Compte
rendu du colloque
« Autisme
& Inclusion : Les Bonnes Pratiques en pratique »
suivi du
spectacle « Le Bal des Pompiers »
organisés
par l’APEPA à l’occasion
de la
Journée Internationale des Personnes Handicapées
du 3
décembre 2016
Cette journée a connu un franc succès, tant
auprès des familles que des professionnels et des étudiants. Il faut dire que
les intervenants étaient particulièrement intéressants et que le thème de la
journée une importante source de préoccupation chez ce public diversifié.
14h :
Allocutions d’ouverture du colloque et de la Journée :
ü
Mot de Freddy Hanot, Président :
Monsieur le Ministre, monsieur le Délégué
général aux droits de l’enfant, Monsieur le Président du Collège Provincial,
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Au nom de l’Association de Parents pour
l’Épanouissement des Personnes Autistes, je vous souhaite la bienvenue dans ce
très beau Centre Culturel de La Marlagne.
Permettez-moi tout d’abord de remercier la
Fédération Wallonie-Bruxelles, Madame la Ministre Schyns et le Centre Culturel
Marcel Hicter (dit La Marlagne) et la Région Wallonne par Monsieur le Ministre
Prévôt qui nous ont donné les moyens d’organiser cette journée.
Comme autre preuve de l’intérêt que portent la
Fédération Wallonie Bruxelles et la Région Wallonne à l’autisme, soulignons la
présence parmi nous de Monsieur Bernard De Vos, Délégué général aux droits de
l’enfant qui va nous dire un mot dans le cadre de sa mission et de Monsieur le
Ministre Prévôt qui va nous parler du tout nouveau plan autisme transversal
dont il est un des promoteurs au niveau gouvernemental. Ce plan dont nous
rêvions depuis si longtemps et qui est enfin là.
Aujourd’hui, 3 décembre, c’est la Journée
Mondiale de la Personne Handicapée, ce qui nous rappelle que l’autisme a été
reconnu comme handicap spécifique en 2004 par la Communauté Française et nous
avons décidé de mettre l’autisme en évidence en lui consacrant cette journée sur
le thème : « Autisme et inclusion, bonnes pratiques en pratique ».
Cette après-midi, nous commencerons par un
colloque où vous aurez l’occasion d’écouter des exposés sur l’état des
connaissances scientifiques d’abord, sur les 2 principales approches éducatives
et comportementales et sur leur complémentarité ensuite. Nous devions avoir
parmi nous deux des pionniers de l’introduction de ces approches dans notre
pays : le professeur Magerotte et Monsieur Théo Peeters. Malheureusement, le
Professeur Magerotte a dû s’excuser ce matin, son épouse ayant un sérieux
problème de santé.
Après quoi, vous aurez l’occasion de vous
répartir en ateliers, en plus petits groupes où vous pourrez interagir avec des
spécialistes à deux reprises. Vous avez donc dû choisir deux des cinq ateliers
proposés.
Enfin, pour terminer la journée sur une note
joyeuse, pour vous détendre, vous amuser même, nous avons invité l’acteur
Laurent Savard qui présentera ce soir son one man show « Le Bal des
Pompiers » où il jette un regard drôle et amusant sur le monde de
l’autisme.
Je vous souhaite une fructueuse et agréable
journée et cède la parole à Monsieur Bernard De Vos, Délégué Général aux Droits
de l’Enfant.
ü
Mot de Bernard de Vos, Délégué Général aux Droits de
l’Enfant :
Ce Plan Autisme Transversal est une de mes
préoccupations, depuis des années. Il est maintenant bien présent, et ce sont
de grandes opportunités.
Ce qui pose particulièrement souci, maintenant
que l’on pose des diagnostics de plus en plus tôt, c’est que les Centres de Références
Autisme sont débordés, le nombre insuffisant de places, l’attente de plusieurs
mois voire plusieurs années pour des services de jour, résidentiels ou en
enseignement spécialisé, par exemple dans des régions comme la botte du Hainaut,
assez sinistrée.
