samedi 12 janvier 2013

Une journée comme une autre


Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager un instant de vécu de mon amie Nathalie, atteinte du syndrome d’Asperger comme sa fille :

"Hier au Starbucks, alors que je lisais le livre de Josef Schovanec  et que je riais aux éclats à certains passages...une dame qui était assise à coté de moi me demande si le livre est bien. Je lui réponds qu'il est excellent. 

Elle me dit immédiatement qu'elle l'a vu dans une émission et qu'elle l'a trouvé très touchant, très impressionnant et ajoute "ma fille, je crois qu'elle est autiste aussi" et là elle commence son couplet sur la "maladie"...je lui dis "non ce n'est pas une maladie...c'est une différence d'organisation cérébrale"...et je lui dis que je suis également aspie. 

Elle est surprise, mais commence à me dire "mais vous êtes handicapée, vous percevez une allocation, vous ne pouvez pas travailler"...je lui dis que je suis maman d'une jeune fille de 15 ans et que j'élève seule, que je n'ai pas d'allocation pour moi mais pour elle car, elle, on l'empêche d'être scolarisée normalement...bref, ni une ni deux, la dame me parle de psychanalyse....et là je sens que la pression monte, monte doucement...et je lui explique ce qu'est l'autisme, que c'est génétique et neurobiologique, et elle me demande "ah ce n'est donc pas la faute de la mère, n'est ce pas ?"

Je lui dis "pourquoi y aurait il une faute quelque part ? Et pourquoi la mère ? Pourquoi pas le chat, le chien, la grand mère, l'oncle ou même les psychanalystes stupides ?" Et là, mouvement de recul comme si je l'avais giflée, elle me dit "aaaah mais tous les psychanalystes ne sont pas ainsi....mais je me demandais si...." et voyant que je me replonge dans mon livre elle me laisse lire...puis un moment donné je me remets à sourire puis à m’esclaffer, mais bon, normal, c'était un passage où Josef parlait des anciens internes et qu'on pouvait se demander si ce n'était pas d'anciens internés des hôpitaux et qu'en fait il était plus probable que cela soit le cas....et je me faisais la réflexion que c'est ce que j'avais toujours pensé au sujet des psychiatres entres autres. 




Me voyant rire, elle me demande "vous ne prenez pas de traitement euphorisant au moins...vous avez réellement plaisir à le lire ?" Moi je réponds "non je ne prends aucun traitement, je ne suis pas malade je suis autiste !" et là je pense "ah la pauvre, devoir réprimer un plaisir et rire aux éclats, elle ne doit même pas savoir ce que c'est... il faut vraiment être une psykk frustrée et perverse pour avoir des idées aussi tordues !" Mais pourquoi les gens ne peuvent ils pas rire ostensiblement ni se faire plaisir ?" 

On parle de grilles de diagnostic, tente de me faire croire que ça ne repose sur rien...je lui explique que ça doit sûrement la dépasser mais que je compatis vis à vis de sa fille...si elle est réellement autiste elle doit souffrir de ne pas être comprise...elle tente de récupérer en me disant "justement, est ce qu'elle ne serait pas plutôt bipolaire...mais l'autisme et la bipolarité...c'est la même chose finalement ?" 

Je lui réponds que si elle croit ça c'est qu'elle n'a aucune compétence en matière psychiatrique ni neurologique...ni génétique d'ailleurs...et là je me lève je lui dis que je dois aller chercher ma fille au collège...et je lui dis que je souhaite que sa fille s'en sorte...et je lui dis "la psychanalyse, ça c'est une belle maladie !" Hihihihi !"

2 commentaires:

Ornithorynque consterné a dit…

Très intéressant ! La Nathalie en question n'a-t-elle pas un nom qui commence par R et finit en C, par hasard ? ^^

Isabelle Resplendino a dit…

Es-tu devin Orithorynque :) ?