mercredi 8 décembre 2010

Pizza de PISA (1)

À peine sortie de mon travail de forçat (hier c'était l'enfer) le temps de souffler un peu (30 secondes)...

Et voilà que César me tague sur un sujet auquel je ne peux résister... Je vais essayer de mettre de l'ordre dans mes idées, être sur une bécane de 5h du matin à 1h du matin le lendemain fait qu'elles risquent de ne pas être claires, et pour leur tri c'est pas top.

Alors il faut dire ce qu'on pense de ses propositions pour remettre l'école sur les rails.

a) Réaffecter tous les moyens alloués à ce qui ne sert à rien : Mille fois oui.

César les énumère :

Formation continue des enseignants. Je dirais que l'important, c'est déjà une bonne formation à la base avec, j'insiste, une année de spécialisation pour savoir s'occuper des élèves à besoins éducatifs particuliers. Bon, c'est vrai qu'ensuite, il faut quand même se mettre à jour de temps en temps. Mais c'est vrai aussi qu'il y a des formations... on se demande à quoi elles servent ! Par contre, il y en a qui valent le coup ! Enfin, moi je parle d'expérience belge. Et, dans le domaine des besoins éducatifs spécialisés, ben la formation continue appropriée, bien faite et bien suivie est indispensable. Je répondrai donc oui et non à cette proposition. Sans compter que pour ceux qui enseignent déjà et veulent faire une spécialisation, à moins d'avoir une machine à remonter le temps, va leur falloir la suivre en cours du soir, ici c'est en 2 ou 3 ans je crois.

Inutile aussi selon César, l'éducation civique. Ici, en Belgique, les enfants ont, au choix, soit des cours de religion (catholique, juive ou musulmane ) soit de morale non religieuse, qui s'apparentent en fait plus à des leçons d'altruisme et de réflexion sur l'actualité pour la morale et sont assez fortes culturellement pour la religion (avec des notions des autres religions, de géographie, d'histoire)... Je ne connais pas le programme français à ce sujet, mais le belge est très bien, de ce que je vois avec mon fils. Je ne peux donc pas répondre à cette proposition.

Pour la découverte professionnelle, César nous entretient du bon niveau des troisièmes techniques et professionnelles. En Belgique, la scolarité est obligatoire jusqu'à 18 ans. Quel patron embaucherait un mineur ? Donc nous essayons en fait de prolonger le tronc commun le plus possible. Il y a en plus, comme dans beaucoup de pays, 6 années de primaire. Personnellement, étant née en décembre, j'avais 13 ans à mon entrée en troisième, et je pense que c'était trop jeune pour apprendre un métier. Mais d'autres élèves ayant redoublé une ou plusieurs fois étaient évidemment dans une situation différente.

b) Garantir à chaque établissement scolaire les moyens de mettre en place la remédiation pour les plus faibles (RASED et aide individualisée massive dans les écoles primaires).  Encore mille fois oui, l'aide individualisée c'est le principe de l'école inclusive, et les RASED emploient, en grande partie, le même personnel. Justement, j'ai écrit deux notes qu'on m'a demandé à ces deux sujets, et elles étaient très liées. César, je t'envoie ça, je pense que ça va t'intéresser. Plus de langues aussi demande notre cher hérétique. Oui oui oui. Niveau catastrophique en France. J'avais déjà commenté à ce sujet sur un de tes articles : une question d'oreille ? 

c) Laisser une liberté totale d'utilisation de ses fonds et de sa dotation horaire. Pour les horaires, une souplesse est nécessaire en effet, on doit pouvoir s'adapter à la situation, je l'ai vu lorsque j'ai écrit un projet de reportage sur une école primaire : le scientifique qui suivait l'expérience trouvait que l'emploi du temps de mon fils était trop vague, et en voulait un plus détaillé. Or, le directeur de l'école n'a pas pu m'en donner : c'est impossible de s'en tenir à un horaire très fixe, les évènements peuvent bousculer ces horaires. Nous avons donc renoncé à un tableau d'emploi du temps dans le projet.
Pour les fonds, par contre... Tu fais confiance si facilement, César ? Moi, pas : j'en ai vu de trop belles ! Je te raconterai un jour... Mais je crois plutôt que je me trompe, et qu'en langage scolaire français cela a un autre sens que celui auquel je pense ?

Générer des groupes de travaux verticaux (en ne tenant pas compte de la classe), par exemple en langues vivantes : cela peut être une bonne idée, à tenter en tous cas, mais... peut-être pas pour tous les enfants, je vois ça assez difficilement dans une classe inclusive par exemple, où on a déjà une tendance verticale quelque part, finalement.

d) En finir avec les évaluations bidons. Il ne doit plus s'agir de déterminer la compétence d'un élève, mais son niveau d'entrée dans un établissement,et son niveau de sortie. Tiens, c'est un peu dans la même veine de ce que je viens de suggérer à un scientifique québécois de l'école inclusive : je voulais avoir les chiffres tout simples, la progression des notes chez les élèves "ordinaires" avant/pendant/après l'inclusion et par rapport à une classe de même niveau mais complètement "ordinaire" - car on sait que l'inclusion est bénéfique à tous les élèves, mais les évaluations connues ne reprennent pas ces simples chiffres. Et il est encore en train de chercher à l'heure qu'il est... Toutefois, il m'a conseillé un livre là-dessus, un passage précis, mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire. Et je suis là, en train de bloguer...


À suivre, pourtant, le communiqué de la Ligue des droits de l'enfant en Belgique sur le classement PISA. Je parie que tu auras quelques objections à soulever, si tu le lis César, mais c'est grâce à la Ligue que nous avons déjà tant avancé au niveau de l'inclusif. Des passionnés, il en faut, ce sont eux qui font avancer le monde, et même si je ne suis pas toujours d'accord à 100 % avec le Président de la Ligue, Jean-Pierre Coenen, son engagement total est nécessaire pour faire bouger les murs qui emprisonnent nos enfants.




3 commentaires:

Mirabelle a dit…

ouah ! tu fais technique ! on voit que tu le bosses ce sujet ... félicitations ...
Tu sais, il y a quelques jours je pensais à toi car j'ai un chaton assez handicapé et je le voyais jouer avec les autres comme si de rien n'était ... et le petit bout malgré son handicap, il était totalement inclus dans le groupe des autres ... j'ai pensé que vraiment les animaux sont plus "humains" que nous !

Mirabelle a dit…

ouah ! tu as fais technique ! on voit que tu bosses sur le sujet, félicitations !
Tu sais, je pensais à toi il y a quelques jours, lorsque j'admirais un de mes chatons assez handicapé jouer avec ses petits copains ... malgré son handicap il était totalement inclus dans le groupe des autres qui le traitaient en égal et lui faisaient autant de câlins ... j'ai pensé alors que les animaux sont parfois plus "humains" que nous !

Isabelle Resplendino a dit…

Merci Mira,

M'étant aperçue que le tag était de répondre aux questions de César, et comme je suis dans la "technique" des besoins éducatifs particuliers toute l'année, forcément... Néanmoins, je n'ai pas pu donner un avis tranché à toutes les suggestions.

Oui les animaux nous donnent souvent des leçons.
Les humains ont beaucoup à apprendre d'eux. C'est très beau l'anecdote que tu racontes là, c'est révélateur et je trouve que c'est d'une grande portée philosophique. À retenir.