J’étais dernièrement à Vilnius pour un
rassemblement avec mes homologues européens, et la Fédération
Wallonie-Bruxelles a été jugée au top. Au top en tant que mauvais élève de
l’inclusion ! La région flamande intègre 1 élève sur 2, la région germanophone
1 sur 4, et chez nous seulement 1 sur 10.
Beaucoup d’élèves socialement défavorisés
viennent augmenter l’effectif de l’enseignement spécialisé.
On manque cruellement de solutions dans le
double diagnostic, le répit, l’accueil de la petite enfance.
Les allocations familiales majorées ne
suffisent pas à financer les prestations que les familles doivent chercher
ailleurs.
Lire le rapport 2015-2016 du Délégué
ü
Mot de Maxime Prévot, Vice-Président du Gouvernement wallon
et Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du
Patrimoine, Bourgmestre de Namur :
J’ai tenu à rassembler les autres ministres
pour un Plan Autisme Transversal. Je suis moi-même touché par le handicap dans
ma famille, pas l’autisme mais le handicap mental.
Nous nous sommes attelés à écrire un Plan
Autisme, qui n’est pas seulement notre Plan Autisme, mais qui est aussi le
vôtre, puisqu’écrit avec les mains des associations de parents qui ont été
nombreuses à y participer, à le regarder d’un œil critique pour le faire
évoluer et cette sensibilité a permis d’aboutir à une première version. Certes,
elle a ses défauts ; je n’ai pas la prétention de dire qu’elle est parfaite.
Il n’y a pas d’intégration du volet fédéral
dans ce plan ; cela n’a pas été possible et je le regrette, parce que, parmi
les doléances régulièrement exprimées par les parents, il y a notamment la
charge financière des interventions. Si je prends l’exemple de la logopédie,
souvent les parents me disent devoir se saigner aux 4 veines pour apprendre à
leur enfant à communiquer, à parler, ce qui est un élément-clé. Les parents
sont nombreux à m’avoir expliqué que l’un des deux du couple avait dû renoncer
à son travail pour accompagner son enfant, réduisant donc les ressources
financières du ménage alors même que les coûts, eux, s’accroissent, sans
remboursement suffisant. C’est pour cela que pour ce Plan Autisme, j’ai plaidé
pour une articulation heureuse au-delà des clivages partisans parce que le
Fédéral jouit encore de leviers essentiels pour répondre aux préoccupations qui
sont les vôtres, qui sont celles des parents d’enfants avec autisme.
Des actions de ce premier plan sont déjà
réalisées (c’est notamment le cas des formations), d’autres sont en cours de
réalisation et ce avec en étroite collaboration et articulation avec mes
collègues de la Région bruxelloise et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Des
moyens ont également été dégagés, ainsi la politique des cas prioritaires a vu
son budget augmenter dès 2016 de 3.000.000 € pour pouvoir concrétiser des
solutions d’accueil ou d’hébergement pour des personnes en situation d’urgence
et parmi elles ce sont principalement des personnes atteintes d’autisme. Ces moyens
supplémentaires s’ajoutent au 2.300.000 € de 2015 portant ainsi ce poste à
25.000.000 €, soit une augmentation conséquente au cours de cette législature.
D’autre part, un appel à projets visant la
création de places d’accueil, ou d’hébergement pour personnes autistes ou
présentant du double diagnostic (et la frontière est souvent mince) vient de se
clôturer. Ce ne sont ainsi pas moins de 10.000.000 € qui seront consacrés à
l’ouverture de places pour ces publics spécifiques mais aussi pour la création
de dispositifs de répit. On connait aussi l’importance de ce type de services
qui permet aux parents de pouvoir souffler un peu dans le parcours éprouvant
qu’est l’accompagnement au quotidien dans les meilleures conditions possible
d’une personne en situation de handicap.
