jeudi 9 décembre 2010

Pizza de PISA (2)

Communiqué de presse de la Ligue des droits de l'enfant (Belgique)

PISA : Pas vraiment de quoi nous réjouir !

Ce mardi, d'aucuns se réjouissaient de la progression de la Belgique dans le classement PISA. Si celui-ci est réjouissant (la Belgique occupe le 11e rang sur 64 pays), il est essentiellement dû aux résultats de la Communauté flamande et, dans une moindre mesure, de la Communauté germanophone. Les quelques progrès que la Communauté française a réalisés en lecture (+14 points) ne doivent pas occulter les difficultés qui s'agrandissent en mathématiques et surtout en sciences.

1. Notre système scolaire reste parmi les plus inefficaces de l'OCDE et est surtout le plus discriminatoire de tous.

Il broie chaque année de plus en plus d'élèves. Le redoublement et les orientations précoces (avant la fin de la 4e secondaire) sont en augmentation constante, l'abandon scolaire est dramatique et on expulse les élèves des écoles de plus en plus rapidement. Chaque année, ce ne sont pas moins de 100 000 élèves qui sont victimes de l'échec de l'école (60 000 redoublements annuels - 13 000 en primaire et 47 000 en secondaire - 17000 orientations précoces vers le technique ou le professionnel, 20 000 abandons et 2 500 renvois).  En outre, on sait que :

  • Les systèmes scolaires qui ne pratiquent pas le redoublement sont les plus efficaces et obtiennent les meilleurs scores aux tests internationaux. Ceci démontre assez que la suppression du redoublement accompagné de remédiations immédiates favorise le nivellement vers le haut de tous les élèves ;
  • Au plus le tronc commun est long (jusque 16 ans), au plus les systèmes scolaires sont équitables. Notre tronc commun se limite à 12 ans (fin du primaire : le premier degré du secondaire est, en fait, un tronc commun différencié. Il ne permet pas à tous les élèves d'acquérir des savoirs et savoir-faire de base communs à tous et participe de la discrimination entre populations scolaires) ;
  • Le fossé entre écoles à population socialement favorisée et celles concentrant les élèves présentant un indice social faible est énorme.



2.  Notre exigence : Une révolution copernicienne rapide.

Il est temps que le politique cesse ses "réformettes" de législature en législature. La grande majorité des élèves - nous estimons la proportions d'élèves discriminés à 70 % - ainsi que de nombreux enseignants - 4 enseignants sur 9 abandonnent l'enseignement durant leurs 5 premières années professionnelles - sont en souffrance. Il est de plus en plus urgent de changer radicalement le système éducatif. Les solutions sont connues. Nous attendons donc des réformes radicales qui visent à créer une véritable école inclusive à savoir :  (L'école inclusive est l'école pour tous, quelles que soient les difficultés d'apprentissage et les spécificités des élèves : sexes, âges, origines, milieux sociaux ou culturels, spécificités physiques ou mentales,...). Pour plus d'informations sur l'école inclusive, lire la Déclaration de Salamanque).

  • Une véritable hétérogénéité scolaire ;
  • La lutte contre le quasi-marché scolaire ;
  • Un vrai tronc commun jusqu'à 16 ans (à tout le moins ! La CIDE impose l'éducation sur base de l'égalité des chances pour tous les enfants, soit jusqu'à 18 ans).
  • La remédiation immédiate et la spécialisation des enseignants dans les difficultés d'apprentissage ;
  • Une réelle gratuité ;
  • Une vraie formation psychopédagogique de tous les enseignants (cursus universitaire)
  • L'intégration scolaire de toutes les différences (L'inclusion est synonyme de pratiques pédagogiques adaptées aux difficultés d'apprentissage. De cette manière, elle bénéficie à TOUS les élèves qui ont des difficultés d'apprentissage).



Aucun commentaire: