lundi 27 août 2012

La Flamme de trop, la Nuit de Fer ?


JF le démocrate me tague sur un tragique fait divers : l’immolation d’un homme désespéré, au bout du rouleau, qui a vu l’attribution de son RSA repoussée.

La question de JF est la suivante : Pensez-vous que le gouvernement devrait faire toute transparence sur l'histoire de cet homme qui s'est immolé par le feu au sein du hall d'une CAF?

Ma réponse est évidente et positive. Même, cette mort ne doit pas être inutile puisqu’elle a mis tragiquement en lumière l’inhumanité d’une administration poussée par tous les moyens à couper les vivres aux plus démunis pour économiser des bouts de chandelle. Si le changement c’est maintenant, on ne demande pas une loi pour un fait divers comme le faisait le gouvernement précédent, mais on demande des procédures simples, logiques et humaines.




Quant aux sombres abrutis qui ont osé parler de fraude à propos de cet acte, qu’ils aillent donc regarder les milliards que nous coûte chaque année le travail au noir, ces patrons esclavagistes qui se livrent à la traite d’êtres humains illégaux (ou pas) sur le territoire, dans le bâtiment, la restauration, l’hôtellerie, les services d’entretien… avec droit de cuissage en prime et sécurité aléatoire.

Le problème de fond est la paupérisation de la population. Cela peut nous arriver à tous de perdre notre emploi, notre situation. Cet homme sacrifié, c’est nous. Ne l’oubliez jamais.




Quand un pays n’a plus de quoi nourrir ses enfants, qu’il déporte ses personnes handicapées à l’étranger parce qu’il ne sait pas s’en occuper, et qu’il coupe les vivres, en partie ou totalement à ces mêmes personnes, cela rappelle les heures les plus sombres de notre histoire. Pourtant, nous en sommes là.

Sous le quinquennat précédent, la taxe professionnelle fut supprimée. Cela partait de l’intention louable de soulager les entreprises pour favoriser l’emploi. (Mais l’emploi dégringola). Les collectivités locales et territoriales qui s’étaient trouvées sans les recettes de la taxe professionnelle (50 % de leurs revenus) étaient de plus en plus à la peine, le désengagement de l’État sur beaucoup de secteurs leur attribuant toujours plus de charges. Les départements ne peuvent plus payer convenablement les établissements belges accueillant les personnes handicapées. D’autres établissements, financés par les Caisses Primaires d’Assurance Maladie se trouvent dans la même situation, au point où en est la Sécu française.

Et bien on en arrive au jour où un directeur d’établissement vous dit « Heureusement qu’il y a quelques pensionnaires plus valides, car je leur fais cultiver un potager et entretenir une basse-cour. Ainsi, je peux les nourrir. » Ça c’est pour ceux qui se sacrifient. D’autres ont dû fermer leurs portes pour raisons financières. D’autres ne renouvellent pas la prise en charge de leurs pensionnaires dont l’organisme est trop mauvais payeur. Retour à la maison ou à l’hôpital psychiatrique en France.

Je vous rassure : les associations dont je fais partie ont alerté les autorités de tutelle. Nous sommes en train de collaborer pour résoudre ces problèmes, mais quand même… Toutes ces histoires sont des signes funestes pour notre avenir.

Et qu’arrivera-t-il si le gouvernement Hollande échoue ? Le retour de l’UMP ? Pas certain, même si l’électeur est connu pour ne pas avoir de mémoire, ces alternances droite/gauche qui l’ont à chaque fois déçu risque d’être arrivées au cycle de trop. Et si… et si…  en 2017… c’était Marine Le Pen qui était élue ? Est-ce que toute cette misère, le terreau de l’extrême-droite dans l’histoire, amenait la consécration brune ? La misère amène la hausse de la délinquance, la désignation de boucs émissaires, et le recours à la manière forte. 




Le Centre exsangue n’incarne plus depuis 2009 le recours à la 3e voie. La baudruche Europe-Écologie-Les-Verts s’est dégonflée. Mélenchon ne sert qu’à donner des sensations fortes aux bobos, comme les enfants qui adorent regarder le "Muppet Show". Cela lui suffira peut-être pour faire une belle carrière politique personnelle, mais pas aux premières loges ni aux rênes.

Non, le gouvernement Hollande ne doit pas se planter. Que vous soyez de gauche, du centre ou de droite, ce n’est pas à espérer.

Mais n'attendrions-nous pas trop des pouvoirs politiques ? Et si... Et si... demain, les citoyens prenaient eux-mêmes leur destinée en mains, organisés en réseaux puissants qui sauraient peser sur les décisions ?

Pour cela, il faudra apprendre la solidarité... ce n'est pas gagné, quand on voit qu'au bout de 222 ans que nous proclamons ces mots, nous ne savons toujours rien de la signification de "Liberté, Égalité, Fraternité".









4 commentaires:

Françoise Boulanger a dit…

La solidarité c'est justement ce que nous a proposé un certain... François Bayrou, Isabelle.
Mais peu importe l'étiquette en effet, nous sommes tous interdépendants.

Isabelle Resplendino a dit…

Bonsoir Françoise,

Une précision à propos de mon billet :

Mon petit coup de gueule sur les "sombres abrutis" qui ont parlé de fraude était pour les gens qui ont osé prétendre qu'ainsi il y avait un fraudeur de moins.

On verra si ces trolls feraient autant les fanfarons s'ils se retrouvaient au chomdu.

JF le démocrate a dit…

Merci Isabelle d'avoir répondu au tag.

Je crois que tu as bien raison sur une chose en particulier: c'est que tout le monde peut se retrouver dans une situation de précarité un jour ou l'autre. Ce qui est arrivé à cet homme, d'origine tunisienne qui plus est - ce qui peut exciter certains -, peut aussi arriver à d'autres. Peut arriver à tout le monde d'ailleurs, sauf à avoir un carnet d'adresses aussi long que le bras. Mais le grand problème, c'est que finalement on ne sait rien de la situation de cet homme... Puisque personne ne veut parler... Et c'est peut-être ça le pire d'ailleurs, ce mutisme assourdissant qui fait qu'on préfère cacher la poussière sous le paillasson plutôt que de communiquer.

Personnellement, depuis quelques années, j'ai vu énormément de personnes frauder - y compris parmi des proches -, avec des fraudes de toute sorte: fraude aux URSSAF, fraude à la sécurité sociale, fraude aux impôts... Fraude aux assurances parfois aussi. Il y a peut-être, il y a sans doute même, des fraudes à la CAF, mais les gens que je côtoie ne sont généralement pas dans le besoin, ce qui fait que je connais assez peu ce domaine.

Comme je l'ai écrit sur un autre blog, toute fraude doit être combattue, il ne faut pas que la France devienne un pays comme la Grèce. Mais en revanche, avant de "condamner" quelqu'un il faut être sûr qu'il y a bien eu fraude. C'est un minimum.

Isabelle Resplendino a dit…

Oui, JF, bien sûr que toute fraude est condamnable, mais il y a carrément deux poids deux mesures, hélas.

J'enjoins aussi le lecteur qui vient ce perdre ici à lire cet article qui revèle quelques dures réalités sur l'impitoyable machine administrative à économies de bouts de chandelle :

http://www.marianne2.fr/SlovarMarianne/Chomeurs-La-radiation-ca-peut-etre-simple-comme-un-coup-de-fil-manque-_a49.html

Alors, peut-être cet homme avait d'autres problèmes, mais tant d'ignominie, ça peut suffir largement pour tuer.