La difficulté d’un plan autisme réside aussi
dans le fait qu’il y a autant d’autismes que d’autistes. Les réponses doivent
être à la carte ; or, un Plan Autisme, par définition, ne peut qu’être général.
Et si chaque parent pense y trouver la solution personnalisée qui conviendra à
son enfant/adulte, il sera forcément déçu.
Alors, si ce Plan a le mérite d’exister il
n’est bien sûr pas parfait, c’est pour cela qu’à la fin de la législature, il y
en aura un 2e et c’est aussi pour cela que j’ai engagé Mme Alice Suls,
Vice-Présidente de l’APEPA, comme experte au sein de mon cabinet. Ce deuxième
plan s’inscrira dans la continuité du premier afin que la qualité de vie des
personnes atteintes d’autisme soit réellement améliorée.
Enregistrement vidéo d’un extrait du discours de
Maxime Prévot.
Les
conférences : présentations :
14h30 : État des connaissances en autisme par Dr Monica
Zilbovicius, Directrice de recherche INSERM :
15h : Autisme & Enseignement, TEACCH par Théo
Peeters, Neurolinguiste et Hilde De Clercq, Linguiste, Directrice du Centre de
formation en autisme à Anvers :
Présentation de Théo Peeters.
Présentation de Hilde De Clercq.
15h30 : Approche ABA, par Joëlle Nuchadee, Dr en
psychologie et BCBA
16h : Synthèse par Éric Willaye, Pr en psychologie,
Directeur du SUSA
17 et
18h : 5 ateliers, répétés une fois : comptes rendus :
A. L’approche TEACCH
(Treatment and Education of Autistic and related Communication handiccaped CHildren)
animé par Théo Peeters, neurolinguiste – TEACCH, Hilde De Clercq, Directrice du
Centre de formation en autisme à Anvers, Freddy Hanot et Alice Suls (APEPA)
:
Lors de cet atelier, Théo Peeters et Hilde De
Clercq ont alterné leurs interventions, se complétant pour transmettre aux nombreux
participants leur connaissance profonde de l'autisme et partager leur grande
expérience en matière de TEACCH.
Théo Peeters, parti un an en Caroline du Sud
aux USA il y a plus de 30 ans pour étudier l'approche TEACCH est un pionnier
des bonnes pratiques en autisme, avec un tel dévouement pour aider les parents
que ses exposés sont des témoignages émouvants qui ne laissent personne
indifférent.
Avec Hilde De Clercq il a souligné qu'il faut
mettre « les formes d'intelligences » ensemble : les professionnels
ET les parents. C'est le pilier de TEACCH, la collaboration avec les parents.
Les parents sont les experts de leur propre enfant, « ils méritent un
doctorat ».
Il a bien sûr cité « la page noire »
de l'autisme, la culpabilisation de la maman, l'époque de Bettelheim, et l'œil
scintillant il a ajouté « entre nous aux USA, nous l'appelions
Brutelheim », de brutal…
Hilde De Clercq a complété son exposé par
quelques dias supplémentaires, elle dit que trop souvent TEACCH est mal connue,
cette « méthode » ne s'applique pas qu’aux classes et aux enfants,
mais à toutes les personnes avec autisme, partout.
Elle a survolé la structure dans le temps et
dans l'espace et encore répété qu'il faut écouter la voix des parents.
Elle a parlé de la perception
« propre » à la personne, p.ex. olfactive, gustative, etc. Et que les
parents et la fratrie comprennent la signification des mots hors contexte, p.ex
« coiffeur » veut dire tartine pour un des enfants qu'elle suit parce
que un jour ce coiffeur a demandé à ce garçon s'il voulait une tartine et
qu'elle lui avait bien goûté.
Pour Hilde et Théo, une personne avec autisme
est une personne avec mode d'emploi, comme un ordinateur sans filtre
"anti-spam".
Il y avait une riche interaction avec la salle
: une maman logo qui n'est pas écoutée à l'école de son fils, une autre maman
qui parle de « faire le deuil », un dirigeant d'un home qui demande
comment s'organiser avec le personnel, etc. Comme Irène Knodt était au premier
rang dans l'atelier et qu'elle est très amie avec Théo et Hilde, elle a parlé
du fonctionnement au Mistral, maison créée par elle. Elle a ajouté qu'elle
constate que ces dernières années les jeunes spécialistes fraichement sortis de
l'école sont « trop théoriques, ils ne sont pas assez à l'écoute, ils
pensent qu'ils savent ». Il y avait une belle complicité avec Théo et
Hilde.
Hilde De Clercq a encore souligné que l'autisme
n'est pas un problème médical, que l'auto-projection est une erreur, et que la
psychanalyse n'a pas sa place dans les bonnes méthodes en autisme.
Les participants n'avaient pas envie de quitter
l'atelier…
B. L’approche ABA animé
par Florence Bouy, logopède et formatrice ABA, et Isabelle Resplendino (APEPA) :
Isabelle Resplendino est une maman d’enfant
avec autisme, qui a beaucoup progressé en enseignement spécialisé, puis
intégré, puis ordinaire.
Elle a parlé de son expérience d’ABA en
famille, et de la liaison nécessaire entre l’établissement et la famille. Elle
a insisté sur le partenariat indispensable entre les deux et a donné des
exemples concrets, issus de son expérience personnelle et celle d’autres
familles.
Elle a expliqué le système ingénieux qu’elle
avait mis en place pour son fils à l’école. Elle avait tracé, sur une feuille, un
tableau avec les jours de la semaine et 2 autres colonnes pour y mettre des
croix dans la case + ou -. Lorsque son fils avait été aux toilettes,
l’enseignante inscrivait une croix dans la case +. Idem quand il avait mangé sa
viande ou ses légumes. Lorsqu’il n’avait pas été propre, ou bien lorsqu’il
n’avait pas voulu manger, elle mettait une croix dans la case –
Chaque soir, la maman reportait le nombre de
croix positives (moins les négatives) sur une ardoise magique. Au bout de 10
croix, l’enfant recevait un euro pour tirer un sujet Pokémon au supermarché.
L’enfant a acquis la propreté et mangé des aliments solides en 3 mois.
L’institutrice renforçait aussi le bon comportement pour la propreté en lui
donnant une image de Pokémon dès qu’il avait fait sur les toilettes.
Mme Resplendino a aussi parlé des
comportements-problèmes, de l’extinction (ignorer un mauvais comportement pour
ne pas le renforcer). Les encouragements positifs même si l’acte n’est pas
celui attendu mais que l’enfant/adulte fait des efforts. Tout cela avec des
exemples concrets. Deux mamans lui ont demandé comment faire avec un adolescent
devenu fort physiquement. Mme Resplendino a expliqué les ressources disponibles
(par internet, voir les comportements sur le site de Participate-autisme et les
formations gratuites de canalautisme), les services du SUSA, etc.
Mme Florence Bouy est orthophoniste (logopède)
ABA en France, et est Directrice clinique de Formavision, un organisme de
formation agréé, qui a formé notamment du personnel des UEMA (Unités
d’Enseignement en Maternelle Autisme) et assure la supervision d’une partie de
ces UEMA.
Elle a parlé de l’ordre chronologique des
actions à entreprendre, de la programmation des objectifs, de la précision de
ces objectifs, des différents cadres d’enseignement, des relevés de données,
des statistiques du maintien dans l’ordinaire des élèves des UEMA.
Avec des vidéos qui ont illustré ses propos,
comme pour les enfants plus âgés en IME (Institut médico-éducatif).
Elle a parlé aussi de l’ABA pour les adultes en
établissement, avec vidéos démonstratives à l’appui.
Guidance/effacement/comportements-problèmes/apprentissages…
un tour d’horizon très pratique des techniques et applications.
