Hier, j’ai été interviewée
dans le journal « La Province » au sujet des Français en situation de
handicap en Belgique et les récentes dispositions prises par le gouvernement français
pour stopper les départs « non volontaires » en Belgique.
Le thème principal de l’article
était que la nouvelle ministre Christie Morreale veut faciliter le maintien à
domicile, ce dont on ne peut que se réjouir. Cela ne m’étonne pas de la ministre,
que j’ai déjà connue très soucieuse des personnes en situation de handicap lors de son activité de sénatrice.
Son cabinet a été interrogé au
sujet des conséquences sur l’emploi en Wallonie si les Français se retiraient,
j’ai reçu la même question. Le cabinet ne pense pas que cela aurait de l’influence,
car les rapatriements ne sont pas envisagés, plutôt l’arrêt du flux.
Ayant décortiqué le rapport du groupe de travail de la Conférence nationale du handicap sur les
Français de Belgique dans cet avis, je ne suis pas aussi catégorique : il est bien noté qu’il y
a et qu’il y aura des retours en France, que ceux-ci seront même prioritaires. Évidemment,
la France est dans l’impossibilité d’effectuer un retour massif, donc cela n’a
jamais été à l’ordre du jour.
Le gouvernement français dit
que les retours sont sur base de volontariat, ce dont je doute très fort,
beaucoup de familles que nous suivons à l’AFrESHEB désirant obtenir ou
maintenir une solution en Belgique voyant cette demande refusée sans rien d’équivalent
en France.
Il faut aussi prendre en
compte les départs pour diverses raisons qui ne seront plus remplacés (environ
200 places par an se libèrent ainsi).
De plus, et c’est bien lisible
dans le rapport, le gouvernement français veut tirer les prix de journée vers
le bas, tout en exigeant des établissements, même anciens, la qualité qu’impose
le décret wallon de mai 2018, notamment en termes d’infrastructures. Si l’on
peut se réjouir de voir enfin le gouvernement français soucieux du sort de ses
compatriotes, on peut se demander comment les établissements vont résoudre la
quadrature du cercle en devant investir des millions avec un prix de journée
sans cesse à la baisse. Et l’on peut s’interroger si ce n’est pas une manœuvre pour
faire mettre la clé sous la porte à ces établissements. Je ne m’étonnerais plus
de rien quant aux intentions du gouvernement français.
Le rapport ne cache pas que
les Français hébergés en Belgique présentent des besoins importants, pour lesquels
les établissements français sont bien démunis.
Il est temps que les associations
gestionnaires françaises s’interrogent sur les moyens investis, notamment au niveau
des formations, plutôt que, (sauf pour quelques rares idéalistes) de continuer
à faire « leur marché » en sélectionnant les personnes les plus performantes
et se « débarrassant » en Belgique
des autres, ce qu’il faut bien reconnaître.
Ces associations
subventionnées sont pourtant les premières à hurler contre « l’exil »
en Belgique, sans apporter d’aide à leurs familles pourtant cotisantes qui se
tournent vers la Belgique et donc l’AFrESHEB où elles se sentent bien plus
soutenues.
500 millions d’euros qui
partent chaque année en Belgique, 5200 emplois générés, bien sûr que c’est quelque
chose, mais il faudra savoir s’occuper de ces personnes… ce qui est loin d’être
le cas à l’heure actuelle !
La question principale du
refus de choix en Belgique sans solution équivalente en France est la plus préoccupante
pour nous. On aurait pu espérer, avec les promesses du débat d’entre-deux tours
du candidat Macron, que les solutions soient trouvées en France pour que les
personnes n’aient plus à choisir l’exode.
Je regrette donc que l’article
se soit plutôt focalisé sur l’emploi (même si c'est une question importante) mais j’ai tout de même pu expliquer que,
sans Français, il y aurait encore moins de places pour les Belges, puisque ces
établissements génèrent des places aussi pour eux et rétablir ainsi une vérité
quand certaines associations belges laissent croire au public que les Français « prennent
la place » des Belges.
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