur de larticle, mais a l'usage qui en etait fait.
Cela permettrait, quand même, aux lecteurs de cet article d'humeur (bien compréhensible) de faire, un peu plus, la part des choses... Et à Luc de prendre conscience du poids de certains mots écrits....
Mais ce n'est que mon avis... ;0)
Je sais, mais je n'ai pas mis le lien vers l'article de Luc car je ne voulais pas remettre ça sur le tapis pour ceux qui ne l'avaient pas lu.
J'ai écrit cette "réponse" non pour la diffuser en général, mais pour m'en servir envers des destinataires bien précis.
Etant donné que l'article de Luc s'adressait à nous (à la plateforme des parents d'élèves du Conseil Supérieur), nous allons probablement en parler lors de notre prochaine réunion. Il n'a certainement pas mesuré les dégâts collatéraux possibles. Je ne lui reproche pas ce billet, mais il fallait envisager l'usage que d'autres pouvaient en faire.
Cet oubli n'est cependant pas un reproche que je lui fais à lui, comme je ne reproche pas l'usage que d'autres en font d'ailleurs mais je me devais de rétablir par rapport aux dommages précis causés.
Je dois encore envoyer mon billet à ceux qui me l'ont demandé et réfléchir avec eux à son propre usage.
Merci en tous cas pour vos suggestions, c'est toujours mieux d'avoir des regards extérieurs. J'en tiendrai compte pour la suite.
Bonjour Isabelle,
je regrette que mon discours soit utilisé à de mauvaises fins ou soit mal interprété, mais je ne retire rien de mes propos : je relève ce qui ne va pas (et loin s'en faut, de ma seule expérience, mais de celle de très nombreux enfants et parents et pas uniquement dans l'école qui m'occupe). Oui, je ne relève pas ce qui va bien et certaines choses vont très bien, mais je persiste et signe car c'est un contre-balancier de certains discours qui me semble bien nécessaire. Amicalement
Merci Luc, je relève que j'ai d'autres échos de familles.
D'après ce que nous avons pu relever, la situation à Bruxelles, où la projection démographique n'a pas été anticipée, est mauvaise. Par contre, elle est bien différente dans le Hainaut, province où l'offre d'enseignement spécialisé est dense.
Subsistent deux gros points noirs : le transport scolaire (qui dépend de la Région et non pas de l'enseignement) et la participation des parents au PIA.
Je me suis assez battue, sans succès, pour qu'on remette un document PIA aux parents, ce qui obligerait à procéder véritablement aux invitations à participation des parents, et laisserait une trace consultable à l'envi - et une matérialisation qui pourrait servir d'argument en cas de problèmes ultérieurs. (Je suppose que c'est pour cela qu'on n'est pas très enclin à accéder à cette demande).
J'espère ainsi avoir rassemblé assez d'arguments pour que ma demande ne parte pas au panier. Y satisfaire aura beaucoup plus de conséquences qu'on pourrait le penser à première vue.
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