Dans
le cadre de la préparation du plan autisme 3 qui devrait sortir le 2 avril, journée mondiale de sensibilisation à l’autisme,
Mme Marie-Arlette Carlotti, Ministre déléguée aux personnes handicapées, a
effectué un voyage en Belgique, pays renommé pour sa prise en compte de l’autisme, notamment au niveau de l’enseignement.
Tout
d’abord, la délégation ministérielle, composée de Mme Carlotti, de membres de
son cabinet, de Mme Martine Pinville, députée, Présidente du Conseil National Autisme, Mme Agnès Marie-Egyptienne,
Secrétaire Générale du Comité Interministériel du Handicap, du Député des
Français du Benelux Philip Cordery,
très engagé dans la cause du handicap et en particulier de l’autisme, et des associations chargées du suivi de l’accord-cadre franco-wallon
concernant les personnes handicapées françaises hébergées en Belgique
à savoir entre autres : le CFHE,
Autisme-France
et APIM-HF,
ont visité un centre d’hébergement pour
adultes.
Reportage vidéo sur la visite dans cet établissement pour adultes avec autisme et
handicap mental associé.
À l’occasion de cette visite, les associations françaises
et belges ont remis un texte commun :
Tandis
que Mme Carlotti déjeunait avec Mme Viviane Reding,
le reste de la délégation déjeunait à la Résidence de France avec
MM. l’Ambassadeur, le Consul, les Conseillers pour l’Enseignement
Spécialisé de La Ministre de l’Enseignement Obligatoire de la Fédération
Wallonie-Bruxelles Mme Marie-Dominique Simonet, le responsable du service hébergement de l'AWIPH (Agence Wallonne pour l'Intégration des Personnes Handicapées) et moi-même qui représentait des associations belges du handicap et de l’enfance,
associations du handicap que je représente auprès des fédérations des associations de parents d’élèves qui
siègent au Conseil Supérieur de l’Enseignement spécialisé.
La
visite se poursuivit par celle de l’école fondamentale (c’est-à-dire maternelle
et primaire) et secondaire Schaller à
Bruxelles. École spécialisée pour enfants
avec autisme (classes à pédagogie adaptée TEACCH) et polyhandicap (classes à pédagogie adaptée
conductive Petö).
La
délégation fut impressionnée par l’épanouissement
sur les plans personnel et pédagogique
des enfants et aussi qu’on pouvait disposer de ces structures au sein même de l’Éducation
Nationale, et dont les personnels dépendent entièrement, qu’ils soient
enseignants, éducatifs, paramédicaux.
Hélas,
la délégation ne disposait pas du temps nécessaire pour visiter nos classes réellement
inclusives, c’est-à-dire des classes ordinaires dans des écoles ordinaires mais
avec un quart des élèves présentant des besoins
éducatifs particuliers, encadrés par un binôme d’enseignants dont l’un
est spécialisé, mais je remis en main propre à la ministre le reportage qui en
avait été filmé. Et que vous pouvez visionner ici à partir de 15’50’’.
Le
soir, nous eûmes un debriefing à l’ambassade. Le lendemain, la délégation
assistait tôt le matin à une présentation de la Fondation SUSA (Service
Universitaire Spécialisé pour personnes avec Autisme), co-fondatrice de Participate-Autisme,
puis repartait achever sa visite à Arras.
Quelle
influence peut avoir cette visite sur le
plan autisme ? Même si la visite a enthousiasmé la délégation ministérielle,
Mme Carlotti aura fort à faire pour convaincre les autres partenaires : ses
collègues, (Vincent Peillon, la ministre déléguée à la réussite scolaire, Mme
Pau-Langevin, Mme Marisol Touraine à la Santé), les responsables de l’Éducation
Nationale, les syndicats, les mandarins tenants de la médecine psychiatrique…
Beaucoup des derniers cités ne sont pas prêts à lâcher « les poules aux œufs
d’or » que représentent les enfants avec autisme confinés dans le secteur
psychiatrique ou médico-social, tandis que, ne réalisant même pas qu’ils se livrent à la plus insupportable
discrimination qui soit, passible de poursuites judiciaires, certains cadres de
l’Éducation Nationale se font leurs complices.
