Si même l’armée lâche Mila…
Aujourd’hui,
on sait que la France a perdu la guerre.
Cela
faisait des décennies qu’elle avait abandonné les cités aux voyous et aux islamistes.
Est-ce
normal que pour protéger un ami d’origine maghrébine, j’ai dû l’appeler par un
prénom italien quand deux « barbus » sont entrés dans la cafétéria où
il mangeait son plat de charcuterie, en lui jetant un regard meurtrier ?
Et cela fait presque 30 ans…
Est-ce
normal que médecins, pompiers, policiers, n’osent plus rentrer dans les cités,
que leurs habitants démunis doivent vivre sous le joug d’une voyoucratie et d’extrémistes
qui prétendent partager la même religion qu’une partie de ces habitants ?
Mais
que fait l’armée qu’on envoie combattre à l’étranger pour des raisons
économiques tandis qu’elle n’est même pas capable de protéger une gamine en son
propre sein, sur son propre territoire ?
Aujourd’hui,
on sait. Personne n’est à l’abri. L’armée a battu en retraite. La France a perdu.
Comme
disait Bertolt Brecht : "celui qui ne combat pas a déjà perdu".
Lettre aux lâches par le père de Mila :
« Depuis des mois, je
dois me taire, je dois courber l’échine pour protéger ma famille et permettre à
Mila de rester à l’école. En janvier dernier, Mila qui en avait assez de se
faire insulter au nom d’Allah, a répliqué ; depuis, une partie de la population
s’est acharnée sur elle, une autre partie a fait comme depuis 30 ans, elle a
appliqué le « oui mais ». Un certain nombre de républicains, heureusement, nous
soutiennent au quotidien, car sans eux nous serions au fond du trou.
Notre fille, pourtant
victime, a été de fait conduite à quitter son lycée, alors même qu’elle n’a
fait qu’exercer son droit de critique d’une religion, comme a pu le constater
le Procureur de Vienne (quelques jours après la vidéo du 18 janvier). Ainsi,
c’est la victime qui était condamnée.
M. Blanquer (ministre
de l’éducation nationale), Mme Schiappa (alors secrétaire d’État à l’égalité
entre les hommes et les femmes) et bien d’autres ont essayé de nous aider à
trouver une solution pour rescolariser Mila. En début d’année, une partie de
l’Éducation Nationale a mis l’affaire Mila sous le tapis ; aucun élève de son
ancien établissement, dont certains avaient pourtant été identifiés suite à des
menaces, n’a jamais été sanctionné. Nous avions été contactés par d’anciens
parents d’élèves qui avaient dû, eux aussi, retirer leurs enfants de ce lycée
pour des raisons similaires ; comme beaucoup d’établissements en France, le
lycée Léonard de Vinci de Villefontaine (où Mila était scolarisée) a occulté
les problèmes pour ne pas faire de vagues.
L’internat militaire
dans lequel Mila a finalement été accueillie bon gré mal gré, lui a imposé
depuis le début une ligne de conduite impossible à tenir. L’ancien colonel en
responsabilité nous avait expliqué que la présence de Mila sur le site représentait
un risque pour les autres élèves ; sachant que sa présence ne resterait pas
longtemps secrète, il souhaitait que Mila ne communique plus sur les réseaux
sociaux. Pour reprendre l’expression d’une ancienne ministre, Laurence
Rossignol, « C’est comme si on demandait à quelqu’un qui s’est fait agresser
dans la rue de ne plus jamais sortir ». Les réseaux sociaux sont pour les
jeunes d’aujourd’hui, ce que le téléphone était pour nous il y a 30 ans, et
même bien plus.
Depuis le début, à
chaque publication de Mila sur les réseaux, même insignifiante, nous avions le
plaisir d’être appelés par le colonel pour nous faire la morale et le Capitaine
responsable de l’internat a dit à plusieurs reprises à Mila que ses parents
étaient irresponsables de la laisser encore communiquer sur les réseaux
sociaux. Les responsables savaient tous que beaucoup d’élèves avaient
communiqué sur la présence de Mila au sein de cet établissement mais malgré
tout, notre fille a fait l’objet d’une pression incroyable, et elle s’est petit
à petit crispée au point que sa vie dans cet établissement est devenue une
contrainte.
