mardi 20 novembre 2012

Quand Philippe Val traite de fascistes les contradicteurs de la psychanalyse


Passé maître dans l'art de l'invective creuse et méchante, Philippe Val, ex-patron de Charlie Hebdo promu à la direction de France Inter par l'ex-président français Sarkozy, a sobrement qualifié de... fascistes les éminents auteurs du Livre noir de la psychanalyse. Le Belge Jacques Van Rillaer (UCL), un des principaux contributeurs de l'ouvrage, en a vu d'autres, mais rarement d'aussi violentes.




La sentence du « Torquemada de Radio France » est tombée comme une plate évidence, sur les ondes de la radio qu'il dirige, alors qu'il tentait de justifier la teneur un brin laudative de la journée spéciale Freud du 9 novembre dernier, sur France Inter : « Le Livre noir de la psychanalyse, un livre d'ailleurs à tonalité… Avec des auteurs, disons, assez louches, plutôt marqués à l'extrême droite, et une extrême droite qui ne sent pas toujours très bon, mais apparemment, ça n'a choqué personne ».

La sortie — ultra-nuancée ! — de Val n'en restera peut-être pas là : l'avocat des éditions Les Arènes, qui ont publié l'ouvrage en 2005, envisage une action judiciaire.

Jacques Van Rillaer, lui, ne revient toujours pas de l'aplomb de Val : « Je le mets au défi d'identifier quoi que ce soit dans le livre qui soit susceptible de nous assimiler à des fascistes ! Tant l'éditeur que les auteurs, en particulier l'historien Mikkel Borch-Jacobsen, se situent tous à gauche. Il est évident que Val n'a pas ouvert le livre et se contente d'ânonner les accusations à l'emporte-pièce de la psychanalyste Elisabeth Roudinesco Source de bien des légendes freudiennes, elle avait été jusqu'à parler de livre "antisémite" ! ».

Le professeur Van Rillaer s'amuse de la faiblesse de l'argument ad hominem de Val… « Notre approche scientifique serait fausse sous prétexte que nous serions fascistes Cela me rappelle un commentaire du philosophe Bertrand Russell à propos de Hitler, qui assurait que la théorie de la relativité d'Einstein était nécessairement mauvaise puisqu'elle émanait d'un Juif ».

RICARDO GUTIÉRREZ, « Le Soir »