samedi 28 novembre 2009

Les dés-intégrations scolaires ! 20 ans des droits de l'enfant

Salut !

La luciole est de retour de Bruxelles (colloque sur l'éducation). Thème : les dés-intégrations scolaires.

Très intéressant. Tout allait bien, différents intervenants de différents réseaux intervenant (oui je suis d'humeur à l'auto-écholalie, que voulez-vous, après 8h en immersion dans les difficultés de la jeunesse) :

Je vous fais grâce du programme, que vous trouverez dans le lien sur le colloque.

Je reviens sur la "pédagogie nomade" dont la porte-parole de ce jour, enseignante, a commencé par une violente diatribe sur un évènement de la veille (une descente de police chez eux) et pan dans les dents du procureur du Roi de Nivelles, autre intervenant ; un procureur humain, collaborant avec les parents, les écoles, les éducateurs, afin que le moins possible des jeunes dont il a la charge aujourd'hui ne passe plus tard devant le procureur des "adultes". Il y réussit très bien, puisque 90 % de ses "clients" n'ont pas le plaisir de voir cet autre procureur.

Pour vous expliquer le principe de cette pédagogie nomade, vous pouvez toujours suivre les liens. Pour un petit résumé, sachez, en bref, que c'est une "véritable démocratie" qui s'instaure dans ce genre d'école : abolition de l'autorité. Chacun se partage les tâches : ni cuisinier, ni agent d'entretien, etc., dans cette école (une ancienne ferme toujours en cours de rénovation) pour jeunes de 16 à 24 ans, enseignants et élèves mettent la main à la pâte, selon leurs envies, tout comme pour les cours et le reste. Tout le monde discute pour prendre les décisions sur tous les sujets, si on n'arrive pas à tomber d'accord, on laisse tomber pour reprendre la discussion demain.

Pas de notes, etc. Là, j'imaginais tout de suite l'hérétique en pleine crise d'apoplexie, moi essayant de le réanimer... Ah, cette philosophie s'inspire bien sûr, entre autres, de son expert préféré en éducation Meirieu...

Aux côtés de l'enseignante, il y avait un de ses jeunes élèves (18 ans en l'occurence), Mathieu, qui nous expliquait qu'il avait complètement décroché de son école ordinaire (plus d'un an à la maison) et maintenant, qu'il travaillait bien dans celle-ci... C'est sa mère qui lui avait fait connaître cette école.

Ils étaient là, l'enseignante, l'élève, des parents pour nous faire le prosélytisme de leur école, subventionnée bien sûr puisque répondant aux critères exigés pour l'accord de la subvention par la Communauté française... Ils étaient tellement persuadés que leur discours nous porterait à abonder dans leur sens pour voir plein d'écoles "pédagogie nomade" fleurir dans notre plat pays...

Ils ont été quelques peu refroidis par l'assistance. Tout d'abord, ils ont exigé des explications du procureur présent - d'une autre région que leur école située dans le Limbourg - sur le fait qu'un enseignant avait été menotté, les élèves fouillés. Les policiers et leurs chiens avaient trouvé une petite quantité de haschich. Le procureur, calmement, leur a expliqué qu'en principe on ne faisait ce genre d'action qu'avec de solides motifs, et que cela, raconté ainsi par eux, semblait tout à fait heurtant. Cependant, bien sûr, il ne pouvait pas savoir ce qu'il en était de ce dossier.

Certains leur ont fait remarquer aussi que cette école était connue pour avoir (les enseignants) de graves problèmes de manque d'autorité. Ce à quoi, l'enseignante en question a répondu que, parfois, cela prenait un an avant qu'un jeune daigne assister aux cours, c'est difficile, on n'a pas toujours la réponse. Une autre intervenante lui a demandé comment ferait plus tard le jeune confronté à l'autorité d'un patron (par exemple), s'il avait perdu l'habitude de l'autorité ?

Je veux bien que ce soit l'école idéale pour Mathieu, qui admet lui-même que "cela ne fonctionne que si on a soit même de l'auto-discipline". J'ai alors eu une pensée émue pour mon petit Wolfgang, qui, s'il était élève dans cette école, passerait ses journées en pyjama allongé sur son lit à jouer à sa PSP, ne se levant que pour se servir des chips et du coca si l'enseignante ne voulait pas aller lui chercher cela (elle est libre, elle aussi, après tout)...