Pour des raisons de
santé (opération bénigne), Mila a dû rester à son domicile quelques semaines et
ses réseaux sociaux ont continué à être surveillés par son école. Dix jours
après un live et quatre jours avant son retour au lycée, le colonel a demandé à
nous rencontrer en présence de membres de la direction du lycée et du
professeur principal, pour parler sécurité ; il nous a annoncé que Mila avait
prononcé le nom de l’établissement dans un live (une vingtaine de personnes
assistaient à ce live). En réalité, un élève de son internat était présent dans
le live, et Mila lui a demandé s’il était toujours dans ce lycée. Comprenant sa
gaffe, elle a rapidement changé de sujet. Mais le prétexte était tout trouvé
pour évincer Mila, au motif qu’elle mettait en danger tout l’établissement. Le
Colonel a reconnu que Mila n’avait pas fait cela intentionnellement, mais il a
maintenu qu’elle devait rester à la maison en suivant sa scolarité à distance.
« Ce constat est pour
nous un film d’horreur »
Voilà comment on s’est
débarrassé de Mila au premier prétexte trouvé. Voilà qu’une victime de menaces
de mort se voit exclue de son lycée en France en 2020 pour avoir commis le crime
de mentionner son nom dans une conversation privée épiée par des militaires qui
ne veulent plus assumer le risque de l’accueillir et de la protéger. Ce constat
est pour nous un film d’horreur. Si l’armée ne peut pas protéger Mila et lui
permettre de poursuivre sa scolarité, que pourrions-nous faire, nous ses
parents, pour la protéger ?
J’ai signifié au
Colonel que l’hypocrisie s’arrêtait là et que je ne souhaitais plus discuter,
qu’ils avaient trouvé une raison pour se donner bonne conscience, que je leur
souhaitais de bien dormir.
Je suppose que la
pression des parents d’élèves, de certaines personnes du corps enseignant, a
été trop forte, mais je suis effondré par autant de démission et de lâcheté.
Après l’Éducation Nationale, c’est maintenant l’armée qui renonce à scolariser
une gamine de 17 ans. Trop dangereux, trop de contraintes.
Ce ne sont pas nos
concitoyens qui sont dénués de courage mais encore une fois, comme depuis trop
longtemps, les institutions, armée comprise. Alors à quoi bon continuer à se
battre si on en est arrivé à ce point de renoncement ?
J’ai beaucoup de
respect pour les militaires en opération, mais au bal des planqués, rien n’est
plus important pour certains, apparemment, que de retrouver leur tranquillité.
Depuis l’assassinat du
Professeur Samuel Paty, une partie de la classe politique se réveille, beaucoup
d’autres souhaitent remettre la poussière sous le tapis pour ne pas éclabousser
leurs certitudes et leur bien-pensance.
Quoi qu’elle fasse,
Mila sera en danger. Elle passe des mois à publier des choses futiles sur les
réseaux sociaux, à parler de maquillage et de chansons… et en permanence des
milliers de personnes qui ne vivent que dans la haine la menacent, l’insultent
et quand, après quelques mois sans réaction de sa part, elle s’autorise une
riposte, les hypocrites disent qu’elle rallume le feu. Et on nous explique que
cette jeune fille qui n’a strictement rien fait d’illégal devrait se taire à
jamais même pour parler de maquillage ou pour chanter. Mais de quel droit et au
nom de quoi ? Faut-il aussi qu’elle s’interdise de sortir de chez elle, ce qui
est à peu près le cas, sinon elle serait en faute ? Faut-il qu’elle change de
pays pour que tout le monde ait bonne conscience ? Nous n’en avons pas la
possibilité sinon nous l’envisagerions. Pour elle en tout cas la scolarité,
c’est fini. On ne la traitera plus comme une bête de foire dont on ne cherche
qu’à se débarrasser.
Mila est partie vers de
nouveaux horizons pour sa protection mais elle sera continuellement en danger
et elle ne se soumettra jamais, contrairement à vous, Colonel et à tant
d’autres. »
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