vendredi 30 octobre 2020

Handicap et exclusion

 Le mois dernier, j’ai écrit un article pour le trimestriel « Unité nationale, le Mag ». Le thème principal en était l’exclusion. J’ai donc écrit cet article au sujet du handicap et de l’exclusion.

Cela commence dès la crèche, continue avec l’école maternelle, primaire, le collège, le lycée, l’université.

Le périscolaire (cantine) l’extrascolaire. 

Le travail.

Le logement (merci à la loi Elan qui a démoli la loi de 2005).

Les transports.
Les loisirs.

Les sports.

Même les soins. (Dentaires, médicaux, radiographiques, gynécologiques, gérontologiques…).

C’est une ministre du logement qui refuse de signer une circulaire pour que les adultes autistes bénéficient de logements supervisés.

C’est une secrétaire d’état au handicap qui vous dit que la différenciation à l’école va à l’encontre du principe d’égalité.

Ce sont tous ces politiques qui, en période de campagne électorale, vont circuler dans la ville en fauteuil roulant pour se montrer solidaire de votre parcours du combattant, et vous oublient dès qu’ils sont élus.

C’est un gouvernement qui réduit les aides humaines aux enfants scolarisés et qui fait passer ces économies pour de l’inclusion.

C’est un gouvernement qui prend des mesures pour rogner sur les aides alors que vous êtes déjà en-dessous du seuil de pauvreté. Lui qui décide de vous rendre dépendant(e) de votre conjoint(e) car vos aides financières seront dépendantes de ses revenus, c’est le prix de l’amour.

Ce sont ces responsables, administratifs ou élus, qui ne bougent pas le petit doigt quand vous demandez de l’aide pour une famille au bord du suicide collectif, et qu’il faut saisir les médias pour éviter le pire.

C’est l’Éducation Nationale qui ne forme pas ses enseignants, qui renvoie les enfants en situation de handicap dans les établissements médico-sociaux, les hôpitaux, ou chez eux.

Ce sont tous ces établissements dits spécialisés qui rejettent votre enfant/adulte car il est trop comme ceci ou cela, qu’il a des troubles du comportement, qu’il ne rentre pas dans les cases, qu’il a des comorbidités…

C’est ce médecin, cette clinique, cet hôpital qui ne savent pas, ne veulent pas soigner votre enfant/adulte.

C’est ce psychiatre, ce psychologue, qui vous disent que le handicap de votre enfant est votre faute.

Ce sont tous ces inconnus qui vous reprochent le comportement de votre enfant comme votre défaut d’éducation.

C’est ce travail auquel vous devez renoncer pour vous occuper de votre enfant que l’État a délaissé.

C’est la paupérisation de milliers de familles.

C’est ce(tte) conjoint(e) qui vous laisse monoparental(e) à l’annonce du diagnostic.

C’est cette famille, ces amis qui ne viennent plus vous voir, ne vous invitent plus, n’envoient plus de cadeaux à Noël, plus de carte postale en vacances… Du jour au lendemain, on vous zappe, on vous « ghoste », comme si vous n’aviez jamais existé, quel que soit le nombre de décennies passées avec eux.

Vous voyez les mêmes qui s’apitoient sur des enfants en situation de handicap sur leurs réseaux sociaux et qui vont jusqu’à organiser des opérations de charité. C’est toujours possible quand ce sont ceux des autres, surtout pas dans la famille ou le cercle proche : il faudrait s’en occuper.

C’est cette vie sociale à laquelle vous devez renoncer, même si vous arrivez par miracle à trouver une baby-sitter qui accepte de venir chez vous.

 C’est une enfant qu’on refuse dans un club de vacances car elle n’a pas acquis la propreté.

C’est une jeune femme dont on refuse l’entrée à son chien d’assistance dans un café.

Ce sont tous ceux, enfants et adultes, dont on refuse l’entrée à un manège, un parc d’attractions, une piscine, « par sécurité ».

C’est cette maman qui s’entend dire « C’est à vous ça ? Il fait peur à mes enfants, vous ne pouvez pas aller plus loin ? » sur son fils, lors de vacances à la mer.

C’est cette coiffeuse que la maman doit obliger à couper les cheveux à sa fille porteuse d’une trisomie et qui nettoie le fauteuil ensuite, pour que la cliente suivante « ne soit pas trop dégoûtée ».

Ce sont ces enfants et adultes français qu’on ne veut pas dans leur pays et qu’on envoie en Belgique.

C’est un jeune papa qu’on licencie car sa fille vient de naître avec un polyhandicap et qu’on redoute qu’il soit absent au travail.

C’est cette pétition que les parents d’élèves « normaux » ont signée pour que votre enfant extra-ordinaire ne soit pas admis dans « leur » école.

C’est cet employeur qui demande à une personne avec déficience intellectuelle si elle est autiste, si elle est mariée, si elle est enceinte, lors d’un entretien d’embauche et se permet ainsi d’enfreindre la loi parce qu’il ne la pense pas assez intelligente pour s’en rendre compte.

C’est cette banque qui vous refuse un prêt, ce courtier qui refuse de vous assurer.

Ce sont ces escaliers, ces trains, ces bus sans rampe d’accès. Ce sont ces avions dont vous êtes débarqués. Ce sont ces cinémas où vous attrapez mal à la nuque à force de la lever pour regarder l’écran car les places réservées aux fauteuils roulant sont devant le 1er rang.

Ce sont ces congrès sur l’inclusion qui se déroulent dans des salles… inaccessibles !

Ce sont ces émissions télévisées non sous-titrées et qui ignorent aussi la langue des signes.

Ce sont ces masques de protection transparents qui coûtent si cher.

Ce sont ces dossiers administratifs à remplir après avoir été élaborés pour des personnes avec Bac+10.

Ce sont ces dispositions obligatoires pour les photos, les papiers d’identité et les signatures… Que pas tous les « hors normes » ne peuvent remplir.

Finalement, comme disait une jeune fille en fauteuil roulant, l’inclusion pour le handicap, c’est à la maternité et au cimetière. Entre deux, on doit vivre dans une société à part.

 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tellement vrai