samedi 13 janvier 2018

Critique du livre « La cause des autistes »

Au début, on pourrait être interloqué par l’emploi du « Je » mais il est tout à fait logique et bienvenu, puisqu’il s’agit d’un livre écrit par le personnage qu’est l’auteur.

L’ouverture se fait sur une anecdote drôle, dans un style assez enlevé et plaisant, pour tomber vite dans le drame qu’est la vie des familles françaises éprouvées par l’autisme.

On pardonnera facilement à l’auteur quelques fautes de français et de non-sens dans un livre généralement plutôt bien écrit et même parfois joliment, car son sujet ne nécessite pas de la grande littérature mais il est là pour dire et surtout dénoncer un fait de société.

Les termes parfois (rarement) crus donnent de l’énergie à ce livre qui se lit d’une traite ou presque, d’autant plus que le texte proprement dit doit faire au plus 120 pages, et que la taille de caractères employée est grande.  

J’ai toutefois été choquée, en tant que maman d’un enfant différent, de l’emploi du terme de « quiche aux légumes » (P.90) pour qualifier les établissements accueillant les personnes relevant de tous handicaps.

Les références sont assez bien annotées (toutes à la fin du livre et numérotées par chapitre, ce qui est un peu difficile pour suivre le renvoi). Pourtant écrit par une professionnelle du droit, il ne comporte pas d’erreurs d’importance dans les explications « médicales » de l’autisme, ce qui est positif.

Le style en général est bref, incisif et certains passages vous feront sourire, si d’autres serrent la gorge. L’auteur ne manque pas d’humour.

Il est évident que l’avocate/écrivaine connaît bien la vie des familles qui ont un enfant autiste. Elle dénonce le système qui brise, peut-être d’une façon trop manichéenne, mais quand on connaît ce qu’endure les familles, cela se comprend aisément.

Le livre comporte quelques conseils que les parents « vieux routiers » du handicap connaissent déjà, mais qui pourront être utiles aux novices.
Cependant, on reste un peu perplexe quand on lit ces histoires particulières, dont pour la plupart, si les noms ont été changés (mais pas pour tous !), on peut reconnaître les protagonistes, personnages publics ou connus de la communauté de l’autisme. Et là c’est interloquant, car le secret professionnel est brisé, ce qui est illégal.

J’avoue avoir été gênée par cette impudeur qui me faisait rentrer sans que je l’aie voulu dans l’intimité de gens que je connaissais ; c’était comme si j’avais regardé par le trou de la serrure pendant qu’ils se déshabillaient.

J’ai carrément pleuré quand j’ai lu le passage où j’ai reconnu l’histoire d’une amie. Elle n’était même pas au courant, comme tant d’autres, que le passage le plus horrible de sa vie était étalé dans le bouquin.

Plusieurs fois, l’auteur met aussi l’accent sur les comportements des parents qui n’auraient pas arrangé les choses dans les procédures, sans pour autant remettre en question sa propre action.

J’ai ainsi été étonnée quand l’auteur explique qu’il est habituel chez elle de s’emporter, être parfois agressive en paroles envers le juge et les autres parties, et de partir en claquant la porte du tribunal, même avant la fin… une méthode que j’ai trouvée peu orthodoxe.

Les professionnels de la justice en prennent pour leur grade (beaucoup sont présentés comme stupides ou ignorants ou méchants ou les deux ou les trois à la fois) et je me suis demandé, non pas de savoir si c’est justifié car là n’est pas mon propos, mais plutôt ce qu’il va advenir du prochain procès et de la prochaine famille concernée si le juge a lu le bouquin et qu’il se retrouve face à cette avocate…

Idem pour les médecins, les travailleurs sociaux et le corps enseignant, bien que quelques-uns parmi les professionnels de la justice et de la médecine échappent à ce réquisitoire (mot de circonstance).

Plus étonnant, il y a un passage où l’auteur se transforme carrément en directrice de « l’Agence tous risques » en expliquant avoir monté un réseau avec un détective privé, des gens prêts à se faire embaucher dans des établissements (qu’elle soupçonne de maltraitance) en portant des dispositifs d’enregistrement, des journalistes, des psychiatres, des psychologues… Elle dit avoir élaboré plusieurs scénarios sans préciser si elle est passée à l’acte. C’est une idée qui peut être intéressante (à la « Cash investigation » ?). Mais quelques questions se posent :

1) C’est une avocate. Donc elle sait que ce genre de preuves n’est pas légal et ne peut être accepté. (Ou alors elle doit changer de métier).

2) Si elle a l’intention de faire cela, pourquoi en parle-t-elle dans un livre au risque de faire capoter le projet ?

Je suis assez interdite et j’ai tendance à penser qu’elle s’adresse surtout à son public pour un instant de gloire. C’est en tout cas la seule explication qui me vienne à l’esprit pour l’instant, il y en a peut-être d’autres.

Je conclus sur le fait que j’aurais préféré ne pas lire ce livre. Si j’avais su qu’il étalait la vie privée de gens ainsi, je ne l’aurais pas acheté. Vous me direz que j’aurais pu arrêter de le lire. Il fallait pourtant que je puisse en parler objectivement. Et de le lire en entier était le seul moyen.

Que mes amis me pardonnent.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Effectivement, la WonderAvocate Janois est tout à fait narcissique et très intéressé par l'appât du gains financier comme tous avocats. Elle est très sensible à l'autisme et je pense qu'une personne n'étant pas touché directement dans son entourage par la TSA, qu'elle comprenne aussi bien et qu'elle y consacre sa vie, c'est un point remarquable. Elle se la joue cool, et connais bien le sujet, mais ce livre risque d'être un désavantage dure dans sa carrière d'avocate, mais un soutien morale pour les familles toucher par la TSA. Ce livre et une épée à double tranchant, quo la blesse déjà. Mais chapeau Mme Janois il fallait bien que quelqu'un dénonce ce système qui touche les familles en grandes difficultés. Elle a ouvert la boite de Pandore sur l'autisme officiellement, tout de même.

Unknown a dit…

Vous êtes bien pardonnée.... Un témoignage de plus du Bizness autour de l'autisme et des guerres de pouvoir pour obtenir le leadership de la Cause de l'autisme... Il y a 30/40 ans ces mêmes personnes auraient été des idolâtres de Dolto, Klein, Lacan... Voyez par exemple l'itinéraire de Bernard Golse, tout n'est qu'opportunisme, aucune conviction à part celles nécessaires à leurs carrières...notez le pluriel ...

Isabelle Resplendino a dit…

Bonjour à tous,
pour des raisons indéterminées, vos commentaires ne sont pas parvenus dans ma boîte mail. Je les publie donc avec beaucoup de retard, vous m'en voyez navrée.