jeudi 9 février 2017

Les humains malades de leur égocentrisme

Adapté librement de Jean de La Fontaine,
« Les animaux malades de la peste ».

Un mal qui répand l’injustice
Et que la nature n’accorda comme vice
Qu’aux humains sur cette Terre :
La soif de pouvoir (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable de permettre toutes les trahisons,
Faisait aux altruistes la guerre.
Ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient touchés :
On n'en voyait point d'occupés
À se dépêtrer d’un manipulateur pervers ;
À se heurter à un plafond de verre.

Despotes et cupides épiaient
Tous ceux qui pourraient être leur proie
Les amis se mentaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Les commérages pour conseil, et les ennemis
De ses ennemis pour amis
Cherchant gloire et fortune
Pouvoir et honneur
Rien n’arrêtait leur rancœur
Envers ceux qui contre eux faisaient cause commune.

L'histoire nous apprend qu'en de tels événements
Certains font de pareils dévoiements :
Ne les flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de leur conscience.
Combien, satisfaisant leurs appétits gloutons
Ont tondu force moutons ?
Que ces derniers avaient-ils fait ? Nulle offense :
Si ce n’est qu’ils étaient crédules,
Et à diriger, faciles.
Et permettez-moi de rajouter que je pense
Que les Malsains préféraient au Royaume des Aveugles être Borgnes Rois ;
Maîtres en chaumière que serviteurs à une Cause
Dussent-ils faire la cinquième roue du carrosse
De la population dont ils étaient censés défendre les droits !

Les scrupules leur paraissent inutiles délicatesse ;
Eh bien, tondre moutons, piétaille, sotte espèce,
Est-ce un péché à leurs yeux ? Non. Ils pensaient ces Seigneurs,
En les tondant, leur faire beaucoup d'honneur.

Présentant leurs opposants
Comme dignes de tous maux,
Leur attribuant leurs propres défauts :
Dont soif de pouvoir et d’Empire.
Ainsi dirent les Manipulateurs, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
De leurs lieutenants, presque aussi populaires
Les moins pardonnables manières.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples petites mains,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.



L'Innocent vint à son tour et dit : « J'ai souvenance
D’avoir œuvré à la cause en collaborant
Avec dirigeantes instances
Que j’en fus honoré
Et pour sensibiliser la cause
Cette distinction je l’acceptai. »
À ces mots, on cria haro sur la chose !
Un habile perfide prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Collaborer pour la gloire ! Quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez sincère honnête ou menteur mielleux
L’opinion publique vous fera Diable ou Dieu.

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