samedi 29 août 2009

Le Loup devenu Berger (Jean de la Fontaine)


Le Loup devenu Berger


Un Loup qui commençait d'avoir petite part

Aux Brebis de son voisinage,

Crut qu'il fallait s'aider de la peau du Renard

Et faire un nouveau personnage.

Il s'habille en Berger, endosse un hoqueton,

Fait sa houlette d'un bâton,

Sans oublier la Cornemuse.

Pour pousser jusqu'au bout la ruse,

Il aurait volontiers écrit sur son chapeau :

C'est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.

Sa personne étant ainsi faite

Et ses pieds de devant posés sur sa houlette,

Guillot le sycophante approche doucement.

Guillot le vrai Guillot étendu sur l'herbette,

Dormait alors profondément.

Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette.

La plupart des Brebis dormaient pareillement.

L'hypocrite les laissa faire,

Et pour pouvoir mener vers son fort les Brebis

Il voulut ajouter la parole aux habits,

Chose qu'il croyait nécessaire.

Mais cela gâta son affaire,

Il ne put du Pasteur contrefaire la voix.

Le ton dont il parla fit retentir les bois,

Et découvrit tout le mystère.

Chacun se réveille à ce son,

Les Brebis, le Chien, le Garçon.

Le pauvre Loup, dans cet esclandre,

Empêché par son hoqueton,

Ne put ni fuir ni se défendre.

Toujours par quelque endroit, fourbes se laissent prendre.

Quiconque est Loup agisse en Loup :

C'est le plus certain de beaucoup.

6 commentaires:

Isabelle Resplendino a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Isabelle Resplendino a dit…

Merci, Jean de La Fontaine, j’ai bu de ton eau

Et ta fable je n’y ai changé aucun mot.

La luciole s'est transformée en guêpe pour vous changer des scatophaga.

Anonyme a dit…

Y'a-t-il une version : "Le Loup devenu Président de la République" ?

Thy W

Isabelle Resplendino a dit…

Pas encore ! Ce loup-là cherche juste à prendre le max de brebis chez le président de son parti...
Mais c'est une étape pour une très grande carrière, pense-t-il (il croit qu'il est un très gros loup, alors qu'il n'est qu'un petit loulou).
C'est vrai qu'il se rase tous les matins...
Quelle promotion !

ERIC a dit…

eh oui...mais qui est le loup?

Isabelle Resplendino a dit…

C'est dit dans le poème : c'est le sycophante.