Et
ce n’est pas un problème de budget : scolariser efficacement et dignement
ces enfants serait bien moins onéreux que de maintenir le système actuel
de prise en compte sanitaire. Bien plus
efficace, bien plus respectueux de leurs droits et humain. Pour, qu’enfin, ils
aient droit eux aussi à un avenir…
Je
souhaite donc beaucoup de force et de courage à Mme Carlotti, qui n’en manque
cependant pas, mais surtout qu’assez de personnes dans les instances aient
envie, elles aussi, que le plus grand
scandale sanitaire que la France ait jamais connu : la tragédie de ses enfants
avec autisme, cesse enfin.
8 commentaires:
Intéressant !
Pour l'avoir vue une seconde fois lors d'une conférence sur l'avenir de l'école, je peux dire que l'actuelle ministre déléguée à la réussite scolaire (George Pau-Langevin) a plutôt l'air de bien s'entendre avec Carlotti ; Pas de problème de ce côté-là, donc.
Au cours de cette réunion avec d'autres "experts", la question de l'autisme n'a hélas été évoquée que deux fois d'une façon extrêmement brève, néanmoins j'ai l'impression qu'il est maintenant possible d'évoquer ce sujet sans que la question ne soit expressément posée, ce qui laisse suggérer qu'il y a progrès et que le sujet n'est plus aussi tabou qu'auparavant (la deuxième fois, c'était pour rappeler un engagement en faveur du dépistage précoce, un sujet maintenant consensuel mais qui ne suffira pas à lui seul). Je ne connais pas la position de Vincent Peillon en revanche, mais celui-ci devrait se rendre compte que l'idée d'inclusion est hautement compatible avec son intention de refonder l'école...
Sinon, toujours lors de cette réunion, les "experts" en question semblaient être plutôt orientés psychologie scientifique (neurosciences, etc) ; d'ailleurs, ils ont fait passer des questionnaires dans des écoles pour évaluer le bien-être des enfants, mais ils ont eu beaucoup de difficulté à le faire parce qu'on leur a répondu que "l'école n'a pas à s'occuper du bien-être des enfants" ! Cette anecdote m'avait carrément choqué, lors de cette conférence. Juste un autre exemple de ce qu'il faudrait revoir dans notre système éducatif...
Si problème il y a, je pense donc qu'il doit plutôt venir des hauts fonctionnaires des secteurs de la santé et de l'éducation, très attachés au statu quo ; les négociations à ce sujet seront difficiles, certainement.
Merci Antoine pour ce commentaire qui apporte un éclairage très intéressant.
Et pour l'anecdote qui en dit long...
J'ai aussi trouvé ça :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/10/17102012Article634860460553435567.aspx
Merci mais même si elle est nécessaire la professionnalisation des AVS ne sera pas suffisante.
Formation des enseignants, intervention du personnel paramédical à l'école... il y a beaucoup à faire
Tiens au fait, j'ai retrouvé la vidéo de la conférence en question :
http://www.dailymotion.com/video/xy63zo_soiree-debat-sur-l-avenir-de-l-ecole-avec-la-ministre-deleguee-a-la-reussite-educative-george-pau-la_news#.UVHfwheQU7t
Les bonnes intentions affichées alors en ont un peu pris un coup depuis avec l'affaire de l'amendement 274, mais on verra bien, continuons à espérer...
(ah oui au fait : si vous ne voulez pas vous embarrasser, vous pouvez aller directement à 1 h 15 de la vidéo)
(le reste n'est pas non plus dénué d'intérêt, remarquez... J'étais arrivé en retard, et j'avais zappé toute la première demi-heure)
Merci !
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