Nous sommes interpellés par le thème du
Forum qui sera organisé le 10 mai prochain par l’Association de la Cause
Freudienne (ACF), dans lequel elle remet en question le « Plan Autisme »
élaboré par notre Collectif. Ce forum est annoncé par un communiqué signé par d’autres
associations et institutions du secteur de la santé mentale.
Les parents
d’enfants autistes, les personnes avec autisme, et les associations les
représentant revendiquent depuis des années la mise en place d’un Plan Autisme
national et régional. Leur travail de sensibilisation aux situations parfois
dramatiques a amené le monde politique à prendre conscience des carences de
l’Etat belge. La Belgique est en retard par rapport aux pays européens
(exception faite de la France) et de l’Amérique du Nord.
Le Collectif
Autisme a ainsi obtenu que le Plan Autisme soit repris dans les programmes des
partis francophones. La collaboration avec le politique s’annonce donc fructueuse
et il devrait en être de même pour les professionnels de la santé et du
handicap. Le Plan Autisme est actuellement ouvert à la signature et au soutien
de plusieurs autres organisations.
Or, nous sommes atterrés
par la prise de position des signataires du communiqué de l’ACF. De nombreux
professionnels et institutions subsidiés par l’Etat belge s’attaquent à toutes
les références qui jalonnent nos propositions : les travaux internationaux en
matière d’autisme ; les études épidémiologiques rigoureuses faisant état,
et sans appel, de l’augmentation de la prévalence de l’autisme dans le monde
entier ; le Manuel de Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux (DSM)
dont l’équivalent (CIM) est adopté par l’Organisation Mondiale de la Santé ;
l’étude du Conseil Supérieur de la Santé, éminent organe d’avis scientifique de
notre pays ; la validation des pratiques médicales sur base des preuves de
leur efficacité (evidence based practices), méthodologie qui fait consensus dans le monde entier ; les approches cognitivo-comportementales qui
ont sauvé de l’abîme et du surhandicap éducatif tant d’enfants autistes ; les
protocoles d’intervention validés au niveau international ; les progrès de
la génétique et de l’imagerie médicale…
Bref, ce qui se fait dans le monde entier avec
des résultats probants est balayé d’un revers de la main par une levée
de boucliers.
Ces professionnels prétendent soigner la
« souffrance psychique » des personnes avec autisme, vue comme « une
souffrance profonde ou angoisse à l’origine de leur trouble mental ».
Nous sentons avec frayeur les relents des théories psycho-dynamiques de
l’autisme du siècle passé que nous croyions enterrées. L’autisme serait ainsi une
réaction de défense de l’enfant face à des angoisses archaïques ou des
traumatismes précoces (même in utero), voire transgénérationnels. Ces
élucubrations sans fondement, ignorant totalement la démarche scientifique et
les progrès des connaissances en matière d’autisme, ont culpabilisé des
générations entières de parents et empêché les progrès d’autant de générations
d’enfants autistes. De nombreux parents, mais aussi des personnes avec autisme
de haut niveau, en témoignent encore aujourd’hui auprès de nos
associations !
Ainsi, la guerre d’écoles repart de plus
belle autour du Plan Autisme, le plan que nous, parents et associations,
réclamons de toutes nos forces et avons obtenu ! Sur le modèle de la France, des professionnels
risquent à nouveau de s’entredéchirer quant au traitement de l’autisme et de s’enliser
dans une interminable querelle de chapelles, alors que le reste du monde a
tranché depuis belle lurette.
Et cela se joue sans prendre l’avis des
premiers intéressés, les personnes autistes et leurs familles. Nous disons : ASSEZ !
Nous en avons assez que certains professionnels
se positionnent ainsi CONTRE les parents et leurs enfants avec autisme ;
c’est inadmissible et cela contrevient à leurs obligations légales (entre
autres, celle d’actualiser leurs pratiques) pour amener les enfants avec
autisme à acquérir le plus d’autonomie possible.
L’ACF demande « Quel Plan
Autisme ? »
Nous répondons : « Celui pour les personnes
et parents concernés ! ».
- Celui qui
accordera aux familles le libre
choix du type d’accompagnement de leur enfant et qui leur garantira leur
implication active dans celui-ci.
- Celui qui
garantira la bonne utilisation des
deniers de l’Etat en remboursant des traitements fiables et validés,
comme c’est le cas dans tous les domaines des soins de santé.
- Celui qui
exigera une évaluation de toute
pratique et du résultat obtenu, ce qui relève du simple bon sens et de
la bonne gestion.
- Enfin, celui
qui garantira à tout enfant le
respect de ses droits fondamentaux à l’éducation et à l’inclusion sociale.
Une
question majeure d’éthique !
Les membres
du Collectif Autisme et premiers signataires du Plan Autisme :
- AFrAHM
asbl – Association Francophone d’Aide aux Handicapés Mentaux
- APEPA
asbl – Association de Parents pour l’Épanouissement des Personnes avec
Autisme
- Autisme
Liège asbl
- GAMP
– Groupe d’Action qui dénonce le Manque de Places pour personnes
handicapées de grande dépendance
- Grandir
Ensemble asbl
- Inforautisme
asbl
- Les
Briques du GAMP asbl
- Les
Enfants de la Différence de Soignies asbl
- Ligue
des Droits de l’Enfant asbl
- Ligue
des Droits des Personnes Handicapées asbl
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