Lien
vers la présentation de Mme Bouy.
C. L’Early Start Denver
Model animé par Dr Razvana Stanciu, pédopsychiatre et Michèle Roussel (APEPA) :
Le Docteur Stanciu a développé la manière de
faire évoluer les jeunes enfants de 1 an 1/2 à 5 ans dont le diagnostic
d'autisme s'est révélé.
La méthode ESDM, Early Start Denver Model,
vient des États-Unis. Son équipe a suivi une formation donnée par les
instructeurs certifiés du MIND Institute, où a été créée la méthode.
L'application se fait individuellement en hôpital de jour à raison de 4 heures
par jour et 5 fois par semaine. Les parents ont également une rencontre
régulière pour étendre le bénéfice de la méthode à domicile.
Les progrès des enfants sont directement
sensibles pour la plupart d'entre eux, si la méthode est commencée précocement
(de préférence avant 3 ans).
Après ce suivi, les enfants poursuivront
l'école primaire d'après leur aptitude en classes TEACCH ou en intégration dans
l'enseignement ordinaire.
Lien
vers la présentation du Dr Stanciu.
D. La Communication
Alternative et Augmentative et les Technologies de l’Information et de la
Communication animé par Christine Deravet, psychologue – pédagogue, Jeff
Herbert, formateur Sema-Tic, Anne Courtejoie, logopède-formatrice Comalso, Alice
Suls et Freddy Hanot (APEPA) :
Les 3 animateurs se sont succédés et se sont
parfaitement complétés.
Mme Deravet a d’abord fait le constat que trop
peu de personnes avec autisme, en ce début de troisième millénaire, disposent
d’un outil de communication efficace. Lors de la présentation PPT, elle a mis
l'accent sur la grande diversité des outils et des méthodes qui permettent
et/ou augmentent la communication d'une personne avec autisme. Elle a souligné
l'importance d'opter pour la méthode qui convient le mieux à la personne
concernée, en fonction d’une évaluation préalable des capacités
communicationnelles, sensorielles, physiques et cognitives de la
personne : les systèmes gestuels, les systèmes d’échange d’objets ou
d’images, les systèmes cumulant image, mot et geste, les synthèses vocales, les
outils informatisés, les tablettes, etc.
Elle a insisté sur la nécessité d’être
progressifs mais aussi cohérents lorsqu’on met en place un système de
communication : comment permettre à la personne de l’utiliser dans tous les
milieux de vie ? Au sein d’un environnement qui soit rendu plus
clair ? (Temps visualisé avec des montres time-timer, des consignes
données à voir, émotions exprimées sous forme d’objets ou de smilies, …)
Enfin, elle a rappelé que certaines compétences
devaient être travaillées en parallèle et notamment, la recherche du bon
partenaire de communication, le regard, la capacité à se trouver à la bonne distance de son
interlocuteur et d’avoir son attention, … Ces compétences sont notamment
travaillées lorsqu’on met en place la méthode PECS® (Picture Exchange
Communication System).
Pour info, plusieurs banques de données de
photos ou de pictogrammes sont accessibles sur Internet, parfois téléchargeables
gratuitement ou à moindre frais, d'autres ont un coût plus élevé. Outre les
supports de communication présentés dans le powerpoint, 4 carnets-supports de
pictogrammes ont circulé de main en main, dont un qui permettait de former des
petites phrases, un autre très pratique qui avait en fond l'image de la photo/picto
utilisé, pour facilement reconstituer le carnet après usage.
Mme Courtejoie a fait un résumé des tablettes
que Comalso préconise et a souligné les
résultats très positifs pour les apprentissages, pas seulement en matière de
communication mais également pour les apprentissages cognitifs. Elle a fait
circuler 3 types de tablettes en soulignant les plus grandes différences
d'utilisation :
1) Une tablette Acer avec le programme Mind
express, très complet et performant. Ce logiciel se vend aux alentours de 700
€.
