Taguée par Nemo, je dois répondre à cette immense question. (L'éducation me tient à coeur, comme tout parent, mais aussi en tant que militante pour l'école inclusive).
Deux pensées me viennent à l'esprit :
1) En tant que maman, qu'attends-je d'un enseignant ? :
- Qu'il soit compétent (bien sûr)
- Qu'il soit ouvert. Ouvert à quoi ? : à l'enfant, à ses difficultés, aux moyens de les résoudre (quand l'enseignant en dispose, ces moyens faisant souvent cruellement défaut, particulièrement en France), à la formation continue...
2) Il me paraît juste d'accorder la parole aux enseignants eux-mêmes, j'ai donc posé la question à quelques professionnels de ma connaissance :
- L'instituteur particulier de mon fils, qui lui donne des cours après l'école, a répondu qu'un enseignant devait être "Rigoureux et exigeant". Il l'est, et, indéniablement, au vu des résultats scolaires de notre petit Wolfgang (presque 10/10 de moyenne à toutes les matières), je ne peux que lui donner raison, je crois sans avoir trop de risque de me méprendre que l'hérétique en ferait autant.
- Ma Tante, enseignante à la retraite, a répondu "Autant d'enseignants que de modèles ! Heureusement !" (Il est vrai que l'on ne doit pas répondre à cette question en essayant de décrire des personnalités diverses).
- Mais la réponse qui m'a le plus émue, et j'ai le bonheur de vous en faire part ici, est celle de mon ami, Président de la Ligue des Droits de l'Enfant en Belgique, instituteur lui-même :
Je vais publier la quasi-intégralité de sa réponse, tellement son talent, non dénué d'humour, est une évidence. Dommage qu'il ne blogue pas, je suis sûre qu'il aurait beaucoup de succès (et de choses à nous apprendre) :
[Comment doit être un enseignant ?]
Vaste question !!!
Au premier abord, j'aurais tendance à répondre "grand beau et fort". Mais "petit, laid et malingre" n'a jamais empêché personne d'enseigner.
Un enseignant doit en priorité être bien formé. Trois ans d'école normale sont insuffisants. Je n'ose même pas parler de l'agrégation (...). Aujourd'hui les enseignants ne sont pas formés à la détection des difficultés d'apprentissage, à leur remédiation et à l'individualisation. Résultats : une École de l'échec (ou, plus exactement, l'échec de l'École) et 100 000 jeunes massacrés annuellement.
Il faut donc en faire un spécialiste. C'est le thème de notre prochain colloque du 24 avril prochain. (...)
Il faut, en outre, qu'il soit convaincu par le concept d'éducabilité (TOUS les enfants sont capables), qu'il soit empreint d'empathie pour tous les enfants et en particulier pour ceux qui ont des difficultés, quelles qu'elles soient.
Nous devons former de vrais scientifiques, capables d'appliquer les résultats des recherches en sciences de l'éducation, mais également être un chercheur toujours en mouvement et dont le seul objectif est de favoriser la réussite de tous.
Il doit donc être à la fois Superman, Freud, Piaget, Freinet, (Bernard) Defrance,... et un ardent défenseur des droits de l'enfant.
Je crains un peu de récriminations de certains enseignants à cette lecture. Mais pour avoir bien fréquenté l'enseignement spécialisé et inclusif en Belgique, je peux vous assurer que des enseignants qui ressemblent fort à ce portrait, j'en connais...
Il ne me reste, pour finir le billet de cette chaîne, qu'à taguer 3 "concullègues" en blogging :
Spécialistes de l'éducation, j'en connais, ce sera donc mes amis Sylvain, César, et bien sûr Françoise, à qui je rends ainsi la politesse du tag.
5 commentaires:
Excellent billet, bravo !
Je suis content de t'avoir taguée !
Merci beaucoup, Nemo, le sujet me tient à coeur (mais tout le mérite du billet revient à mes co-auteurs, particulièrement à mon ami Jean-Pierre que je salue ici).
La question ne doit pas être "quel enseignant?" mais "quel enseignement?". Ensuite, les mesures doivent être prises pour l'enseignant dans les meilleures conditions et ça, c'est une autre histoire...
Merci pour la réflexion, mr.
D'ailleurs, je souligne dans l'article que les moyens doivent bien sûr être mis à la dispostion de l'enseignant et Jean-Pierre dénonce le trop peu de formation.
Petite Luciole, tu me vois toute honteuse de ne pas avoir encore répondu à ton Tag qui m'intéresse beaucoup. Prise par d'autres tâches, très en retard sur mes billets, le tien est pourtant en projet, j'aurais dû venir te le dire tout de suite.
J'aime beaucoup ta vision de l'éducation, la façon dont tu présentes ce partenariat -car c'en est un il me semble- entre le prof et l'élève.
Au risque de me faire lyncher, je trouve qu'il n'y pas de "mauvais élèves" mais seulement de "mauvais profs" quelquefois, qui n'aiment pas leurs élèves et ne parviennent pas à leur communiquer le plaisir d'apprendre...
La preuve dans certaines structures, où les élèves sont tous bons quand le prof l'est d'abord, alors que ces mêmes élèves ont de mauvais résultats dans une autre matière. Ne faudrait-il pas dire alors, courageusement, avec les "mauvais profs" ?!!
Grosses bises Isabelle
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