Communiqué
de Presse :
Autisme : La moitié des enfants de moins de 6 ans exclus d’un dispositif modèle d’intervention précoce ?
Les parents lancent l'alerte
et proposent des solutions
sans financement supplémentaire.
Ils attendent la réponse de l'administration.
C’est
la première fois que dans notre pays les objectifs du plan autisme pour les
tout-petits étaient remplis à l’échelle de la population d’un territoire
entier.
Depuis 2014, sur l’initiative de l’ARS (Agence Régionale de Santé) du
Limousin, un centre expert autisme, au sein du pôle neurosciences du CHU de
Limoges, propose et assure, dès leurs 18 mois et avant leurs 6 ans, le
diagnostic de la totalité des enfants atteints de TSA (Trouble du Spectre
Autistique) nés dans le département. (1 enfant sur 95 nés en Haute Vienne en
2013 a reçu ce diagnostic). Grâce à ce centre, mais dans leur milieu de vie,
tous les enfants diagnostiqués entre 18 mois et 6 ans bénéficient d’une
intervention intensive, spécialisée, individualisée et d’un accompagnement en
maternelle. Cette intervention est, selon les recommandations de l’HAS (Haute
Autorité de Santé), adaptée à l’âge où l’enfant est adressé mais également à
son profil de développement, à la sévérité de l’atteinte et à ses besoins particuliers. Le résultat ne
s’est fait pas attendre : au bout de 3 ans l’inclusion scolaire en CP des enfants
TSA a été multipliée par 3,8.
Les parents du département échappent au
parcours du combattant que vivent les 80% de familles d’enfants autistes de
moins de 6 ans qui, dans le reste de la France, n’ont pas accès à ce type de
prestations. (Rapport de la Cour des Comptes sur l’autisme).
Le travail d’expertise réalisé
à l’échelle d’un territoire entier
adossé à la collecte de données
et de statistiques pouvait permettre modélisation et déclinaison à l’échelle nationale.
Pourtant la donne menace d’être
changée mais dans le mauvais sens.
Jugeant ce centre « dérogatoire, atypique
et hybride », l’administration a souhaité séparer
les fonctions diagnostiques et celles d’intervention précoce et
transférer ces dernières du CHU vers un dispositif privé par le biais d’un appel à projets pour un SESSAD
d’intervention précoce. L’ARS
a annoncé dans un communiqué de presse (3 Avril 2018) que vu « les résultats
positifs pour le parcours des enfants »
elle décidait, dans le cadre de
la nouvelle organisation, pour « pérenniser l’activité concernant la
Haute Vienne » de maintenir le financement de l’intervention intensive précoce
au niveau précédent (2 M d’euro)
Mais dans l’appel à
projets, l’administration annonce la décision de réduire de 6 à 4 ans l’âge
maximum d’accès à l’intervention précoce. Or, les registres du centre
montrent que la moitié des enfants
accèdent au centre
à partir de 4 ans. Cette décision
revient donc à exclure mécaniquement à partir de 2019 la
moitié des enfants TSA qui resteront sans solution alternative.
Les motifs invoqués sont-ils financiers ? Non,
puisque l’ARS alloue un budget qui s’est montré suffisant pendant 3 ans pour
accompagner la totalité des enfants de 18 mois à 6 ans. L’appel à projets précise
que les besoins sont d’une soixantaine de places. Ce qui veut dire que le SESSAD prévu
et financé pour une soixantaine de places comportera, si l’exclusion est maintenue,
une moitié de places vacantes alors qu’une trentaine d’enfants de 4 à 6 ans
resteront à la porte sans solution.
Le
motif invoqué est la meilleure efficacité des prises en charges menées avant 4
ans. C’est un fait incontesté. Mais l’intervention entre 4 et 6 ans reste très
efficace ; cela est reconnu par la littérature scientifique et par l’expérience
quotidienne. L’HAS elle-même décline les modalités d’intervention précoce
qu’elle recommande pour cette catégorie d’âge1. Et une politique de santé publique
ne restreint pas une intervention thérapeutique ou éducative aux seuls sujets qui présentent les chances maximum de succès.
Les
conseillers scientifiques de l’association de parents Autisme Limousin pensent
que l’ARS ne disposait pas, quand elle a pris cette décision, des éléments extraits
des registres du centre
montrant que l’abaissement de l’âge d’accueil réduirait de moitié l’effectif
des enfants accueillis. L’ARS n’avait sans doute pas, non plus, à disposition
les publications qui montrent que l’on ne peut espérer un abaissement rapide de
l’âge moyen de diagnostic. (Aux USA, au Canada en Suède, il reste supérieur à 4 ans ; il est clairement très supérieur en
France où il n’existe pas de données fiables.)
L’Association Autisme Limousin déterminée à
préserver par tous les moyens légaux une réalisation
unique en France et un modèle à dupliquer saisit par courrier l’ARS Nouvelle-
Aquitaine pour lui demander d’organiser un appel à projet d’intervention
précoce adaptée pour les enfants TSA de
4 à 6 ans. Cela permettra, à budget global constant,
de continuer à assurer, comme l’ARS s’y
était engagé, la prise en charge inclusive des
enfants de 18 mois à 6 ans.
Changer la
donne, comme l’a promis le président de la République,
c’est développer l’inclusion en milieu de vie ordinaire et non pas priver de
cette inclusion les enfants de 4 à 6 ans qui y avaient droit jusqu’à
maintenant. C’est développer des modèles
d’inclusion à dupliquer et non pas les démanteler !!!
1 Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent : recommandation HAS/ANESM.
Interventions
recommandées débutées ou poursuivies au-delà de 4 ans :
Du fait de la rareté des études évaluant
les interventions globales
et coordonnées débutées
au-delà de 4 ans
et de l’absence d’études évaluant à long terme les interventions précoces
débutées avant 4 ans, les recommandations suivantes reposent toutes sur un
accord d’experts. Au-delà de 4 ans, la mise en place ou la poursuite des
interventions s’effectue selon des dispositifs différents en fonction du profil
de développement de l’enfant/adolescent et de la sévérité des symptômes. Ce seuil de 4 ans a été proposé dans la mesure où les interventions qui
ont fait preuve de leur efficacité concernent majoritairement des interventions
précoces débutées avant 4 ans. Cependant, il doit être interprété avec
discernement, notamment pour les enfants dont le diagnostic est tardif.
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