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jeudi 13 novembre 2014

Le code de (l'in)conscience ?

Stanislas Dehaene à propos de Freud, dans « le Code de la Conscience » :
« Parmi ce foisonnement de découvertes neurologiques et psychologiques, qui démontrent à quel point notre vie est dominée par des mécanismes inconscients, la contribution personnelle de Freud paraît maigre. Il ne serait guère exagéré d’affirmer que, dans son œuvre, les idées solides ne sont pas les siennes, tandis que les idées qui sont les siennes ne sont pas très solides. Avec un siècle de recul, il semble particulièrement décevant que Freud n’ait jamais tenté de mettre ses théories à l’épreuve de l’expérience. »
 
Merci à Guillaume pour le relais.
 
 
 

mardi 28 janvier 2014

Psychothérapie et charlatanisme


L’ECHO - 28 janvier 2014, p. 13

La psychothérapie en Belgique
n’en a pas fini avec le charlatanisme
 
Jacques Van Rillaer
Professeur émérite de psychologie à l’UCL

 
Ce 15 janvier, la commission « Santé » de la Chambre a approuvé une proposition de loi réservant le titre de psychologue clinicien aux psychologues formés à l’université. Elle a également défini l’habilitation pour des « actes psychothérapeutiques ». Ces derniers seront réservés à ceux qui auront suivi une formation spécialisée, après des études de psychiatrie ou de psychologie clinique ou encore d’un bac de type social, médical ou éducationnel.
 
Pour la 3e catégorie, une mise à niveau en un an sera exigée. Ce cursus-là n’est pas du goût de ceux des deux premières catégories, qui craignent un manque de formation à la pensée scientifique et une moindre compétence. Les arrêtés d’exécution doivent être précisés et donneront lieu à bien des débats.
 
Un député a déclaré en ce jour : « La réforme offrira au patient une sécurité équivalente à celle pour la santé physique. On sort de la logique des charlatans ». C’est assez naïf. D’une part, des « psys » pourront continuer à pratiquer avec des titres comme psychanalyste, analyste jungien, gestalt-thérapeute, coach, hypnothérapeute, praticien EMDR, etc. D’autre part, le diplôme universitaire n’offre qu’une garantie de formation et non d’honnêteté. Or le soin psychologique est un domaine où le charlatanisme est particulièrement facile.
 
Déjà au XIXe siècle, au moment où la psychothérapie commençait à devenir une profession, Pierre Janet et puis Freud soulignaient l'attachement infantile et la crédulité de nombre de patients à l'égard des thérapeutes. Toute personne qui recourt aux services d’un psy, même diplômé, devrait rester vigilante. A ce propos on peut se réjouir que la loi cadre reconnaît plusieurs grands courants de psychothérapie : cela invite le patient à changer de courant lorsqu’il stagne ou va plus mal.
 
Un type de charlatanisme qui menace les candidats au titre légal de psychothérapeute est l’exploitation de l’exigence — certes souhaitable — d’une formation personnelle. Le concept d’analyse didactique a été imaginé par Jung en 1912, dans l’espoir de dépasser les conflits des interprétations entre psychanalystes (conflits qui mèneront néanmoins à nombre d’Écoles rivales). Quelques années plus tard, Freud délaissait largement la thérapie au profit de cette activité fort rentable et beaucoup plus facile, et d’autant plus volontiers que sa méthode avait très peu d’effets curatifs (voir de Borch-Jacobsen : Les patients de Freud, éd. Sciences Humaines, 2011).
 
Lacan a ensuite développé un véritable commerce des didactiques, « psychanalysant » quotidiennement des dizaines de candidats, qui se trouvaient à sa merci pour être reconnus analystes. L’Association internationale de Psychanalyse, après l’avoir plusieurs fois mis en garde, n’a plus reconnu les analystes qu’il « formait ». C’est la raison pour laquelle il a fondé sa propre École en 1964. Ensuite ses séances de didactique, payées au prix fort, duraient cinq minutes ou moins encore, ce qui lui a permis de devenir richissime. On voit où cela peut mener.
 
Il est heureux que certaines associations lacaniennes ne revendiquent pas le titre de « psychothérapeute » et adhèrent à la déclaration de Jacques-Alain Miller, principal successeur de Lacan : « Nulle part au monde il n’y a de diplôme de psychanalyste. Et non pas par hasard, ou par inadvertance, mais pour des raisons qui tiennent à l’essence de la psychanalyse ».
 
