lundi 23 mai 2016

Français en situation de handicap : Big Brother vous surveille

Trois délibérations de la Cnil autorisent les traitements de données à caractère personnel dans le champ social

Voilà qui est grave, et pour plusieurs raisons. Relevons plus particulièrement celles qui sont directement liées au dossier des Français de Belgique :
Dans la circulaire visant à limiter les départs non souhaités de personnes handicapées françaises en Belgique, il y avait le transfert des dossiers des personnes sans leur assentiment ou celui de leurs responsables légaux à toutes les administrations concernées…
Le courrier collectif des associations en date du 10 février dernier (auquel aucune réponse n’a été fournie à ce jour du 23 mai !) demandait à ce que l’accord des personnes et/ou des responsables légaux soit un préalable à cette transmission.

Car il y a beaucoup de familles « fuyant » en Belgique* pour échapper aux signalements abusifs à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) dus à la pression psychanalytique, notamment en ce qui concerne l’autisme…

Si les dossiers commencent à circuler aussi facilement, on peut se faire beaucoup de souci. Ces délibérations de la CNIL viennent à point pour le gouvernement et sa circulaire « politiquement correcte » visant à limiter « l’exil en Belgique », mais aussi, hélas ! à point pour les services harceleurs de familles d’enfants handicapés (Dommages collatéraux).

D’ailleurs, les informations préoccupantes s’ajoutent aux cas particuliers exclus de l’autorisation !



Extraits de l’article de Localtis :

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) publie simultanément trois délibérations importantes, portant autorisation unique de traitements de données à caractère personnel dans le champ social et médicosocial. Ces délibérations couvrent trois domaines : les personnes âgées et les personnes handicapées, la lutte contre l'exclusion et l'insertion, la prévention et la protection de l'enfance. […]

Une décision unique pour couvrir tous les traitements
Ces trois délibérations s'appuient sur l'article 25-II de la loi du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, qui permet à la Cnil d'autoriser, par une décision unique, "les traitements qui répondent à une même finalité, portent sur des catégories de données identiques et ont les mêmes destinataires ou catégories de destinataires". Relèvent de cette définition "les seuls traitements automatisés comportant des données relatives aux appréciations sur les difficultés sociales mis en œuvre par les établissements et services" intervenant dans le cadre du secteur concerné.

Dans ce cas, le responsable de chaque traitement n'a pas besoin d'établir une demande d'autorisation spécifique, mais adresse à la CNIL un engagement de conformité à la description figurant dans l'autorisation (autrement dit dans les trois délibérations).

[…] S'y ajoutent quelques cas particuliers, comme les traitements destinés à la gestion des informations préoccupantes relatives à l'enfance en danger - qui font par ailleurs l'objet d'une autorisation unique spécifique - ou ceux relatifs aux situations de maltraitance des personnes âgées ou handicapées.

Autorisation unique ne vaut pas blanc-seing
L'autorisation unique donnée par la Cnil n'a rien d'un blanc-seing. Les trois délibérations posent en effet un certain nombre de règles à respecter. Elles précisent ainsi les finalités des traitements mis en œuvre.

On y retrouve un certain nombre de constantes, communes aux trois secteurs : gestion administrative des personnes, "saisie des problématiques identifiées dans le cadre de l'évaluation sociale et médicosociale", élaboration et suivi du projet personnalisé d'accompagnement, échange et partage entre les intervenants sociaux, médicaux et paramédicaux des informations "strictement nécessaires permettant de garantir la coordination et la continuité de l'accompagnement et du suivi des personne", gestion de demandes d'attribution de places en établissements et services, gestion des demandes d'aides sociales...

Les délibérations listent également les données - assez étendues - qui peuvent être collectées et traitées. 

[…] Chaque délibération donne une liste des destinataires potentiels des informations recueillies. Celle-ci comprend notamment les personnels des établissements et services concernés, les professionnels participant à la prise en charge, les organismes instructeurs et payeurs de prestations sociales... 

Enfin, des derniers articles des délibérations traitent respectivement de l'information et du droit des personnes (droit d'accès et de rectification), des mesures de sécurité et du cas, très particulier, du transfert de données à caractère personnel à destination d'un pays tiers à l'Espace économique européen.

PS : Je crois aussi, que sous couvert de lutte contre le terrorisme, on accède à un flicage gigantesque, qui par rebond, va peser sur les populations les plus fragiles.
Voir cet extrait :
« Les délibérations précisent aussi différents points délicats. Ainsi, il est, par exemple, possible de collecter la nationalité du bénéficiaire (sous la forme Français/UE/hors UE) et les documents prouvant la régularité de son séjour en France, "dès lors que le bénéfice de l'aide ou la prestation sollicitée est soumis à une condition de régularité du séjour". »

Délibération n° 2016-094 du 14 avril 2016 portant autorisation unique de traitements de données à caractère personnel mis en œuvre dans le cadre de l'accueil, l'hébergement, l'accompagnement et le suivi des personnes handicapées et des personnes âgées.

Délibération n° 2016-095 du 14 avril 2016 portant autorisation unique de traitements de données à caractère personnel mis en œuvre dans le cadre de l'accueil, l'orientation, l'accompagnement et le suivi social des personnes.

Délibération n° 2016-096 du 14 avril 2016 portant autorisation unique de traitements de données à caractère personnel mis en œuvre dans le cadre de la prévention et de la protection de l'enfance.

*La Belgique a une longue tradition d’accueil des réfugiés français : Hugo, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud… En ce pays, il n’y a pas que des exilés fiscaux, loin de là !




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