Magazine Knack, 22 janvier 2014,
p. 20
Le documentaire “Le Mur” met des
psychanalystes au pilori
Il y a encore des psychanalystes qui considèrent que
l’éducation des autistes est un problème. C’est ce que démontre Le Mur, un documentaire français
qui a finalement échappé à la censure.
Si vous voulez voir un documentaire choquant
sur la santé mentale, vous devez chercher Le
Mur sur l’internet. Ce reportage de la journaliste Sophie Robert a été
interdit pendant deux ans. La censure a été levée la semaine passée.
Pour Le
Mur, Robert avait interviewé quelques psychanalystes francophones, parmi
lesquels le Belge Alexandre Stevens, sur la façon dont ils traitent les enfants
autistiques. En totale contradiction avec les faits scientifiques, les
descendants de Sigmund Freud en sont toujours à croire que c’est la
distanciation de la mère vis-à-vis de son enfant qui rend celui-ci autiste. Dès
lors, la façon dont ils traitent ces enfants — notamment en les isolant de
leurs parents — est fortement contestée. Depuis des années, l’association
française Autistes sans Frontières
mène des actions contre des situations intolérables. Dans la plupart des pays,
la psychanalyse est quelque peu dépassée, mais en France sa variante lacanienne
— celle de feu Jacques Lacan — est encore très active.
Les lacaniens qui ont la parole dans Le Mur produisent un verbiage devenu injustifiable
en 2014 pour des psychiatres. En un mot : ils se ridiculisent. Lorsque le
film est sorti, en 2011, il a provoqué de vives protestations. Trois psychanalystes
interviewés par Robert lui intentèrent un procès : ils affirmaient que
leurs propos avaient été présentés avec l’intention manifeste de leur nuire.
Parmi eux : notre compatriote Alexandre
Stevens, qui dirige dans le Hainaut Le Courtil, un centre pour enfants ayant
des problèmes psychosociaux. Ensemble, lui et deux collègues réclamaient, fin
de 2011, des dommages-intérêts d’un montant avoisinant les 300.000 euro.
Étonnamment, le juge donna raison aux plaignants. Il avait regardé les rushes et
avait estimé que Robert s’était rendue coupable d’un montage trompeur. Avec le
soutien financier d’Autistes sans Frontières, Robert est allée en appel. Après
deux années mouvementées, la cour d’appel de Douai, dans le Nord de la France,
s’est prononcée la semaine dernière. Robert a été réhabilitée, son film peut à
nouveau être montré et les trois plaignants doivent payer des
dommages-intérêts, dont le montant doit encore être déterminé par le juge.
Jacques Van Rillaer, professeur émérite à
l’Université catholique de Louvain se réjouit vivement. Van Rillaer a lui-même,
autrefois, été freudien, mais s’occupe depuis des années à dire ce qu’est
réellement la psychanalyse et cela sans mâcher ses mots. « C’est un
soulagement pour Sophie Robert, mais ce l’est aussi pour les parents d’enfants
atteints d’autisme », dit-il. « Je me souviens encore qu’il fut un
temps où je considérais ces parents coupables de l’état de leur enfant. Je me
réjouis de voir que chacun peut constater, en regardant Le Mur, que l’on colporte encore aujourd’hui ces dangereuses sottises.
Ainsi, cela finira peut-être un jour par disparaître. »
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