mercredi 15 novembre 2017

Réflexe scientifique

Lu ce matin dans le journal « Une nouvelle piste contre les troubles de l’apprentissage ». On y parle des réflexes archaïques. Une musicienne française ayant suivi une formation de naturopathe (eh oui, vachement scientifique tout ça), Agnès Canu, y est interviewée. Elle vient en Belgique donner des formations de « rhytmic movment training (RMT)» à des psychiatres, logopèdes, psychomotriciens, ostéopathes, chiropracteurs, enseignants. Lundi, elle a rencontré des chefs d’établissements scolaires. La conférence qu’elle donne ce soir à Mons est complète.


J’incite les professionnels sérieux et les familles à lire ce qu’en pense l’INSERM dans son expertise collective « Dyslexie, Dysorthographie, Dyscalculie : Bilan des données scientifiques » (2007). Extrait du Chapitre 23 : Traitements et méthodes de rééducation de la dyslexie.


« Rééducation des réflexes archaïques


Il a été suggéré qu’il y aurait un lien causal entre la persistance des réflexes archaïques et les troubles d’apprentissage (Morrison, 1985).

Les réflexes archaïques sont des réflexes présents à la naissance qui peuvent être essentiels à la survie du nourrisson (par exemple la succion), mais qui disparaissent ou évoluent avec le développement cérébral au cours de la première année de vie.

Plusieurs dizaines de réflexes archaïques ont été décrits. La persistance de tels réflexes au-delà de 12 mois peut indiquer une atteinte neurologique et des troubles moteurs (Holt, 1991).

McPhillips et Sheehy (2004) ont évalué la persistance d’un réflexe archaïque particulier (le réflexe tonique asymétrique du cou) au sein d’un échantillon représentatif de 409 enfants âgés de 9 à 10 ans, en comparant en particulier les enfants se situant au-dessous du 10e centile en lecture (mauvais lecteurs), à ceux des 10 % médians et à ceux situés au-dessus du 90e centile.

Ils ont observé que la persistance maximale du réflexe était observée chez 17 % des enfants mauvais lecteurs, et chez aucun des enfants des deux autres groupes. Au sein du groupe de mauvais lecteurs, ceux qui répondaient à un critère diagnostique de la dyslexie présentaient une fréquence plus élevée (60 %) de persistance du réflexe tonique asymétrique du cou, mais ce n’était pas le cas pour les quelques dyslexiques présents dans le groupe médian.

Ainsi, les auteurs suggèrent que la persistance de réflexes archaïques pourrait être associée à la dyslexie (McPhillips et Sheehy, 2004).


Sur la base de cette observation, McPhillips et coll. (2000) ont effectué un essai clinique contrôlé randomisé en double aveugle d’un traitement consistant à répéter régulièrement des mouvements liés à quatre réflexes archaïques, de manière à faire disparaître ces réflexes.

Le groupe placebo répétait des mouvements similaires mais ne présentant aucun lien avec des réflexes archaïques, et il y avait également un groupe témoin ne subissant aucun traitement.

Le critère d’inclusion des enfants dans cet essai était à la fois d’être dyslexique (selon un critère pré-établi) et de présenter une persistance du réflexe tonique asymétrique du cou. Les auteurs ont observé une réduction du réflexe tonique asymétrique du cou et des progrès significatifs en lecture chez le groupe expérimental par rapport au groupe placebo.


Bien entendu, la focalisation de l’étude sur des enfants dyslexiques présentant une persistance de réflexes archaïques n’autorise pas de généralisation à l’ensemble des enfants dyslexiques, et la prévalence de la persistance de réflexes archaïques demanderait à être confirmée.

On peut également s’interroger sur la nature de l’effet observé. En l’absence d’hypothèse précise sur le lien entre réflexes archaïques et lecture, il semble plausible qu’il s’agisse d’un effet indirect.

Par exemple, si les enfants présentant une persistance de réflexes archaïques souffrent de troubles moteurs, et que le traitement proposé améliore la motricité, il peut s’ensuivre un gain de confiance et d’estime de soi qui change l’attitude et les performances de l’enfant dans de multiples domaines scolaires et extra-scolaires, entre autres la lecture.

Dans ce cas, on en conclura que le traitement des réflexes archaïques n’est pas un traitement des troubles de lecture en tant que tels, mais des troubles moteurs ou d’autres symptômes associés à la dyslexie.

Dans l’état actuel de l’art, les données disponibles sont insuffisantes pour répondre à ces questions. »





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