lundi 18 octobre 2010

Plus que quelques semaines

La féline me tague sur un sujet auquel nous avons sans doute tous pensé, un jour ou l'autre :

"Et s'il ne vous restait plus que quelques semaines à vivre, que feriez-vous ?"

Je pense alors à mon cher frère, disparu à l'aube de ses 44 ans, il y aura déjà 6 ans en mars. Car il avait toujours su qu'il mourrait jeune. De santé fragile, atteint probablement par cette saloperie de syndrome rare qui nous bouffe les articulations à mon fils et à moi, le collagène de ses poumons était également touché et il souffrait d'une sorte d'asthme atypique. Ayant plusieurs fois frôlé la mort, il fallait lui éviter tout facteur de stress... Ceux qui l'ont provoqué ce jour-là savaient pourtant ce qu'ils risquaient de faire. Ils l'ont fait.

Mais je me rappelle comme il était joyeux, tout le temps, tout le temps. Il riait, se moquait de tout et de tous gentiment et savait nous faire rire comme personne. Il savait qu'il allait mourir, alors il passait son temps à apporter ainsi du bonheur aux gens. Il a bien rempli sa mission. Depuis, je ne sais ce qui s'est passé, si une parcelle de son âme s'est installée en moi, mais j'ai attrapé cette manie de faire de l'humour, je choque parfois les bien-pensants, mais c'est ainsi. Je ne fais aucun effort pour perdre cette manie, bien que je ne la force pas, c'est ma manière de lui rendre hommage respectueusement. (Il faut aussi dire qu'en Belgique, on pratique l'autodérision et je suis quelqu'un qui s'intègre tout naturellement).

La dernière fois qu'on s'était parlés par webcam, très peu de temps avant, mon frère m'avait fait beaucoup rire, c'est la dernière image que je garde de lui, et, comme dit la chanson, "elle est belle comme le souvenir au milieu d'un chagrin".

Donc, voilà une chose que je ferai, de l'humour.

Bien sûr, il est évident que je laisserai plein de recommandations à mon cher mari pour qu'il puisse s'occuper de notre fils et de notre ménagerie (2 boxers, 2 teckels et une chatte).

Mais aussi, je ferai un peu comme cette maman dont je vais vous raconter l'histoire qui a fait l'actualité en Angleterre :

Gemma Hoog a 31 ans et elle va mourir d'ici un an, au plus tard. Elle doit utiliser le peu de temps qui lui reste à organiser son départ et préparer ses trois enfants à vivre sans leur maman.

La jeune femme s'emploie à rédiger ce qui sera son testament d'amour : un journal à l'attention de son mari dans lequel elle note mille petites recommandations, des conseils d'éducation mêlés de détails pratiques, les recettes préférées des enfants, le contenu idéal de leur panier de goûter, l'importance de brosser tous les soirs les longs cheveux de sa fille...

Pour qu'ils sachent que leur maman sera toujours là quand ils auront besoin d'un câlin, Gemma fait imprimer une photo d'elle sur trois coussins - deux bleus et un rose - avec un message : "Pour toutes les fois où vous aurez envie de me serrer très fort dans vos bras." Et elle prépare trois boîtes à souvenirs. Elle y glisse des photos, des cadeaux, une bouteille de son eau de toilette, pour que les enfants se remémorent son parfum, plus un sac de petits cailloux récoltés sur la plage de Brighton, souvenir des jours heureux...

Gemma trouve encore l'énergie d'écrire une carte pour leurs anniversaires jusqu'à leurs 21 ans. Mais les jours fuient, elle sent ses forces l'abandonner. Elle s'accroche pourtant : elle a promis à Thomas de l'accompagner à sa première rentrée des classes, elle ne veut pas le décevoir. Hélas, la maladie galope, le 2 septembre, quatre jours avant la rentrée, la jeune femme doit être hospitalisée. Ce n'est plus qu'une question d'heures. Mais c'est compter sans sa détermination.

Le 6 septembre, elle signe une décharge et quitte l'hôpital, contre l'avis de ses médecins, pour conduire son garçon à l'école. Une ultime bravade face à la maladie qui lui a tout pris.

Épuisée, Gemma Hogg regagne ensuite l'hôpital. Elle est allée au bout d'elle-même, elle peut partir en paix. Elle s'éteint le lendemain, entourée de son mari et de ses enfants bouleversés. Dans la boîte à souvenirs de Thomas, il y a désormais une photo de plus. Celle de sa maman posant avec lui le jour de la rentrée des classes. Ils sourient tous les deux, et leur sourire est gravé pour l'éternité.

P.S. : J'ai pleuré "comme une madeleine" en lisant l'article et encore en tapant ce billet... Ah Minou, ne te mords pas les griffes de m'avoir fait pleurer, car, selon la citation attribuée à Malcom de Chazal, les pleurs sont la lessive de l'âme.

Article LND n°1464 - Photo tlife.gr








5 commentaires:

Mirabelle a dit…

merci, pour ce billet tout en sensibilité ... l'autodérision est effectivement ce qui manque aux français qui se prennent bien trop au sérieux ... tu n'as tagué personne, cette chaîne ne nous survivra pas :) !
bises

Isabelle Resplendino a dit…

C'est vrai... je ne voyais à tagger que des personnes qui auraient été trop tristes avec un tel sujet.
Mais rien n'empêche que quelqu'un ait envie de reprendre la chaîne sans qu'on lui demande !

Bises à toi aussi

Isabelle Resplendino a dit…

Pour tout te dire, au début j'étais tellement émue que j'avais oublié de relancer la chaîne.
Puis j'ai voulu et j'ai eu des scrupules.
Je crois que c'est à cause de cela que la plupart des tagués sont venus simplement commenter sur ton article.
Pourtant, c'est un sujet fondamental. Trop peut-être ?

Mirabelle a dit…

oui, je pense qu'il a fait fuir ...
c'est dire le travail qu'il y a à faire sur ce thème !
snif ... pour une fois que je lançais une chaîne ! :)

Isabelle Resplendino a dit…

C'est dommage ! Mais parfois j'ai des idées de chaîne et j'y renonce...
ça me donne une idée !