2) Un iPad avec le programme GO TALK
3) Sur tablette Androïd et aussi sur iPad on
peut installer « Let me talk », qui permet d'entendre des petites
phrases.
Elle a fait plusieurs démonstrations avec ce
matériel.
Mr Jeff Herbert, fondateur de MoultiPass,
entreprise qui a conçu SEMA-TIC, a présenté ce logiciel ludo-éducatif, conçu et
expérimenté pour l'apprentissage de la lecture dans le cadre d’une étude
biomédicale ayant fait l’objet d’évaluations clinique et en milieu scolaire en
France.
« Ce jeu confronte les enfants à plusieurs
milliers de mots de vocabulaire. Il leur permettra étape par étape de
progresser dans l’acquisition du décodage de la lecture. Un suivi personnel
permet de visualiser leurs acquis. Il s’agit d’un outil de compensation et de
soutien à l’acquisition de toutes les compétences pour aller vers la lecture.
Son but est, en complément d’un accompagnement adapté, d’apporter des
apprentissages spécifiquement élaborés pour des enfants avec autisme et sans langage fonctionnel. »
Chaque enfant avec autisme est penseur visuel à
son niveau, avec une discrimination visuelle qui peut être beaucoup plus
développée que chez les neuro-typiques. M. Herbert a donné l'exemple d’une
jeune femme avec autisme qui était la seule à avoir remarqué que les nervures
d'une feuille n'étaient pas dessinées dans le bon sens.
La méthode est basée sur la logique, aussi
"binaire" qu'un PC, et l'apprentissage se fait par essai-erreur,
pairing (besoin de l'autre pour réussir), et avec sollicitations des intérêts
restreints. L’étude scientifique réalisée sur le jeu démontre que 100 % des
enfants qui ont joué à SEMA-TIC ont acquis des compétences de lecture, et que
25% ont acquis le code de lecture.
Pour que les enfants puissent avoir accès au
sens des mots, SEMA-TIC inclut 100 mots et images associées (90 noms communs et
10 verbes) et 50 phrases (en animation 3D).
À travers l’ensemble des jeux de logique, plus
de 3000 mots sont présentés.
E. Le rôle des
paramédicaux animé par Anne-Véronique Noblesse, logopède, Aline Boiteux,
psychologue, et Sarah Godfroid (APEPA) :
Mme Anne-Véronique Noblesse a présenté son
travail en tant que logopède formée à l'ABA et au PECS®, travaillant une bonne
partie de son temps avec des enfants autistes et depuis peu avec un adulte
autiste.
Premièrement, si l'enfant ou l'adulte est non
verbal, son travail va consister à travailler tous les pré requis à la
communication tels que le regard, le pointage, l’interpellation, ... Elle va
aussi évaluer s'il est possible de développer les vocalisations en travaillant
de manière intensive les imitations vocales. En parallèle, elle va mettre en
place une communication alternative tels que le PECS® (via classeur ou
tablette) afin que le jeune puisse très rapidement trouver un moyen pour
s'exprimer.
Lorsque l'enfant ou l'adolescent est un peu
verbal, elle va favoriser les vocalisations et mettre le paquet sur leur
développement. Il n'y aura théoriquement pas de mise en place de communication
alternative.
Lorsque l'enfant est verbal, elle va renforcer
les points de langage qui sont un peu plus faibles (au niveau de la production
ou de la compréhension) car souvent le développement est dysharmonique, surtout
en ce qui concerne les notions plus abstraites. Avec ces jeunes verbaux, elle
va aussi beaucoup travailler tout ce qui est scénarii sociaux à l'aide de jeux
ou d'applications.