 
 

vendredi 24 janvier 2014

“Le Mur” met des psychanalystes au pilori


Magazine Knack, 22 janvier 2014, p. 20
  

Le documentaire “Le Mur” met des psychanalystes au pilori
 
Il y a encore des psychanalystes qui considèrent que l’éducation des autistes est un problème. C’est ce que démontre Le Mur, un documentaire français qui a finalement échappé à la censure.
 
Si vous voulez voir un documentaire choquant sur la santé mentale, vous devez chercher Le Mur sur l’internet. Ce reportage de la journaliste Sophie Robert a été interdit pendant deux ans. La censure a été levée la semaine passée.
Pour Le Mur, Robert avait interviewé quelques psychanalystes francophones, parmi lesquels le Belge Alexandre Stevens, sur la façon dont ils traitent les enfants autistiques. En totale contradiction avec les faits scientifiques, les descendants de Sigmund Freud en sont toujours à croire que c’est la distanciation de la mère vis-à-vis de son enfant qui rend celui-ci autiste. Dès lors, la façon dont ils traitent ces enfants — notamment en les isolant de leurs parents — est fortement contestée. Depuis des années, l’association française Autistes sans Frontières mène des actions contre des situations intolérables. Dans la plupart des pays, la psychanalyse est quelque peu dépassée, mais en France sa variante lacanienne — celle de feu Jacques Lacan — est encore très active.
Les lacaniens qui ont la parole dans Le Mur produisent un verbiage devenu injustifiable en 2014 pour des psychiatres. En un mot : ils se ridiculisent. Lorsque le film est sorti, en 2011, il a provoqué de vives protestations. Trois psychanalystes interviewés par Robert lui intentèrent un procès : ils affirmaient que leurs propos avaient été présentés avec l’intention manifeste de leur nuire.
Parmi eux : notre compatriote Alexandre Stevens, qui dirige dans le Hainaut Le Courtil, un centre pour enfants ayant des problèmes psychosociaux. Ensemble, lui et deux collègues réclamaient, fin de 2011, des dommages-intérêts d’un montant avoisinant les 300.000 euro. Étonnamment, le juge donna raison aux plaignants. Il avait regardé les rushes et avait estimé que Robert s’était rendue coupable d’un montage trompeur. Avec le soutien financier d’Autistes sans Frontières, Robert est allée en appel. Après deux années mouvementées, la cour d’appel de Douai, dans le Nord de la France, s’est prononcée la semaine dernière. Robert a été réhabilitée, son film peut à nouveau être montré et les trois plaignants doivent payer des dommages-intérêts, dont le montant doit encore être déterminé par le juge.
Jacques Van Rillaer, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain se réjouit vivement. Van Rillaer a lui-même, autrefois, été freudien, mais s’occupe depuis des années à dire ce qu’est réellement la psychanalyse et cela sans mâcher ses mots. « C’est un soulagement pour Sophie Robert, mais ce l’est aussi pour les parents d’enfants atteints d’autisme », dit-il. « Je me souviens encore qu’il fut un temps où je considérais ces parents coupables de l’état de leur enfant. Je me réjouis de voir que chacun peut constater, en regardant Le Mur, que l’on colporte encore aujourd’hui ces dangereuses sottises. Ainsi, cela finira peut-être un jour par disparaître. »
 



 Joël De Ceulaer
Traduction : J. Van Rillaer

dimanche 18 novembre 2012

La fin d'un mythe



Philippe Val, directeur de France Inter, s’est-il fait-il l’allié objectif de l’extrême droite en cautionnant un penseur d’extrême droite : Sigmund Freud ?


par Jean Cottraux, psychiatre honoraire des Hôpitaux 
et ancien chargé de cours à l’université Lyon 1.


Philippe Val répondant a l’abondant courrier qui critiquait la journée sans débat consacrée à la gloire de Sigmund Freud, le 9 Novembre 2012 sur France Inter, a cru bon d’attaquer les auteurs du livre noir de la psychanalyse (Les Arènes, 2004) en les taxant d’être des personnages « louches et d’extrême droite », sur les ondes de France Inter, le 15 Novembre 2012. En tant que co-auteur du « Livre noir de la psychanalyse » je vais essayer de répondre à Philippe Val sans le stigmatiser.




