Monsieur
le Président,
J’ai
regardé votre interview par les journalistes du Papotin.
Si mon
époux et mon fils autistes vous avait rencontré, ils vous auraient décrit ces
familles désespérées par le système français qui veulent se réfugier en
Belgique.
Dois-je
vous rappeler la promesse, qu’alors candidat aux élections présidentielles de
2017, vous aviez faite lors de votre carte blanche du débat d’entre-deux tours ?
« Je
ne veux plus de personnes en situation de handicap qui soient sans solution. Je
créerai tous les postes d’auxiliaires de vie scolaire pour que les enfants en
situation de handicap puissent aller à l’école. Je créerai les postes et les
structures pour que les enfants, en particulier les jeunes autistes, n’aient
plus à aller à l’étranger pour pouvoir être en centre lorsqu’ils sont obligés
de l’être. »
Je
l’avoue, enthousiaste, j’avais voté pour vous, j’avais même adhéré à votre
mouvement.
Un
quinquennat et quelques mois plus tard, Présidente de l’Association pour les
Français en situation de handicap en Belgique, je tire une fois de plus
l’alarme. Pour arrêter « l’exil » en Belgique, vous avez créé un moratoire SANS
apporter les solutions équivalentes en France. Et par là-même, vous avez
aggravé le problème.
Je
vous le demande, suspendez ce moratoire le temps de refondre la prise en compte
du handicap en France, les formations, la mentalité, qu’elles deviennent, comme
en Belgique, plus éducatives que médicales, que l’on se base sur les atouts de
la personne plutôt que sur ses déficiences, créez une meilleure acculturation
entre le monde éducatif et le médico-social par des formations initiales et
continues communes, un lexique commun…
Cela
ne peut se faire en un jour, ni même un quinquennat. Commencez donc pour que
les suivants s’en inspirent et qu’un jour, tout le monde puisse avoir une
solution adéquate près de chez soi. Pensez aussi à ces frontaliers qui
partagent le même bassin de vie et dont l’accueil dans le pays voisin ne pose
aucun problème éthique. Pensez à ces personnes qui sont là depuis des décennies
et qu’on ne peut déplacer comme des objets.
Pensez
à ces adultes français qui, en raison du moratoire, n’ont pas de solution ou
bien sont maintenus dans leur établissement pour enfant au détriment des
enfants suivants qui n’ont pas de place… Des listes d’attente de plusieurs
années, est-ce éthique ? Hospitaliser en psychiatrie une personne en situation
de handicap, la mettre sous camisole chimique, sous contention, à l’isolement,
est-ce éthique ?
Poser
la question, c’est y répondre.
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