La seconde partie de son travail concerne les
interventions ABA. Lors de cette prise en charge, elle ne travaille plus dans
son cabinet mais dans les milieux de vie habituels du jeune (domicile, école et
endroits extérieurs qu'il a l'habitude de fréquenter). Ici le travail est
beaucoup plus global et va du développement d'une communication adaptée à la
gestion des troubles du comportement en passant par le développement de
compétences scolaires mais aussi psychomotrices, etc. À l'école, Madame
Noblesse va accompagner le jeune afin qu'il puisse suivre les mêmes cours que
ses pairs, favoriser son intégration au sein de la classe et guider les
instituteurs pour une meilleur compréhension de l'autisme.
Madame Noblesse a insisté sur le rôle des
parents par rapport à son travail car ce sont eux qui sont le plus souvent avec
leurs enfants et c'est important qu'ils puissent poursuivre les apprentissages
en dehors des séances. Madame Noblesse travaille (à l'école et à la maison)
avec les trois enfants autistes légers de Mme Sarah Godfroid.
Mme Aline Boiteux, neuropsychologue et sœur
d'un adulte avec autisme, nous a également fait part de son travail avec les
enfants autistes.
Elle s'occupe avant tout de rediriger les
enfants vers d'autres thérapeutes après un bilan : kinésithérapeute,
logopède,..
Elle fait également des tests de QI souvent
demandés pour un remboursement en logopédie par exemple. A ce propos, elle
disait qu'il fallait tenir compte de la spécificité des enfants autistes et que
les tests leur soient adaptés. Par exemple, pour voir si un enfant a une bonne
mémoire visuelle, si vous employez une série de visages, les résultats seront
sans doute biaisés.
Madame Boiteux va régulièrement dans les écoles
pour rencontrer les instituteurs afin de suivre l'évolution des enfants.
Elle disait qu'il était bon de travailler bien
sûr les difficultés de l'enfant mais, aussi ce que l'enfant aimait faire et
faisait bien, que cela l'aidait pour sa propre estime de lui-même. Par rapport
au niveau des objectifs, elle disait qu'il était important de les réévaluer
constamment en fonction de l'évolution de l'enfant.
Elle a également insisté sur le fait qu'il
était bon de stimuler l'enfant mais qu'il ne fallait pas d'excès non plus dans
l'autre sens car certains enfants ont trop d'activités extra-scolaires ce qui
les fatigue beaucoup. On risque alors des troubles du comportement dû à cette
fatigue.
Lien
vers la présentation de Mme Boiteux.
Après les présentations, cela a été l’occasion
pour les nombreux professionnels de poser des questions par rapport à leur vécu
dans le cadre de leur travail : en tant que kiné dans une école spéciale, que
travailler avec un enfant autiste ? Nous avons de gros soucis de comportements
avec un adulte autiste au sein de notre établissement, pouvons-nous employer
l'ABA afin d'améliorer ces comportements ? À qui s'adresser ?
Une maman regrettait le manque d'informations
par rapport aux paramédicaux formés à l'autisme et se demandait où trouver des
gens compétents. Elle souhaiterait qu'une liste soit établie par l'APEPA et
disponible pour les parents.
[NDLR :
certaines listes existent déjà ; voir :
Des parents nous ont interpellés par rapport
aux traitements médicamenteux qu'un médecin leur a recommandé pour leur jeune
fils avec de l'autisme léger. Nous les avons plutôt orientés vers les méthodes
comportementales tels que l'ABA.
Tout le monde regrettait le manque de formation
initiale à l'autisme dans le monde médical, paramédical et pédagogique. Seule
une jeune logopède en avait eu au cours de sa formation. Les gens présents à
l'atelier souhaiterait qu'une formation poussée en ABA soit organisée en
Belgique francophone afin de pouvoir se former à l'autisme.
[NDLR :
Nous espérons que cette formation voie bientôt le jour. En attendant, voir les
nouveaux certificats universitaires délivrés par l’UMons, Sciences
psychologiques et de l’Éducation :
20h :
Spectacle : « Le Bal des Pompiers » de et par Laurent Savard :
Lire ici
la critique.
Journée
du 3 décembre 2016 en photos :
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