Sa réponse  montre que le gauchisme de Philippe Val s’est inversé en son contraire : une pensée d’extrême droite élitiste, autoritariste et méprisante.  Philippe Val, à son insu, se soumet inconditionnellement à un penseur d’extrême droite: Sigmund Freud. Il est grand temps qu’il ouvre les yeux. A l’appui, voici trois pages extraites de mon ouvrage : « Choisir une psychothérapie efficace,  Odile Jacob, 2011, pp 75-77) » qui se fondent sur des documents  accessibles à tous. Elles montrent un Freud bien différent de sa légende : Freud était, en fait, un partisan de l’austro-fascisme du Chancelier Dolfüss.




Sur le plan politique, Freud se situait nettement à droite – en témoigne Pourquoi la guerre (1933), qui reprend sa correspondance avec Albert Einstein. Après une critique virulente de l’Union soviétique et un éloge des rois qui ont fait la France, qui semble tout droit issu de L’Action française, Freud nous assène cette profonde vérité: «Il faudrait consacrer davantage de soins qu’on ne l’a fait jusqu’ici pour éduquer une couche supérieure d’hommes pensant de façon autonome, inaccessibles à l’intimidation et luttant pour la vérité, auxquels reviendrait la direction des masses non autonomes. […] Aujourd’hui déjà, les races non cultivées et les couches attardées de la population se multiplient davantage que celles hautement cultivées » 

Ce passage aurait tout aussi bien pu être écrit par le prix Nobel de médecine Alexis Carrel (1873-1944), qui fut un ardent «collabo» et l’auteur de L’Homme, cet inconnu (1935), ouvrage eugénique, qui préconisait l’élimination des populations inutiles d’Europe et proposait qu’un consistoire de savants conseille les dictateurs. Voyons ce qu’écrit Alexis Carrel trois ans après Freud: «Pour la perpétuation d’une élite, l’eugénisme est indispensable. Il est évident qu’une race doit reproduire ses meilleurs éléments. Cependant, dans les nations les plus civilisées, la reproduction diminue et donne des individus inférieurs.» Ce dangereux rapprochement n’est pas un accident dans la pensée freudienne. Sa vision élitiste du monde s’exprime dans deux autres ouvrages : «Le prix que nous payons pour l’avancée de la civilisation est la perte du bonheur qui résulte de l’augmentation du sens de la culpabilité» (Malaise dans la civilisation, 1929-1930). « Ce n’est que grâce à l’influence de personnes qu’ils reconnaissent comme leurs guides que les hommes se laissent inciter aux labeurs et aux renoncements sur lesquels repose la civilisation?» (L’Avenir d’une illusion, 1927). Rappelons que le mot guide se traduit en allemand par Führer.



Freud dédicaça flatteusement un de ses livres à Mussolini et, bien que les nazis aient brûlé ses ouvrages, il se servit de son élève anglais Ernest Jones pour essayer de maintenir une psychanalyse 'aryennisée' en Allemagne sous la férule du neveu d’Hermann Göring. Il s’est donc comporté en PDG désireux, avant tout, de sauver sa multinationale et en partisan des régimes autoritaires au nom de la supériorité des grands hommes. Se croyant à l’abri des persécutions, il ne quitta Vienne pour Londres, en 1938, que sous la pression de la princesse Marie Bonaparte, une de ses patientes qui devint psychanalyste. Cette femme énergique et politiquement lucide versa une rançon aux autorités nazies pour lui permettre de quitter le Reich. Mussolini et l’ambassadeur américain William Bullitt étaient intervenus, aussi, en sa faveur auprès du Führer. Freud, au moment de son départ, fut contraint de signer un papier affirmant qu’il avait toujours été bien traité. Il paraîtrait qu’il aurait eu le courage d’ajouter, non sans humour: «Je recommande la Gestapo à tout le monde.»

samedi 17 novembre 2012

France Inter : écouRtez la déshérence, trouvez un autre job à Philippe Val !


J’ouvre cette page à mon ami Jean-Louis Racca, retranscrivant en entier son article sur Mediapart (consultable ici)

Philippe Val a osé.

Le directeur de France Inter ne s’est pas contenté de consacrer (le 9 novembre dernier), sur la radio publique, ma radio, notre radio, une journée entière dédiée à la gloire de Freud sans le moindre point de vue un tant soit peu critique sur le personnage (bien que de tels points de vue soient aujourd’hui abondamment disponibles, même s’il reste difficile de les entendre en France).

