Étaient
prévus : la diffusion de 2 films, « Presque comme les autres » et « Le cerveau d’Hugo »,
entre les 2, un débat.
J'ai
visionné ce débat hier (j'avais déjà vu les 2 films). J’y ai trouvé de bons
débatteurs, pas trop coupés par un animateur compétent.
Une petite rectification à faire peut-être par rapport à ce qui a
été dit : l'autisme est un trouble neuro-développemental, la situation de
handicap intervient lors de la confrontation de ce trouble avec un
environnement inadapté.
Une
maman extraordinaire (comme le sont souvent les parents d’enfants
extraordinaires !), un président de collectif d’associations, une
charmante jeune femme, atteinte du syndrome d’Asperger, avec cette prosodie si
particulière bien révélatrice de son syndrome, une ministre en charge du
handicap, un professeur d’hôpital, une enseignante spécialisée responsable d’une
unité d’enseignement en maternelle autisme et l’interprète du 1er
film, composaient ce panel intéressant.
Le
retard de la France, la mainmise de la psychanalyse sur l’autisme, l’errance de
diagnostic, l’absence d’interventions recommandées, de formations adéquates, la
déscolarisation, les signalements abusifs à l’aide à l’enfance, la situation
tragique des adultes : tout le bilan y est passé, sans compromis.
On
a pu voir que tous étaient à peu près d’accord sur ces points, y compris que le plan autisme 3 avait comme ligne de suivre les recommandations
de la Haute autorité de santé en matière d’interventions mais que, sur le
terrain, leur application restait très problématique. La ministre a rappelé que
les recommandations pour les adultes étaient en cours, Autisme France y participe.
Surtout,
tous reconnaissaient que la seule véritable avancée du plan autisme consistait
en la création des unités d’enseignement en maternelle autisme, prévues au nombre de 100 mais qui
seraient 110 l’année prochaine. Hélas, c’est bien trop peu pour répondre à tous
les besoins, mais cela prouve que c’est possible.
Je
vois parfois sur les réseaux sociaux que ces unités sont décriées, par rapport
au fait qu’elles ne scolarisent pas les enfants dans les classes ordinaires. C’est,
à mon humble avis, un faux procès.
Tout
d’abord, ces unités s’adressent à un public d’enfants considérés comme « non-scolarisables »
(avec des déficits ou des troubles si importants qu’une scolarisation, même
avec un accompagnant à plein temps, serait impossible). Elles se trouvent dans
l’école, et c’est l’enseignant qui en est le maître d’œuvre, et non pas le
personnel du médico-social qui est dans cette classe.
Car
nos enfants ont besoin d’éducateurs, d’orthophonistes, de psychomotriciens,
etc. Et ces métiers (à mon grand regret d’ailleurs) dépendent en France du
médico-social, et non pas de l’Éducation nationale, comme en Belgique.
Ils
sont en tout 7 adultes pour 7 enfants, du 1 pour 1 (avec un minimum d'équivalent temps plein de 0.7), sans qu’un adulte soit
dévoué à un enfant en particulier, mais pour que tous les enfants bénéficient
des différentes interventions, afin de favoriser l’apprentissage de l’autonomie.
De
plus, sur certaines périodes (récréations, cantines, sorties scolaires…) voire
certains cours, ces élèves se retrouvent avec les élèves des autres classes.
Enfin,
dès que leurs progrès l’ont rendu possible, les enfants sont scolarisés dans
les classes ordinaires. C’est le but de ces interventions intensives précoces.
Maintenant,
je pense avec émotion à l’enfant qui a inspiré ces classes. Celui qui n’était
pas du tout comme les autres, et qui, grâce à un dispositif spécialisé en
enseignement maternel dans un autre pays, l’est devenu. Presque. Aujourd’hui,
il est en voyage scolaire pour les vacances de Pâques. Avec ses copains
ordinaires, sans aide, sans qu’ils se soient même aperçus de sa différence.
Et
il va au collège, sans aide, il est même parmi les meilleurs élèves de son
école, une école pourtant réputée difficile, que les parents d’enfants à haut
potentiel de la région choisissent pour cette raison, mais très ouverte à la
différence.
Quand
Wolfgang reviendra, je lui expliquerai que, grâce à lui, des centaines d’enfants
en France et leur famille ont bénéficié d’une chance.
Puisse
qu’un jour, il puisse enfin être fier de sa différence, et non plus en avoir honte.
Mon extra, extra-ordinaire fils.
4 commentaires:
Très beau message... merci à Wolfgang et à sa maman !
Brigitte et Thomas 10 ans
Merci !
Je me demandais quelle prosodie particulière? Il est vrai que je ne fais pas attention, je trouvais sa prosodie très rapide justement, trouviez vous que sa voix était particulièrement monocorde?
Bonjour, oui je l'ai trouvée un peu monocorde. La personne qui regardait auprès de moi n'a pas accroché, évidemment personnellement cela ne m'a pas dérangé du tout.
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