Je veux bien que cela fonctionne pour Mathieu, mais je pense que ce sont des cas assez exceptionnels, qu'il vaut peut-être mieux cela pour ce genre d'ados que rien du tout, à conditions qu'ils aient assez d'auto-discipline, et qu'il ne faut surtout pas chercher à généraliser ce genre d'expérience.

Notre petit Wolfgang, lui, avec son syndrome d'Asperger, a besoin d'une "main de fer dans un gant de velours", des choses bien délimitées, bien étiquetées, bien chiffrées... J'ai dû engager un "professeur à l'ancienne" pour lui faire faire ses devoirs, qui, sans cette aide, se terminaient en crises de larmes pour lui et Maman...

Je n'avais jamais été confrontée encore en Belgique à ce débat fondamentaux/pédagogique car, ici, on a des obligations, un programme des études qui nous fournit des données strictes à respecter, qui constituent le fond, les méthodes pédagogiques sont plutôt là pour la forme. Ainsi, les méthodes se complètent, ne s'opposent pas. Je dois dire même que pour mon fils, nous avons pu constater avec ses professeurs d'école qu'il valait mieux se concentrer sur les fondamentaux, et ne pas lui laisser la bride sur le cou pour leur application, ses résultats scolaires s'en ressentant immédiatement.

Mais, pour ce colloque, dont le thème était les enfants déscolarisés, le problème était bien sûr tout à fait différent, ceux-ci sortant des circuits habituels, et donc les méthodes employées pour les scolariser à nouveau ont le mérite d'être tentées.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un frisson en pensant aux jeunes gens (enseignants et élèves) de la pédagogie nomade, le haschich trouvé, et toute cette liberté, qu'en pensez-vous ?


4 commentaires:

Isabelle Resplendino a dit…

http://www.actu24.be/article/gouvy_6670_une_prefete_des_etudes_«_deçue_»/378087.aspx

Françoise Boulanger a dit…

Il est certain, La belle Luciole, que c'est un très mauvais service à rendre à un enfant que d'être permissif. Toute personne a besoin de cadre pour se construire, de limites. D'obligations donc de règles. Donner le choix oui, mais dans des propositions cohérentes. Un enfant dont les parents sont des "copains" est forcément déboussolé. Il est prouvé, scientifiquement, que ce sont les frustrations qui nous font agir et rechercher la meilleure solution pour fuir le mal être. Si l'enfant voit toutes ses demandes satisfaites avant même de les avoir formulées, il ne fera aucun effort pour se rendre aimable, instruit, civilisé et sera l'éternel enfant gâté toujours mécontent et nuisible pour la société toute entière. A commencer par... lui-même !
Une seule attitude pour devenir de bons parents ou de bon profs, me semble-t-il : ne pas conditionner son affection aux résultats scolaires ! Et plus tard au montant du salaire !

Isabelle Resplendino a dit…

Je te remercie, Françoise, et ta dernière phrase me donne à réfléchir : jusque-là, j'avais pensé que l'enfant jeune, la notion de son propre avenir matériel lui étant assez absconse, voulait bien travailler à l'école par plaisir pour ce qu'il faisait, et aussi pour faire plaisir à ses parents, peut-être aussi à ses professeurs.
Jamais je n'avais pensé dans le sens inverse : bien sûr que cela me fait plaisir que mon fils travaille bien à l'école, mais il n'y a pas un jour de sa vie où nous n'avons été fier de lui, école ou pas, ce sentiment ne dépendant pas de résultats scolaires ou de réussite professionnelle, mais simplement de l'amour parental.
Mais il est vrai qu'en matière d'amour parental, il n'est pas donné à tout le monde de l'éprouver.

Françoise Boulanger a dit…

Oui cette notion de "mérite à l'amour" m'est venue à l'esprit parce qu'en cette période de chômage intense, la société continue à culpabiliser ceux qui n'ont pas de revenus suffisants, comme si c'était systématiquement de leur faute et qu'ils ne méritaient pas de vivre. Or le travail scolaire ou le travail professionnel devraient comme tu le dis bien n'être qu'un plaisir de se réaliser et de participer solidairement à une activité.
Il se peut que dans certaines circonstances, les résultats ne soient pas ceux escomptés et pourtant chaque personne mérite tout autant de reconnaissance de son existence, qu'elle ait un travail, une bonne santé, une certaine intelligence, de l'argent ou... rien de tout ça. Pas facile de le mettre en pratique.