Il ne s’est pas contenté de proposer ainsi une conception de l’information qui, dans tout autre domaine que celui de la psychanalyse, aurait été qualifiée de totalitaire. 
Non. Le pire était à venir. Et il est venu dans la façon dont Philippe Val a justifié ses choix, quelques jours plus tard à l’antenne, lors de son exposé d’évaluation de la journée Freud, suite à de probables et nombreuses réactions d’auditeurs surpris, sinon indignés. 

Passons sur l’affirmation péremptoire « qu’il y avait eu deux génies au XXè siècle, Einstein et Freud », même s’il semble assez surréaliste que ce soit un directeur de radio qui décide avec aplomb et insistance qui est un savant génial ou pas, ou bien quelle théorie scientifique est valide ou dépassée. 

Glissons également sur la comparaison fallacieuse affirmant que « lorsqu’on parlait de Darwin on n’avait pas besoin de créationnistes », en réponse à ceux qui s’étonnaient de l’absence de points de vue critiques sur Freud le 9 novembre : la comparaison ne tient pas, ne serait-ce que parce qu’aucun scientifique crédible ne nie la théorie de l’évolution, alors que les scientifiques, historiens, ethnologues, sociologues, neurologues, etc. qui remettent en cause le freudisme sont légion…

Non ; il a fallu, de surcroît, qu’il calomnie ceux qui s’étaient indignés de l’approche totalement partisane de la journée Freud : il a évoqué les auteurs du « Livre noir de la psychanalyse » en ces termes :

« Le Livre Noir de la psychanalyse, un livre d'ailleurs à tonalité... avec des auteurs disons assez louches, plutôt marqués à l'extrême droite, et un extrême droite qui ne sent pas toujours très bon, mais apparemment ça n'a choqué personne. »
On peut écouter ce jugement ou le télécharger sur :
(Site d’analyse des sophismes et des pseudo-sciences, en français)

Vous avez bien lu (et entendu) : pour Val, une critique de la psychanalyse ne peut venir que d’une personne d’extrême droite !

On ne peut que proposer à Val l’écoute de cette émission de la chaîne LCP où l’on entend beaucoup Albert Algoud, père d’un enfant autiste, et jadis « employeur » de Val dans l’émission de France Inter « La partie continue ». Mais peut-être Val considère-t-il Algoud comme un personnage assez louche proche de l’extrême droite !…

On ne peut que comparer ces affirmations avec celles de Laurent Joffrin, lors de la sortie du Livre Noir. On y lit, entre autres, l’étonnement du directeur du Nouvel Observateur préparant le dossier prévu lors de la sortie de l’ouvrage, à la fin de l’été 2005 : « Pour équilibrer notre dossier, nous avons d’abord fait appel à l’historienne de la psychanalyse la plus connue en France, Elisabeth Roudinesco, femme de grande capacité. C’est là que nos surprises ont commencé. Elisabeth Roudinesco a d’abord refusé de débattre avec un quelconque auteur du "Livre noir". Elle nous a ensuite encouragés à passer sous silence purement et simplement l’ouvrage et à remplacer les extraits prévus par un long entretien avec elle. Le livre, disait-elle en substance, est politiquement louche, à la limite de l’antisémitisme. Accusation aussi grave que ridicule quand on connaît les auteurs du livre. » Ce passage révèle d’ailleurs à quel point Philippe Val, qui n’a probablement jamais ouvert le Livre Noir, contrairement à Laurent Joffrin, n’est que le perroquet de Mme Roudinesco dans ce domaine. A moins, bien sûr, que  Laurent Joffrin soit un personnage assez louche proche de l’extrême droite !… 

Modestement, je renvoie aussi à mon billet « Je suis de gauche et j’emmerde la psychanalyse ! ». Mais peut-être suis-je moi-même, à l’insu de mon plein gré, un personnage assez louche proche de l’extrême droite !…


Merci à Magali pour l'image


Apostille : un directeur de France Inter ne devrait-il pas être d’une trempe à faire diffuser des connaissances avérées à l’antenne ?
Un directeur de France Inter ne devrait-il pas inciter à ouvrir les livres, au lieu de se contenter de répéter ce que colportent Elisabeth Roudinesco et Jacques-Alain Miller pour décourager la lecture de toute remise en question des dogmes freudiens ? N’est-il pas temps de proposer à Philippe Val et son sempiternel ton bravache et auto-satisfait, si peu propice, en fait, à la diffusion de véritables savoirs, un job plus adapté à sa déplorable mentalité ?