vendredi 25 juin 2010

Perquisition jusque dans la tombe d'un archevêque

À l'instar du Pape en sa prise de conscience, Le clergé belge se réveille.

Il y a eu le Mea Culpa et la démission de l'évêque de Bruges.
La police mène aujourd'hui des perquisitions au sein de l'Église belge.

Une de ces perquisitions est même allée, avec marteau-piqueur et caméra, jusqu'à la profanation de la tombe d'un archevêque.

Si la moindre des choses est que la justice soit faite, et que les pédophiles ne soient pas plus à l'abri sous des habits religieux que ceux de n'importe quelle corporation (ou pas de corporation du tout), même une "anti-pédophile viscérale" comme moi est profondément choquée de ces pratiques.

Sur une indication de travaux récents, on profane une tombe, peut-être deux. De dignitaires de l'église, dans la cathédrale de Malines. Même si j'ai perdu la foi il y a fort longtemps, je trouve que, quelque part, ce sont des circonstances aggravantes (ou décisives de l'action, selon ?). Bien sûr, si c'étaient les sépultures de simples quidams, ce serait tout aussi bouleversant (mais sans doute moins retentissant : en aurais-je entendu parler et aurais-je écrit ce billet ?). (Sans présager de mon lectorat question "retentissement", j'évoquais plutôt mon besoin d'écrire).

De plus, s'il y avait VRAIMENT eu des documents compromettants là-dedans, si ces documents avaient permis de résoudre une affaire de pédophilie, d'arrêter un coupable, et quoi ?

En Belgique, les pires actes de pédophilie, même avec séquestration, tortures, actes de barbarie, proxénétisme, etc., ne relèvent que du tribunal correctionnel (du moment qu'il n'y a pas meurtre), et leurs auteurs écopent de peines ridicules*, souvent avec sursis, effectuées au maximum au tiers de la peine ferme. Et encore, quand ils sont condamnés, ce qui n'est pas si souvent le cas.

Vraiment pas de quoi interrompre un repos qui aurait dû être éternel...

*Méfiez-vous que semblables dispositions ne soient pas prises en France, attention à la réforme que nous concocte MAM !

Image : Cathédrale de Malines.








3 commentaires:

Françoise Boulanger a dit…

Hier déjà j'étais venue te lire Luciole mais n'avais pas le temps de lire les liens. Je viens de le faire.
Il semblerait que l'ouverture partielle des tombes ait été faite sur documents justificatifs sérieux. Il vaut mieux ici, vu l'ampleur de l'affaire, que le doute ait été levé. Tant mieux si la perquisition n'a rien donné de probant !
Tu vois, je suis moins choquée que toi. Je sais comme certaines personnes (se disant catholiques mais qui ne sont que bigotes) peuvent être hypocrites...
J'ai connu moi aussi le cas d'un prêtre reçu en toute confiance par une famille pour un bon mois de vacances et qui s'amusait à faire chercher aux plus petits des objets cachés dans son slip de bain à lui... Cet homme n'a jamais été inquiété (il est mort depuis). S'il avait pu être démasqué, cela aurait rendu service à son entourage.

Il me semble que ce genre d'affaires ne sera plus possible, les prêtres en question se tenant maintenant à carreau. Je crois que le pape a bien fait de frapper fort. C'est un revirement fort de l'église catholique. Une réaction saine et moderne.
Les séminaristes seront enfin sélectionnés sur des critères solides. Parce que des prêtres exceptionnels, de grande valeur, je peux t'assurer que j'en ai connu personnellement au moins cinq.

Isabelle Resplendino a dit…

Merci Françoise pour ton éclairage.

Cependant, la profanation n'a pas été faite sur document, mais d'après un simple témoignage de travaux récents (ce témoignage de parlait pas de dissimulation de preuves à l'intérieur de sépulture). Elle n'a rien donné : il n'y avait donc pas de dossiers compromettant dedans.

Ceci dit, si n'importe quelle profanation de tombe est choquante, il est vrai qu'il y a pafois des raisons compréhensibles. Pas en Belgique pour ce genre de cas : les pédophiles ne risquant pratiment rien en justice, on a profané une tombe pour un "pratiquement rien" qui s'est révélé être un "rien du tout".

Evidemment, cela fait les gros titres car c'était une (ou deux selon les journaux) tombe(s) de cardinal, et dans une cathédrale.

L'affaire de l'exhumation de Montand en son temps pour une histoire d'héritage avait aussi fait couler beaucoup d'encre. L'ADN ne correspondant pas, la mère de la prétendue fille de Montand avait fait faire cela pour rien...

FrédéricLN a dit…

Merci pour ce billet instructif. Je n'avais pas pensé qu'en effet, cette ouverture de tombes aurait sans doute choqué et suscité des protestations, s'il s'était agi de défunts anonymes, simples quidams laïcs.