vendredi 1 février 2013

Nuit et brouillard


Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces linges mouillés
Qui déchiraient l’espoir de leurs cœurs battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

On les croyait des enfants, ils n´étaient que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la décision tombe il ne reste qu´une ombre
Ils devaient être exilés de la société

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de clés, d´arrêts et de départs
Qui n´en finissent pas de distiller l´espoir

Ils s´appelaient Jérôme, Emilienne ou Thibault
Certains parlaient, certains à leur façon
D´autres ne parlaient pas, mais qu´importent les mots
Ils auraient du avoir droit à l’éducation

Ils n´arrivaient pas tous à la fin de leur âge
Arrivés ou pas, tous à l’enfer condamnés
On les a ignorés, oublié ces images
D’enfants ligotés, d’enfants enfermés

Les médecins se drapaient dans leurs certitudes
La France se taisait comme vous vous taisiez
En regardant ailleurs, avec désinvolture
Vous faisiez plus cas d’animaux martyrisés


Si l’on me dit un jour que ces mots n´ont plus cours
Qu´il vaut mieux ne chanter que des chansons d´amour
Que les larmes sèchent vite en entrant dans l´histoire
Et qu´il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui sera de taille à pouvoir m´arrêter ?
Si l'ombre se fait humaine, si revient l´été
Je twisterais les mots s´il fallait les twister
Pour qu´un jour les enfants sachent qui vous étiez


Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces linges mouillés
Qui déchiraient l’espoir de leurs cœurs battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

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